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- Allons-y.
Curtis tourna la poignée et ouvrit la porte. De l’autre côté, le câble maintenant la connexion se détacha du mastic et de la plaque en métal. La bibliothèque fut instantanément éclairée par une lueur bien trop intense pour des yeux adaptés au manque de lumière. Quelque part dans la maison, une cloche sonnait faiblement.
-Merde !
Curtis pouvait à peine croire ce qu’il venait de faire.
Da Silva resta figé une seconde puis il poussa son partenaire dans la bibliothèque, le suivit et referma la porte de la salle de stockage derrière eux.
- Cachez la lanterne derrière les livres de cette étagère. Dépêchez-vous.
- Ne devrions-nous pas courir ?
— Ne discutez pas.
Da Silva attrapa le câble et le mastic dans l’embrasure de la porte et les mit dans sa poche. Il s’attaqua ensuite à la serrure avec ses tiges métalliques et une minutie exaspérante.
- Enlevez votre pull. Jetez-le sur cette chaise. Maintenant.
Curtis sentit le rouge lui monter aux joues non seulement à cause de la honte mais aussi de la colère qu’il ressentait contre lui-même. Il s’exécuta et remit sa robe de chambre pardessus son torse nu, en suivant les indications déconcertantes de Da Silva. On entendait des bruits de pas précipités se rapprocher. Plusieurs hommes se rapprochaient à grands pas.
- Venez ici. Vite.
Da Silva se redressa et tourna le dos à la porte du bureau. Lorsque Curtis s’approcha, il dit avec insistance :
- Ne me frappez pas ?
- Qu…?
Da Silva plongea les mains sous la robe de chambre de Curtis, l’attira contre lui et l’embrassa sur les lèvres.
Ce dernier n’eut aucune réaction pendant une minute. Son esprit bouillonnait déjà à cause de la précipitation, de la panique, de la colère contre lui-même, de la rage contre son traître d’hôte, l’heure tardive et la confusion. Puis de nouvelles sensations s’y ajoutèrent : une bouche collée à la sienne, une main derrière sa tête lui tirant les cheveux et l’obligeant à pencher vers l’avant, une barbe de quelques jours se frottant à sa peau. Il se figea complètement. Da Silva donna un coup de pied vicieux dans la cheville de Curtis. Celui-ci tomba à moitié et dut prendre appui sur lui. La lumière principale de la pièce s’alluma et irrita ses yeux par son intensité.
Da Silva le repoussa si durement qu’il tituba. Il se retourna et se retrouva face à trois fusils de chasse.
Afficher en entierIl ne savait pas ce qu’il attendait de cet homme, il voulait juste qu’il soit présent. Sa vie loin de l’armée semblait vide de sens, sans avenir, comme s’il se fanait sur une branche. Désormais, bien qu’il ne sût pas ce que l’avenir lui réservait, elle n’était plus vide. Il s’était battu et avait fait l’amour cette semaine. Il avait pris la vie pour en sauver une autre. Tout cela pour l’homme allongé à ses côtés.
Évidemment, Daniel avait raison en ce qui concernait leurs différences de classes sociales mais il avait passé l’année précédente à se laisser dériver entre clubs, réceptions et événements sportifs. Période la plus improductive et inutile de sa vie. Les mondanités, c’était bien, mais Curtis voulait de la compagnie. Plus encore, il voulait Daniel à la peau douce et la langue encore plus tendre. Il voulait briser ses défenses fragiles et protéger cette vulnérabilité qu’il cachait. Il voulait que leur lien s’approfondisse encore et il tressaillit rien qu’en imaginant qu’il puisse se rompre.
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