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Je suis Babe Ruth ! aurait-il voulu crier au train. Et quand je suis pas bourré et seul à l'arrière d'un wagon, je suis quelqu'un qui compte. Un simple maillon de la chaîne, d'accord, ça je le sais, mais un maillon incrusté de diamants. Le roi des maillons. Un de ces jours...
Afficher en entierPuis ces grands yeux avaient rencontrés ceux de Danny et, avant d’aller se poser sur un autre visage ils avaient brillé d’une petite lueur qui lui avait semblé étrangement familière. En cet instant - celui qu’il repasserait dans sa tête des dizaines et des dizaines de fois au cours des années suivantes -, il avait eu l’impression de voir son être le plus secret le contempler à travers le regard d’une inconnue affamée.
[...]
Il ne tarderait pas à découvrir combien l’expression de ces yeux-là pouvait changer vite, comment cette lueur qui lui était apparue comme un miroir de ses propres pensées pouvaient devenir terne, distante ou faussement gaie en une seconde. Pour autant, la sachant toujours là, n’attendant que le moment de reparaître, Danny se raccrochait à l’hypothèse, hautement improbable de pouvoir la ranimer à volonté.
Afficher en entier- Ecoute, Coughlin, l’interrompit Steve en lui posant une main sur le bras, je t’aime bien mais faut que tu saches qu’y a pas toujours de « solution ». La plupart du temps, quand on dégringole, c’est sans filet. Sans rien pour nous rattraper. On tombe dans le vide, c’est tout.
- Jusqu’où ?
Steve ne répondit pas tout de suite. Il regarda par la vitre en pinçant les lèvres.
- Là où finissent ceux qui ont pas de filet.
Afficher en entierOr, cette femme-là lui était étrangère. Il pensait l'aimer, bien sûr, par résignation, par égard pour le temps passé ensemble - ce même temps qui les avait aussi privés l'un de l'autre, les figeant dans une relation vidée de sa substance, guère différente de celle d'un gérant de bar et de son plus fidèle client. Ils s'aimaient par habitude et par manque d'options plus radieuses.
Afficher en entierIl s'était laissé tellement submerger par le besoin de bouger - d'aller ailleurs, n'importe où, n'importe quand, par n'importe quel moyen - qu'il en avait oublié la nécessité de mettre le mouvement au service d'un but.
Afficher en entierDanny le voyait sur leurs visages quand ils seraient la main de son ancien partenaire : ils auraient préféré qu'il soit mort. La mort, au moins, permettait d'entretenir l'illusion de l'héroïsme. La mutilation transformait cette illusion en une réalité gênante, pareille à une odeur vaguement repoussante.
Afficher en entierPendant quelques heures, il s'était senti porté par une étrange euphorie : il n'était plus un homme de couleur, d'ailleurs la notion même de couleur de peau n'avait plus aucun sens; avant tout, il était américain.
Afficher en entier- Tu sais, on peut avoir deux familles dans la vie, avait déclaré Danny. Celle qui t'a donné le jour et celle que tu te crées.
- Deux familles, hein ? avait répété Joe en le dévisageant.
- C'est ça. Tu es lié par le sang à la première et tu ne peux jamais l'oublier. C'est une partie de toi. L'autre, tu la trouves toi même. Par hasard, des fois. Et cette famille-là, compte autant que la première. Peut-être même plus, parce qu'elle n'est pas obligée de t'élever ni de t'aimer. Elle et toi, vous vous choisissez.
Afficher en entierAssis au faîte de la bâtisse, trempé de sueur malgré le froid, il se passa une main sur le front en regardant tout à tour l'azur et la ville déployée autour de lui. Il percevait dans l'atmosphère l'odeur du crépuscule imminent, même si ses yeux n'en distinguaient encore aucun signe. Et rares étaient les senteurs aussi agréables que celle-ci.
Afficher en entierLorsqu'il avait touché Federico aux fesses [...], il s'était demandé comment on pouvait en arriver là: trois personnes échangeant des coups de feu en pleine ville près d'une voiture bourrée d'explosifs. Aucun dieu ne pouvait concevoir un tel scénario, même pour les plus viles de ses créatures. Alors qui avait créé Federico? Ou Tessa? Pas Dieu. L'homme.
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