Extraits

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On ne peut guère reprocher à un Turc champion de boxe poids lourd déambulant dans une rue de Hambourg au bras de sa mère de ne pas remarquer qu’il est suivi par un grand échalas en manteau noir.

Géant débraillé et jovial au large sourire naturel et à la tignasse noire attachée en catogan, Big Melik, comme le surnommaient ses voisins admiratifs, marchait d’un pas désinvolte en occupant la moitié du trottoir à lui tout seul. À vingt ans, c’était une célébrité locale, et pas seulement pour ses prouesses sur le ring : capitaine en titre des juniors de son club de sport islamique, trois fois deuxième au championnat régional d’Allemagne du Nord sur cent mètres papillon et, cerise sur le gâteau, gardien de but vedette de son équipe de football du samedi.

Comme la plupart des géants, il avait plus l’habitude d’être regardé que de regarder lui-même, autre explication au fait que le grand échalas ait réussi à le suivre trois jours et trois nuits durant sans se faire remarquer.

Interrogez-le sur les cas où le recours à la violence est acceptable, il vous répondra que, lorsqu'on parle de terrorisme, il faut distinguer entre une révolte légitime contre un occupant, d'une part, et le terrorisme pur et dur, que nous ne cautionnons pas, d'autre part. La Charte Des Nations Unies autorise la résistance contre l'occupation.

<< Les Tchétchènes sont détestés dans le monde entier, expliqua Leïla à Melik tandis qu'il continuait de manger, tête baissée. Mais pas par nous. Tu m'entends Melik ?

- Bien sûr que je t'entends, maman.

- Tout le monde persécute les Tchétchènes sauf nous, poursuivi-t-elle. C'est normal dans toute la Russie et partout ailleurs. Pas seulement le Tchétchènes, mais tous les musulmans de Russie. Poutine les persécute et Bush l'y encourage. Tant que Poutine appelle ça la guerre contre le terrorisme, il peut faire tout ce qui veut aux Tchétchènes, personne ne l'arrêtera. Pas vrai, Issa ?>>

Cette deuxième rencontre était d'autant moins prévisible que Leïla et Mélik évitaient les mosquées, même modérées et turcophones. Depuis le 11 Septembre, les mosquées de Hambourg étaient devenues des lieux dangereux. Il suffisait de choisir la mauvaise, ou de choisir le mauvais imam, et l'on risquait de se retrouver avec toute sa famille sous surveillance policière à vie. Nul doute que dans presque chaque rangée en prière se trouvait un informateur qui se gagnait ainsi les faveurs des autorités. Personne n'était près d'oublier, fut-il musulman, indicateur de police ou les deux, que la ville-état de Hambourg avait accueilli à son insu trois des terroriste du 11 Septembre, sans compter leur camarade du réseau et co-conspirateurs, ni que Mohammed Atta, qui avait précipité le premier avion sur les Tours Jumelles, avait vénéré son Dieu vengeur, dans une humble mosquée hambourgeoise.

« La justice droit au but, mon gars. La justice couillue, voilà quelle justice ! La justice où il n'y a pas de putain d'avocats pour tout embrouiller. »

Vous êtes une femme Annabel .vous ne vous comportez pas de façon rationnelle..M Tommy Brue aime son argent. Si je lui dis de le garder, il me sera reconnaissant et il continuera de m’aider. Si je lui prends cet argent, il ne m’aidera plus, il sera faché. Voilà la logique de sa position. Et cette logique me convient aussi, puisque cet argent me répugne et que refuse de me salir les mains en les touchant. Voulez-vous récupérer cet argent pour vous ?