Extrait

Nesta s’était levée d’un bond et regardait fixement Cassian. Ses cheveux bruns étaient plaqués sur son crâne par la transpiration et son visage éclaboussé de boue aux endroits que le casque ne protégeait pas.

Elle observait ses sept siphons qui brillaient faiblement.

– Vous êtes blessé, observa-t-elle.

Sa remarque tira Rhys de sa torpeur.

Le visage de Cassian était sombre et ses yeux vitreux.

– Ça va.

Mais même ces paroles trahissaient son épuisement.

Elle tendit la main vers son bras qui tenait le bouclier. Cassian parut hésiter un instant, mais il le lui remit et tapota le siphon de sa main. L’armure remonta le long de son avant-bras, dévoilant…

– Tu es censé être assez raisonnable pour faire soigner une blessure sans traîner, lui dit Rhys d’une voix un peu tendue.

– J’avais autre chose à faire, répondit Cassian en examinant son poignet enflé.

Je me demandai comment Nesta l’avait décelé sous sa cuirasse.

Je n’avais pas encore compris qu’elle avait assez observé le général de l’armée illyrienne pour savoir lire en lui, pour percevoir sa douleur dans ses yeux et dans son maintien.

– Et demain matin, ce sera terminé, ajouta-t-il, mettant Rhys au défi de le contredire.

Mais quand les doigts pâles de Nesta palpèrent doucement sa peau dorée, il siffla entre ses dents.

– Comment puis-je soigner cette blessure ? demanda-t-elle.

Ses cheveux étaient noués en un chignon lâche depuis le matin. Pendant nos heures de travail sans répit dans la chaleur et l’humidité, des mèches s’en étaient échappées et avaient frisé sur ses tempes et sa nuque. Le soleil avait légèrement coloré son visage, et ses avant-bras, sur lesquels elle avait roulé ses manches, étaient éclaboussés de boue.

Cassian s’assit sur le tronc d’arbre à la place qu’elle occupait un instant plus tôt, et ce simple mouvement lui arracha un grognement.

– La glace soulage généralement, mais il suffira de bander le poignet assez serré pour guérir la foulure, expliqua-t-il.

Nesta tendit la main vers le panier de gaze qu’elle avait préparé, puis vers la cruche posée à ses pieds. 

Je la regardai laver doucement le poignet et la main de Cassian. L’Illyrien paraissait trop épuisé pour prononcer un mot pendant qu’elle enroulait un bandage autour de son poignet. Il se contentait de lui indiquer par un grognement si elle le serrait trop ou pas assez. Mais il ne quittait pas des yeux son visage concentré sur sa tâche, aux sourcils froncés et à la bouche serrée.

Quand elle eut fini et voulut s’écarter, il saisit ses doigts de sa main valide et elle leva les yeux vers lui.

– Merci, lâcha-t-il d’une voix rauque.

Nesta n’arracha pas la main de la sienne et ne lui lança pas de réplique cinglante. Elle le dévisagea en silence. Puis son regard se posa sur ses épaules qui paraissaient encore plus puissantes dans cette splendide armure noire, la colonne de son cou hâlé, ses ailes et enfin ses yeux fauves toujours fixés sur son visage.

Cassian frôla du pouce le dos de sa main.