Un monde plus sale que moi

Quelle plume et quelle reflexion ! Un livre tres interessant qui interroge la notion de victime et son parcours, tant aupres des autres que d'elle même. Une excellente découverte !

Ce roman m'a énormément bouleversée. Je ne m'attendais pas à me retrouver aussi fort dans l'histoire d'Elsa, j'ai compris des choses sur moi, sur mon histoire, sur mon chemin vers la guérison. J'avais même parfois l'impression que l'autrice s'adressait directement à moi tellement je me suis reconnue dans son personnage. Merci d'avoir mis des mots sur ce que nous sommes nombreuses à ne pas savoir exprimer.

Je vous crois.

Mon Dieu ! Quelle lecture ! Lectrice intéressée du compte Twitter de l'auteure depuis quelques années maintenant, je me suis jetée sur ce livre dès que je l'ai eu entre les mains. Et quel coup de poing ! Chaque mot est percutant, chaque tournure de phrase nous assène une vérité que ni nous, ni la protagoniste ne sommes prêts à entendre ou à comprendre.

Le livre est dur, violent, déroutant et pourtant incroyablement important, comme l'histoire d'Elsa, qui a connu une première relation dysfonctionnelle au moment de l'essor de MeToo, à un moment d'espoir candide où l'on pensait que si la violence était révélée, elle disparaitrait, comme un mauvais souvenir. Ce livre, c'est 300 pages d'introspection, de découverte de soi, de découverte de ce qu'est le statut de "victime", mais aussi qu'il n'est pas pour autant une définition. C'est la réflexion d'une ado, puis d'une adulte en construction, qui ne se comprends pas parce qu'elle ne correspond pas à ce que l'on attend d'elle. Qui a peur de son corps, de ses pensées, et de la solitude. Qui ne comprends pas que le cheminement qu'elle accomplit ne doit pas être parfait : qu'elle a le droit d'être en colère, d'être triste ou non, d'être heureuse, mais aussi de ne rien ressentir. Que s'accepter, c'est aussi important que d'exister aux yeux des autres.

C'est un livre sur le poids du regard extérieur. Sur les rencontres, bonnes, mauvaises ou insignifiantes. Sur le fait d'être perdue et de devoir se découvrir. Spoiler(cliquez pour révéler)Sur ce que cela fait quand son agresseur n'avait pas conscience d'en être un. Sur un viol "grave, mais pas important".

J’ai déjà lu d’excellents romans pour la rentrée littéraire, mais celui-ci est assurément LE coup de cœur de cette rentrée pour moi !! Si je pouvais faire un câlin à ce roman, à ses personnages et à l’autrice, je le ferais sans hésiter.

Ce roman d’époque, c’est un doudou tout doux, un reflet réconfortant et d’une résonance folle ! On y suit donc Elsa, dix-sept ans, dans sa première relation hétéro : le sentiment d’accomplissement, l’abandon de soi, de son corps, suivi des efforts, des désillusions et de la rupture. Et puis les mots sur les maux, le doute, le sentiment de culpabilité, la dissonance, le tiraillement et d’une certaine façon, la reconnaissance.

La première « histoire d’amour » d’Elsa est loin d’être une belle histoire, mais ce n’est pas non plus le conte volontairement sordide destiné à choquer ; l’écriture du Capucine Delattre laisse apparaître des sentiments complexes, parfois bruts, une Elsa qui évolue et apprend, un monde sale qui laisse les hommes fauter, une corporalité au centre des préoccupations…

Si le sujet n’est pas joyeux, Un monde plus sale que moi est pourtant un vrai plaisir à lire ! Dès les premières pages, j’ai été happée et les 40 dernières pages m’ont mis du baume au cœur... Pour moi, tout y est d’une vérité et d’une justesse rare… on en ressort moins seul.es et apaisé.es.

Impossible d’en parler plus sans en dévoiler trop, il vous faudra le lire absolument !