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Et voilà qu’aujourd’hui, elle se sentait seule. Ou, plutôt, qu’elle aspirait à quelque chose qui dépassait son entendement En tout cas, elle voulait une vie plus intense, fût-elle risquée. Et si, au passage, elle pouvait avoir une liaison torride avec un homme aussi manifestement viril que Colin West, eh bien ! elle sauterait sur l’occasion, parce qu’elle devait s’avouer qu’il était grand temps que le mot « amour » prenne, pour elle, un sens concret.
Afficher en entierLa maison de Colin, c’était autre chose. Immense, elle s’élevait sur deux étages. La façade était ornée de planches de cèdre que le temps avait patinées jusqu’à leur donner la teinte du vieux whisky. Trois cheminées dépassaient du toit et Lila se dit qu’il devait faire bon paresser devant un feu de bois par les longues soirées d’hiver. Une vaste terrasse, en partie couverte, précédait l’entrée. En fermant les yeux, elle s’imagina une nuit d’été, dans la balancelle, la tête sur l’épaule de Colin qui lui murmurerait d’une voix rauque à quel point il aimait son corps. Puis, il s’attacherait à lui prouver ses dires, de ses mains et de sa bouche, jusqu’à ce qu’elle lui demande merci, jusqu’à ce que…
Afficher en entierMais pourquoi n’était-elle pas restée au bureau ? Il était petit, certes, mais il y faisait tout de même meilleur qu’ici ! Et sa comptabilité n’attendait que son bon vouloir. Elle n’avait rien contre le ménage – c’est ce qui la faisait vivre –, mais, au fond, elle s’était surtout déplacée dans l’espoir que Colin la prendrait dans ses bras musclés pour l’allonger sur le canapé. Ce qui, elle devait bien se l’avouer, était fortement improbable.
Afficher en entierParfois, elle rêvait qu’elle ne lui était pas indifférente, qu’il la contemplait d’un regard sensuel en se demandant comment, depuis plus d’un an, le charme ravageur de cette jeune femme débordante d’esprit avait bien pu lui échapper. Mais l’illusion ne durait pas, car si lui était parfait, elle, c’était clair, était loin de l’être.
Afficher en entierCarmen, l’une des personnes qu’elle employait, finit de lire sur ses lèvres avec un air proche du dégoût. Elle avait soixante ans, était sourde et muette, et ne s’en laissait pas compter. En outre, elle détestait marcher et refusait de faire les vitres. Bref, ce n’était pas précisément une femme de ménage modèle, mais elle avait le plus grand besoin de l’argent que Lila lui donnait.
Afficher en entierPour parvenir à leurs fins, les Machiavel en jupon avaient déjà lâché sur lui une quantité impressionnante de jeunes femmes, qui surgissaient sur son chemin ou à sa porte à intervalles plus ou moins réguliers, suffisamment rapprochés, en tout cas, pour qu’il se sente devenir dingue.
Mais il n’était pas homme à se laisser dicter sa conduite, bon sang ! Fût-ce par sa propre mère. Elle et ses deux sœurs devaient être neutralisées… et il avait sa petite idée sur la façon de procéder.
Afficher en entierA travers la vitre de son bureau du centre-ville, Colin contemplait la grand-rue, déserte à cette heure tardive, avec un sentiment d’exaspération qui ne lui était pas coutumier. Et pour cause : une heure auparavant, dans l’ascenseur de l’immeuble, Mary Martin, la bibliothécaire municipale qui le harcelait de ses assiduités depuis un bon mois, s’était jetée sur lui et l’avait pratiquement déshabillé avant qu’il parvienne à la maîtriser.
Afficher en entierBon ! il fallait qu’elle se reprenne. Fantasmer sur un client n’était pas très professionnel – même si ledit client occupait une place de choix dans ses pensées. Mais, à vrai dire, toute la population féminine de Sierra Summit rêvait de lui, elle en était sûre – non qu’il n’y eût rien d’autre à faire, dans cette petite ville perchée au-dessus de Los Angeles ; mais Colin West, malgré son air de ne pas y toucher, était l’archétype de l’Homme avec un grand H.
Afficher en entierAu cours du mois suivant, il ne se montra pas mais, par deux fois, il lui laissa un mot pour la féliciter de son travail. Elle garda précieusement les messages, non sans se demander combien de temps il laisserait s’écouler avant de réapparaître. Elle se demanda aussi si elle l’attirait, et si cela le mettait autant sur les nerfs qu’elle-même.
Afficher en entierToujours ce ton viril en diable… Elle n’était pas amoureuse, la question n’était pas là. Mais elle ne pouvait empêcher les fantasmes de surgir dans son esprit chaque fois qu’il s’adressait à elle.
Beaucoup le jugeaient distant, voire inaccessible, parce qu’il n’était pas d’un abord facile. Selon Lila, il voulait simplement préserver sa vie privée et, si l’on grattait un peu, on devait forcément découvrir le personnage fascinant et passionné qu’elle-même devinait sous le masque.
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