Extraits

Les minutes passent, ce silence me torture. Je reste figée au milieu de la pièce, alors que dix fois j'aurais pu enfiler ces vêtements à la va-vite et me planquer derrière la facilité ou le mensonge. Mais je ne peux pas. Le poids de son regard me brûle le dos. Je peux sentir ses opales parcourir mon corps, s'attarder dans des zones charnelles. Et finalement, je préfère son silence. Ce jugement qu'il tait pour lui. J'aime cette connexion, ce fil invisible qui danse entre nous sans qu'il ne le devine encore.

Cette fille a des couilles. Je ne vois pas d'autre explication possible. Chez elle, rien ne tremble, pas de cris ni de supplications. Tout juste une respiration qui s'accélère et des lèvres qui se plissent sous la morsure du coup de jus.

-Tu m'as trouvée !

Je baisse la tête, croise deux billes noisettes qui me fixent dans l'obscurité. Je n'y décèle rien, pas une once de terreur, à peine une pointe de résignation. Puis un sourire se dessine, des dents blanches qui me renvoient leur innocence en pleine gueule.

- Gagné, OK je me rends !

[...]

J'hallucine

Quand elle parvient à reprendre péniblement son souffle, sa paume passe sur son cou. On pourrait croire qu'elle capitule enfin, mais sa main s'élève et son majeur se dresse entre nous.

Puis elle me sourit...

Quand elle m'envoie royalement me faire foutre !

Comme un avertissement à ce qui va suivre, ses yeux accrochent une dernière fois les miens et je lui offre mon plus beau sourire en guise d'accord tacite, de ceux qui disent à la fois : va te faire foutre et fais-toi plaisir.

Surpris, Riley marque une courte pause puis me retourne le compliment. Et je découvre de jolies fossettes, des dents blanches, un sourire à faire fondre une petite culotte.

Mon cœur exécute un salto arrière dans ma poitrine et son doigt lance la première décharge.

La peur se confronte à l’envie de savoir, pour que ce long supplice prenne fin.

- De minuscules lignes cavalent ses bras et se croisent sous le bracelet interdit. Penser à ce qu’il va m’infliger propulse une violente montée d’adrénaline dans ses veines. Ses muscles bandent, son corps transpire l’exaltation et la violence.

— Bon, maintenant on va avoir une petite discussion toi et moi.

La chaise à ses côtés fait un volte-face et mon ravisseur préféré la chevauche à califourchon. Plutôt sexy dans le rôle du tortionnaire avec sa gueule d’ange contrariée !

Mes lèvres frôlent son oreille, et ma voix, comme du papier de verre, écorche ses derniers espoirs :

- Toi non plus, tu n'as pas idée du bordel dans lequel tu viens de foutre les pieds.

- Et les contacts, ils sont autorisés ? interrompt la petite voix entre nous.

Je manque de peu le torticolis en revenant au gibier. La gueule enfarinée, elle m'expose ses dents blanches de petite princesse, fière de son effet. Ses yeux pétillent, ses joues rosies peinent à s'épanouir sous mes doigts. Cette gosse veut jouer. Et si j'en crois son regard, c'est avec moi qu'elle veut lancer les dés.