Extraits

OK. C’était intéressant. J’ai donc un nouveau voisin, célibataire, canon comme ce n’est pas permis, au sourire ravageur. Je ne suis pas du tout charmé, même si je me rends compte que je suis en train de fixer son dos et ses fesses tandis qu’il s’éloigne. Je claque la porte et souffle un grand coup. Mon doigt tapotant sur mon menton alors que je rejoins mon bureau, je me demande s’il serait adéquat que je le présente au gang des vieux débris. Ils pourraient me donner leur avis et Gisèle pourrait me renseigner sur le fait qu’il est gay ou non.

Je me rends alors compte que je l’ai accueilli avec mes charentaises usées aux pieds, ce qui est loin d’être glamour. Je secoue la tête en enregistrant mon travail, puis je referme mon ordinateur. Il est temps de concocter le dîner. Les huîtres m’attendent, je dois cuire des bulots, préparer ma mayonnaise et je crois que je vais ouvrir une bonne bouteille de vin que je vais boire en solitaire. Parce qu’il est bien clair que je ne me rendrai pas chez mon sexy voisin. Passer la soirée avec des personnes inconnues, ce n’est pas mon genre. Ce n’est pas pour rien que je vis en ermite.

Je les apprécie plus que je ne veux me l’avouer, toutefois, ce que je préfère chez eux, c’est quand ils s’en vont. Ma demeure replonge dans le calme.

« – Au mou de ta vie ! Tu as l’air au mou de ta vie.

(…)

– Au bout de ta vie, Gigi, c’est ça la vraie expression, l’informé-je en tapotant sa main.

– Oh ! Ça ne veut rien dire.

– Au mou de ta vie signifie quelque chose, peut-être ? »

« Donc, dans à peine une semaine, mes parents arrivent. Le lendemain, ce sera au tour de ma soeur adorée, Claire, de son mari et de ses deux monstres. J’attends cela avec une impatience que je garde cachée bien en moi.

Très loin. »

C’est la mine toujours aussi grincheuse que je me gare sur la place, devant le château. Ce dernier est éclairé par les lumières intermittentes de l’immense arbre qui trône au milieu de l’esplanade et autour duquel de petits sapins en bois sont disposés. L’esprit de Noël s’invite en ville et lui donne un petit air féerique.

Elle raccroche avant que j’aie pu lui répondre. OK ! Je n’ai plus qu’à prier pour que le temps devienne encore plus pourri. Au moins, je pourrai dormir demain matin.

— J’ai un nouveau voisin pas du tout sexy.

Mes trois amis se regardent sans rien comprendre, les sourcils froncés, leurs bouches en cul-de-poule.

— Bon, d’accord, c’est un canon, m’exclamé-je. Il est super séduisant, grand, des épaules de malades, des mains je vous raconte même pas, et un sourire. Oh, mon Dieu, son sourire !

— Moi, j’aimerais que tu me parles de ses mains, chuchote Gisèle.

— Fortes, puissantes, de longs doigts qui doivent faire des merveilles.

— Je ne veux pas en savoir plus, bougonne André.

— Moi si, renchérit Gigi.

— Laissez-moi enlever ces fichus appareils avant de continuer, ajoute Paul.

Cette conversation est surréaliste. Je cache mon visage dans mes paumes et gémis alors que le silence revient autour de moi.