Extraits

Un piège si troublant

Couchée dans le lit de Leo, les couvertures serrées contre sa poitrine, Calista regardait le plafond.

Il allait sûrement la chasser. Pouvait–elle le lui reprocher ?

Non, mais elle pouvait dire adieu à l’avenir de ses sœurs. Il ne lui donnerait pas un sou, à présent.

Seigneur ! Comment pouvait–elle penser à l’argent dans un moment pareil ? C’était horrible.

Peut–être, mais elle ne voulait pas voir plus loin que cela, et surtout pas se demander si elle l’avait simplement déçu, vexé ou même peut–être blessé.

Bon sang, ce serait un comble ! Cet homme était la malhonnêteté personnifiée. Alors, comment pourrait–elle le froisser, sans parler de le blesser ?

Le feu du désir

– J’ai pensé m’installer ici à Singapour, dit–il finalement.

Ses paroles s’enroulèrent autour d’elle tel un fil de soie. A la fois magnifique et terrifiant. Elle se tint immobile, le souffle coupé. C’était beaucoup plus qu’elle n’avait espéré. Bien plus qu’elle n’aurait osé conquérir.

– Cela signifierait que je serai ici entre deux missions. Et pas au dojo. Je devrais trouver un coin à moi.

– Il te faudrait un appartement. Et un travail, répondit–elle d’un ton évasif comme si l’endroit où il déciderait de s’installer ne la concernait aucunement.

– J’en ai déjà un.

– Je parle d’un travail qui soit profitable à l’économie de Singapour et à ses habitants.

– Tu ne crois pas qu’ils verraient mon travail sous ce jour ?

– J’ignore ce qu’ils en penseraient, répliqua-t–elle, avec une brutale sincérité. Mais je crois que si tu es vraiment sérieux sur ce point, tu pourrais éviter de passer par le bureau d’immigration et chercher quelqu’un ayant un peu plus d’influence. Des lettres de référence ne feraient pas de mal non plus.

– C’est noté. Je cherche à m’installer ici pour plusieurs raisons. Je cherche notamment à être plus près de ma famille.

– La famille, c’est important, approuva-t–elle à mi-voix.

– Et le fait que Singapour soit une plaque tournante majeure pour les transports également, dit–il.

Il semblait si détendu maintenant. Tellement à son aise, assis là, sur son canapé. D’ailleurs, son raisonnement était tout à fait logique. Peut–être ne cherchait–il pas à approfondir leur relation ? Peut–être…

– Et puis il y a toi.

Ce fut comme si son cœur avait fait un bond dans sa poitrine. Lequel, de l’espoir ou de la peur, était le plus puissant ?

– Je ne cherche pas à te pousser dans une relation si tu n’as pas envie de la poursuivre, Madeline, mais tu as dit au téléphone que tu voulais savoir où j’en étais. Que tu avais besoin de connaître mes intentions, alors voilà. Je veux explorer ce qu’il y a entre nous, Madeline. Je suis prêt à y consacrer le temps qu’il faudra et je veux savoir ce qui en sortira. Voilà ce que je veux.

– Vraiment ? Tu réorganiserais ta vie pour m’y faire une place ? demanda-t–elle, d’une voix oppressée.

Elle avait toujours tellement voulu être désirée. « Un jour, quand je serai plus grande… un jour quand je serai sortie du système… un jour quand quelqu’un voudra bien de moi… »