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La société russe n'avait jamais paru plus impatiente de fuir la cité et les discussions intenses de guerre. L'archiduc Ferdinand d'Autriche avait été assassiné par un Serbe, ce qui avait poussé l'Autriche à couper les relations diplomatiques avec la Serbie, alliée de la Russie, et à se mobiliser. S'ensuivaient des spéculations sans fin et inquiètes sur la possibilité que la Russie soit entraînée dans un conflit.
Afficher en entier« J’ai eu de la chance. La nuit tombait et il pleuvait. J’ai enterré mes bottes dans les feuilles pour ne pas laisser de traces et j’ai réussi à lui échapper je ne sais trop comment. Mais le deuxième jour, à moitié gelé, j’ai perdu connaissance dans les bois. Quand je me suis réveillé, j’étais dans une isba où m’avaient traîné des glaneurs. »
Afficher en entierMon bébé trop pressé, Maxwell Streshnayva Afonovich, arriva donc en plein milieu de la fête d’Eliza. Je restai ensuite deux semaines à l’hôpital avec lui. Peu après, les affaires urgentes de Père pour le ministère nous forcèrent à partir pour Saint-Pétersbourg, Eliza à mes côtés. Elle fit ses adieux en larmes à Henry et Caroline et promit d’être de retour d’ici le mois d’août.
Le voyage dura plus de deux semaines qui passèrent à toute vitesse. Eliza et moi parlions de tout et de rien – de Paris, l’art, la politique – jusqu’à tard dans la nuit, ne nous interrompant que pour manger, dormir et nous occuper de mon adorable bébé.
Une fois à Saint-Pétersbourg, dans notre maison de la rue Tchaïkovski, j’emmenai Eliza et Luba dans chaque café littéraire, chaque musée, sautant dans nos merveilleux tramways électriques qui sillonnaient la ville comme de patients scarabées, nourris par tout un réseau de câbles électriques. Luba organisa une nuit d’observation des étoiles sur notre toit pour faire admirer le nouveau télescope que Père venait de lui offrir. Eliza nous acheta de magnifiques exemplaires anciens de Walden ou la vie dans les bois de Thoreau que nous lisions toutes les trois ensemble en nous arrêtant de temps en temps pour en commenter certains passages.
Bien que notre maison ne soit pas loin du palais d’Hiver du tsar et de la rue commerçante élégante – la perspective Nevski –, au grand dam d’Agnessa nous n’habitions que le quartier des ambassades et non pas la partie la plus huppée de la ville. La nuit, nous entendions de plus en plus d’agitation dans les rues, mais nous n’en faisions pas grand cas.
Un après-midi, nous étions toutes dans les appartements privés d’Agnessa, en train de nous déguiser pour un bal persan au palais Anitchkov, résidence de la mère du tsar. Je regardais la pluie tomber par la fenêtre ouverte, assise sur une causeuse revêtue de satin, mon petit Max endormi au chaud dans mes bras, sa respiration rendue laborieuse par un rhume.
Comme j’aurais aimé pouvoir rester à la maison avec lui, mais Eliza mourait d’envie d’aller au bal. C’était aussi l’un des derniers événements de la saison, avant que la bonne société de Saint-Pétersbourg encore en ville décampe pour des lieux de villégiature comme la Crimée et la Finlande, abandonnant ses palais aux concierges et aux filles de cuisine.
La société russe n’avait jamais paru plus impatiente de fuir la cité et les discussions intenses de guerre. L’archiduc Ferdinand d’Autriche avait été assassiné par un Serbe, ce qui avait poussé l’Autriche à couper les relations diplomatiques avec la Serbie, alliée de la Russie, et à se mobiliser. S’ensuivaient des spéculations sans fin et inquiètes sur la possibilité que la Russie soit entraînée dans un conflit.
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