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Le téléphone sonna à cet instant. Je fis un bond, surprise, et me cognai la tête au placard. Je me précipitai dans la cuisine pour répondre à ce tout premier appel dans ma toute nouvelle maison.
— Bonjour, Millie chérie. Alors, comment s’est passée cette première nuit chez toi ? Tout va bien ?
— Salut, maman, répondis-je gaiement en massant mon cuir chevelu douloureux. Tout se passe merveilleusement bien, oui. Et toi, ça va ?
— Euh… oui…
Ce n’était pas un « oui » très convaincu.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Eh bien… c’est Trish.
— Ah !
Evidemment, Trish… Le sempiternel sujet de conversation de la famille…
— Que se passe-t-il ?
J’ouvris le réfrigérateur et considérai la frugalité de son contenu : des oranges, de la crème liquide et de la levure, achetée dans un élan d’enthousiasme pâtissier vite retombé. De toute évidence, j’allais devoir aller faire des courses.
— Trish est chez vous en ce moment ?
— Non, non, elle est toujours dans le New Jersey. Mais c’est aujourd’hui que son divorce est prononcé. Sam vient de nous passer un coup de fil.
— Ah, c’est triste…
Afficher en entier« La voilà, mesdames et messieurs ! Le Dr Millie Barnes remporte le marathon de Boston !
De nouveau, je consultai ma montre. Vingt-huit minutes. Deux kilomètres sept. C’était énorme ! Et je l’avais fait ! Ma respiration mit un moment à se calmer, mais, à la fin, quelle séance d’entraînement ! Puis, au bout d’environ vingt minutes, je me soulevai péniblement de ma chaise et vidai un verre d’eau d’un trait.
C’est alors que je commis la grossière erreur de me regarder dans le miroir en pied. Mon visage était d’un rouge effroyable. Pas rose, non, pas joliment enluminé par le sain exercice physique, pas même tout bêtement rouge. Non, d’un effroyable rouge betterave. Et pas que les pommettes ! Tout le visage, en un seul aplat de couleur ! Mes yeux étaient irrités par la transpiration ; j’avais les lèvres gercées, seule rupture de ton dans le cramoisi de mon visage. Quant à mon T-shirt trempé de sueur, il collait lamentablement à ma peau.
Je pris une douche brûlante dont je fus chassée bien trop vite à mon goût par la faiblesse constitutionnelle de mon chauffe-eau. Tout en me préparant une théière d’infusion verdâtre, je décidai d’appeler ma sœur. Son mariage prenait officiellement fin aujourd’hui et il était de mon devoir d’agir envers elle, euh, comment dire… oui, en sœur. D’un autre côté… Trish m’effrayait un peu. J’entendais encore ses sifflements de fureur contenue lors de la lecture du testament de Gran. Pour sa part, elle avait reçu un legs de quelques milliers de dollars — une misère comparée à la valeur de cette maison. Depuis, je ne l’avais pas revue.
Après avoir farfouillé quelques minutes dans les papiers jonchant mon bureau, je remis la main sur la feuille où était noté son numéro. Composer l’indicatif du New Jersey me provoqua un pincement au cœur. Trish était partie bien loin de chez nous…
Quand j’étais étudiante, je l’appelais assez souvent pour prendre des nouvelles de Danny que j’adorais, mais, dès qu’il avait eu six ou sept ans, Trish, connaissant le véritable motif de mon appel, s’était mise à me le passer directement. Ou bien je m’entretenais avec Sam qui me livrait un compte rendu détaillé des matchs de Danny en Little League, de ses leçons de clarinette, des réunions parents/professeurs… »
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