Extraits

Un sourire se dessina sur les lèvres d’Emmett.

- Tu ne veux pas être un oméga, dit-il en regardant Chris. Les omégas doivent habiter les unités de base sans aucune chance de l’améliorer, car ils n’obtiennent aucun point de travail. Donc, ils ne sont pas admissibles pour les objets de luxe ou pour les produits dans la caisse à la cafétéria. De plus, ils sont obligés de travailler quarante heures par semaine et ils ne reçoivent que les travaux les moins aimés.

- Mais ça a l’air horrible, dis-je, en fronçant les sourcils, incrédule.

Emmett haussa les épaules.

- C’est comme ça que ça se passe ici et c’est pourquoi on ne veut pas se retrouver oméga. Heureusement, les omégas ont la chance de se racheter chaque fois qu’un nouveau membre arrive. Grâce à de la discipline et du travail acharné, la plupart des omégas travaillent sans relâche pour remonter dans les rangs. C’est très rare de voir la même personne rester un oméga pour plus d’une période.

- Et comment quelqu’un se retrouve oméga ? s’enquit Chris, ne voulant évidemment pas le devenir.

- Tout cela est déterminé durant les épreuves de hiérarchie. Ce sont des épreuves qui testent la force, l’habileté et l’intelligence. Un membre de la meute peut gagner jusqu’à dix points dans chaque catégorie. L’homme et la femme avec le plus de points se retrouvent avec la position d’alpha. L’homme et la femme qui arrivent en deuxième sont les bêtas. Et l’homme et la femme avec le moins de points se retrouvent dans la position d’oméga. Dans les cas d’une égalité, le gagnant est déterminé avec un défi de mémoire.

Aucun civil n’avait déjà mis les pieds à l’intérieur de la réserve de loups-garous Blackfoot. Ils appelaient cela une réserve, mais il s’agissait plutôt d’un camp de concentration tolérant où les loups-garous étaient séparés du reste de la société pour vivre leur vie paisiblement jusqu’à ce qu’un remède soit trouvé pour leur condition.

J’avais peu d’intérêt pour le sujet jusqu’à ce qu’on m’offre la chance d’examiner la réserve pour un article de presse. Puisqu’aucun civil n’avait déjà été autorisé à entrer sur la réserve, mon rapport serait reconnu mondialement. Ce serait ma grande percée, celle qui propulserait ma carrière pour laquelle je travaillais si fort depuis cinq ans.

Comme j’arrivais à la réserve, je pris une profonde inspiration. L’extérieur ressemblait à une prison bordée d’une clôture de 13 pieds paramétrant la terre de 1000 acres. Il y avait une petite enceinte que je devais traverser avant de pouvoir me rendre sur la réserve elle-même. Je resterais là pour ma première nuit, pour apprendre comment cet endroit était géré avant qu’ils m’amènent à l’intérieur pour vivre le reste du mois avec les loups-garous.

Comme j’arrivais à la porte menant au campement.

– Papiers d’identité, s’il vous plaît, demanda un agent de sécurité.

– Je suis Taya Raveen, journaliste pour le Réseau d’information national, répondis-je en souriant.

Je donnai ma carte de presse et mon permis de conduire au garde.

Son langage corporel n’évoquait rien d’autre que de la froideur envers moi alors qu’il regarda mes cartes avec une expression impassible avant de me les rendre.

– Si vous tournez à droite à la prochaine courbe et suivez le chemin, vous arriverez au Centre des visiteurs. Il y a des signes qui indiquent le chemin. Vous pouvez vous garer à l’avant, puis allez vous inscrire pour un badge visiteur à la réception.

J’acquiesçai d’un signe de tête poli avant de mettre ma Volkswagon jaune en route et de m’engager sur le chemin. Si ce n’était pour les signes qui pointaient le chemin vers le Centre des visiteurs, j’aurais probablement passé tout droit. Tous les bâtiments du campement se ressemblaient : petit et brun roux. La seule caractéristique distinctive était le l’insigne, Centre des visiteurs, près de la porte.

Je me garai dans le stationnement et me rendis à la réception. Un autre agent de sécurité renfrogné prit mes cartes d’identité avant de me remettre un insigne blanc qui s’attache avec le mot Visiteur imprimé en gras.

– Assoyez-vous, dit-il en pointant les quatre sièges en cuir noir qui se faisaient face devant son bureau.

– Merci, répondis-je courtoisement avant de me laisser tomber dans l’un d’eux et de sortir mon appareil photo.

Il n’y avait pas grand-chose à voir dans le Centre des visiteurs, alors ma prise de photo fut de courte durée. Il n’y avait que quelques photos encadrées de loups sur les murs ; les loups me regardaient avec des yeux très humains. Je m’imaginai qu’elles étaient des photos de loups-garous dans leur forme animale. Par ennui et par curiosité, je me levai pour les regarder de plus près. C’était là une part du processus que je ne verrais pas, puisque je quitterai la réserve avant la prochaine pleine lune.

Une porte à l’arrière du Centre des visiteurs s’ouvrit, et un homme entra vêtu d’une paire de pantalons kaki amidonnés et d’une chemise blanche boutonnée. Il semblait jeune, vers la fin vingtaine, aux cheveux blonds plaqués et une paire de lunettes rondes. ...