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Le dimanche matin, avant d’aller à l’église, la vieille Bösl pose devant Kathie une grande tasse de café de malt. “Tiens, bois. Tu seras toute seule à la maison aujourd’hui. Après la messe, j’irai à Haidhausen avec les enfants. Voir de la famille. Anna viendra certainement te chercher.” Seule à la table de la cuisine, Kathie boit son café et laisse vagabonder ses pensées. Elle se lève, va jusqu’à la fenêtre et regarde dehors. Elle reste là pendant des heures, et quand elle n’en peut plus elle va dans la chambre et s’allonge tout habillée sur le lit. Elle ferme les yeux et elle attend, elle attend qu’Anna vienne la chercher. Allongée sur le lit, elle ne se rend pas compte que la fatigue la gagne, et au bout d’un moment elle s’endort
Afficher en entierSAMEDI
Kathie est dans le train de Munich. Elle s’est assise près de la fenêtre. Elle regarde dehors. Les gouttes de pluie s’abattent sur les vitres. Le vent les fait couler à l’horizontale. Elles rencontrent d’autres gouttes, les rejoignent, forment des filets d’eau. Elles se prennent dans le châssis et coulent en petits ruisseaux le long de la fenêtre. On distingue à peine le paysage derrière les vitres détrempées. Les prés verts, les champs moissonnés, les forêts, la pluie brouille tout.
Elle est perdue dans ses pensées. Elle est déjà loin du village, très loin, elle se voit déjà à Munich. Elles iront chez Mme Lederer. Elle et Maria. Chez Mme Lederer, la cousine de sa mère. Elle a promis, sa mère le lui a fait promettre quand elle est partie ce matin. Mais rester chez elle, ça non, pas question. Elle déposera juste ses affaires. Elle ne restera pas chez elle, la cousine la commanderait comme son père. Elle lui dirait ce qui est bien et ce qui est mal, elle déciderait de tout, de toute sa vie. Or elle veut être libre à Munich. Libre. Et sa promesse ? Elle n’est pas obligée de la tenir, sa mère n’en saurait rien de toute façon, et puis, en la faisant, Kathie a croisé les doigts dans son dos. Sa mère n’a rien remarqué. Elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même.
Il y a quelques années, quand elle était petite, Kathie allait parfois à Munich avec sa mère. Pas souvent. Elle n’avait que rarement le droit de l’accompagner.
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