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« Je savais désormais ce que recherchaient les yeux de mon pères lorsqu'ils fixaient l'horizon, je comprenais ce qui rendait ma mère muette.
Afficher en entierJ'avais beau souffrir de ma maigreur, de ma pâleur maladive, je voulais me croire la fierté de mon père. Adoré de ma mère j'étais seul à avoir séjourné dans ce ventre musclé par l'exercice, à avoir surgi d'entre ses cuisses de sportive. J'étais le premier, le seul. Avant moi, personne. Juste une nuit, un bain d'ombre, quelques photographies en noir et blanc célébrant la rencontre de deux corps glorieux, rompus aux disciplines de l'athlétisme, qui allaient unir leur destinées pour me donner naissance, m'aimer et me mentir.
Afficher en entierJe ne pouvais pas savoir qu'on ne gagne jamais contre un mort.
Afficher en entierJ'étais le premier, le seul. Avant moi, personne.
Afficher en entier"Je m'étais créé un frère derrière lequel j'allais m'effacer, un frère qui allait peser sur moi, de tout son poids."
page 14
Afficher en entierMon apparence ne m'était plus une souffrance, je m'étoffais, mes creux se comblaient. Grâce à Louise ma poitrine s'était élargie, le vide sous mon plexus s'était atténué, comme si la vérité y avait été jusque-là inscrite en creux. Je savais désormais ce que recherchaient les yeux de mon père lorsqu'ils fixaient l'horizon, je comprenais ce qui rendait ma mère muette. Pour autant je ne succombais plus sous le poids de ce silence, je le portais et l étoffait mes épaules. Je poursuivais mes études avec succès, je lisais enfin l'estime dans les yeux de mon père. Depuis que je pouvais les nommer, les fantômes avaient desserré leur étreinte: j'allais devenir un homme.
Afficher en entierLouise m’avait permis de reconstituer l’idylle de mes parents coupables. J’avais quinze ans, je savais ce que l’on m’avait caché et à mon tour je me taisais, par amour.
Afficher en entierDes années après que mon frère avait déserté ma chambre, après avoir mis en terre tous ceux qui m'étaient chers, j'offrais enfin à Simon la sépulture à laquelle il n'avait jamais eu droit. Il allait y dormir, en compagnie des enfants qui avaient connu sont destin, sur cette page portant sa photo, ses dates si rapprochées et son nom, dont l'orthographe différait si peu du mien... Ce livre serait sa tombe.
Afficher en entierFils unique, j'ai longtemps eu un frère. Il fallait me croire sur parole quand je servais cette fable à mes relations de vacances, à mes amis de passage. J'avais un frère. Plus beau, plus fort. Un frère aîné, glorieux, invisible.
Afficher en entierAu hasard de ses promenades automobiles en bord de Marne il a longé les grilles du club. Impressionné par l’ardeur de ces garçons et de ces filles, il s’est aussitôt inscrit et a commencé à pratiquer différentes disciplines pour atteindre son idéal de perfection. En quelques années la musculation et les agrès lui ont dessiné la stature dont il rêvait : sa carrure d’athlète fait oublier ses origines
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