Extraits

— Allez, Robert, ne m’oblige pas à te l’arracher. Qui est cette fille ? Je voulais vérifier si tu étais de retour ce matin, et j’ai eu un aperçu de ses cheveux, mais je suis partie. Évidemment.

Sa mère appuya sur la cafetière avec un fort bâillement.

Robert ferma les yeux, prit trois grandes inspirations et jeta les courgettes tranchées dans la poêle. Le son du grésillement agit comme un baume sur ses nerfs. Super, donc elle pensait qu’il avait une copine. Il déglutit et ajouta quelques amandes hachées à la salade qu’il préparait.

— Maman, je suis gay, dit-il en levant les yeux vers elle.

C’était la troisième fois en vingt-quatre heures qu’il l’admettait… alors qu’il ne l’avait jamais dit auparavant. Était-ce un signe de progrès ?

Elle s’arrêta de verser du café et loucha vers lui.

— Hein ? Tu l’as découvert après avoir couché avec une fille ? Je veux dire… quoi ? Tu n’es pas gay.

Robert renifla.

— Maman, je suis gay. Tu n’es pas censé le savoir ? Les mères le savent toujours dans les films.

Elle pencha la tête sur le côté, avec ce regard confus collé sur son visage alors qu’elle sirotait son café.

— Mais… non. Non, je ne l’ai jamais soupçonné. Alors qui est en haut ? demanda-t-elle en pointant le plafond du doigt.

Robert leva les sourcils et mélangea les légumes verts dans la poêle avec une spatule en bois. Il supposait que sa mère ne passait pas assez de temps avec lui pour remarquer les signes.

— Mon petit ami.

Ça la réveilla. Elle écarquilla les yeux.

— Tu as un petit ami ? dit-elle en le regardant comme si elle le voyait pour la première fois de sa vie.

- Hé, ça va ? demanda Robert, en mettant ses mains dans ses poches.

Même s’il méprisait Ethan pour ce qui s’était passé la veille, il était responsable de son état, et il ne pourrait jamais plus se regarder dans une glace s’il niait cette responsabilité.

Il avait été choqué de découvrir à quel point ils étaient heureux d’apprendre qu’il était « le pote » d’Ethan. Les entendre dire qu’ils étaient persuadés que leur fils n’avait pas d’amis était comme un coup de poing dans l’estomac. Robert n’avait jamais voulu que tout cela arrive, il avait simplement voulu taquiner Ethan.

Chris éclata de rire, pour ensuite lever la tête et laisser échapper un hurlement grave et guttural qui pouvait donner la chair de poule dans le noir. Ethan ne trouvait pas ça drôle, et encore moins quand les autres joueurs de football se joignirent à lui, rejetant leur tête en arrière et hurlant si fort que la musique provenant de l’intérieur de la maison se noyait dans leurs voix. Ethan se rapprocha de la porte, mais son sang se glaça lorsque l’un des sportifs se précipita pour lui bloquer le passage de son énorme silhouette.

Il n’était pas prêt à attendre de découvrir ce dont ils étaient réellement capables quand ils étaient ivres. Il n’était peut-être pas aussi en forme qu’eux, mais il n’était pas si nul que ça, alors il fit la première chose qui lui vint à l’esprit.

Il courut.