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J’étais tellement accaparé par mes pensées et ma contemplation lointaine de la ville que je ne regardais pas mon chemin et percutai soudain quelqu’un.
Le jeune homme que je venais de bousculer devait avoir à peu près mon âge. Il était coiffé d’un bonnet noir, assorti à sa tenue, et chargé d’une pile de paquets. Certains tombèrent au sol et je m’accroupis aussitôt pour les ramasser, gêné de ma maladresse et de mon inattention.
Il tendit la main en même temps que moi.
J’eus brusquement l’impression de vivre la scène comme dans un rêve, ou comme si je n’étais plus vraiment dans mon corps. Nos doigts s’effleurèrent et ce simple contact me fit frémir de la tête aux pieds, parce que je n’avais jusqu’alors jamais ressenti cette sorte d’énergie, douce et tiède et enivrante, qui venait de me traverser.
Je levai les yeux et croisai ceux du garçon, d’un gris étonnamment doux, presque de la même teinte que les cieux de cette journée d’hiver. Ils me donnèrent la sensation vertigineuse de plonger dans un nuage. Et surtout, mon cœur se mit à battre beaucoup plus vite.
Cet instant me sembla durer une éternité, jusqu’à ce que je me reprenne. Ce n’était pas très correct de dévisager un inconnu de cette façon.
— Désolé, balbutiai-je.
La rumeur incessante de la foule et de la circulation sembla noyer mes excuses, si bien que je me demandai un instant s’il m’avait entendu. Mes doutes s’envolèrent lorsqu’il me répondit simplement :
— Il n’y a pas de mal.
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