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Nous sommes de minuscules pions sur un grand échiquier, incapable de tirer parti des opportunités.
Afficher en entierCette femme, les autres l’appellent Pomme. Elle exhale un très léger parfum de savon, comme ma mère, et donne l’impression d’être solide, avec un visage rond, des yeux ronds et, à la base d’une aile du nez, un grain de beauté comme de la mousse à l’angle d’un mur, qu’il suffirait de presser un peu du bout du doigt pour en faire sortir de l’eau. Maman s’était mise à hurler dans la maison, comme si quelqu’un la battait. Ses cris effrayèrent les oiseaux qui picoraient dans les brins de chaume du toit et, ah! ils s’envolèrent tous d’un coup, comme des balles fusant soudain dans l’immensité grisâtre du ciel. Les arbres avaient déjà perdu leurs feuilles; quelques branches mortes, cassées, pendaient comme des doigts estropiés, en se balançant de-ci, de-là. Il y avait beaucoup de monde, dehors; des hommes s’affairaient à fabriquer une chaise à porteurs, en attachant un fauteuil à deux solides barres de bambou pour pouvoir le porter à la palanche. La corde de chanvre passait et repassait, le bambou grinçait. A voir l’excitation des femmes qui, les enfants sur le dos, grignotaient des graines de pastèque, on en oubliait de s’inquiéter des cris de ma mère.
« Quand j’ai accouché de notre aîné, j’ai poussé des hurlements bien plus effrayants que les siens.
— Nous, les femmes, on n’a pas le choix, il faut bien supporter la douleur. »
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