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Je croyais gagner du temps mais en fait, je perdais ma vie.
Afficher en entierBien que je ne sois pas particulièrement effemine, j'avais une façon de m'habiller - j'étais toujours soigné, même au foot -, de m'exprime, de montrer une certaine sensibilité qui me mettait à part. Dans ce genre d'environnement, dès que vous n'êtes pas une brute virile, dès que vous donner le sentiment de réfléchir un peu, vous devenez une proie pour les petits caïds. Et, surtout, ils ont immédiatement senti à quel point ils me faisaient peur. C'est ce qui m'a perdu : un petit groupe de quatre ou cinq garçon, beurs et blacks, ne m'a plus lâché. Ils m'ont fait comprendre, par des petits signaux imperceptibles pour n'importe qui sauf pour moi et pour eux, à quel point Ils avaient prise sur moi. Chez les musulmans, l'homosexuel, surtout s'il est repéré du côté des passifs, est considéré comme un moins que rien. Dans la cité, on ne se parle qu'en s'injuriant. Les insultes, très ciblés, fusaient en permanence : "Pedé", "tu joues au foot comme une tapette", "Brahim, arrêté de jouer comme une pédale", ect.
Afficher en entierJ'ai grandi caché dans mon secret. Longtemps me suis blotti en lui comme s'il me protégerait d'une menace indisctincte. Il a fini par faire partie de moi. J'ignorais de quelle gare je souffrais, je savais seulement qu'il me fallait la cacher à mes frères, à me soeurs et, en somme, au monde entier. Enfant, j'avais déjà compris que je n'étais pas tout à fait comme les autres : une petite différence qui s'accompagnait d'une grande honte. Je vivais en exil intérieur. Du plus loin que Je me souvienne, j'ai eu à la fois honte et peut de cette part de moi, la part maudite, jusqu'à ce que je me rende compte qu'un poison me rongeait. Intuitivement, il me venait des mots comme "interdit" ou "haram" ("péché" en arabe), mais le vrai nom de ce bénin, l'homosexualité, je n'en avais aucune idée. J'ignorais même son existence.
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