Extraits

— Je… C’est presque trop. Je n’arrive pas à comprendre ce que j’ai fait pour mériter quelqu’un comme toi. Surtout quand je suis incapable de te rendre la pareille. Et pourtant, coupa-t-il Nuts avant que ce dernier ne le fasse, je ne culpabilise plus. Ou presque plus ! Tu es beaucoup trop bien pour moi, monsieur Macsen, mais il est absolument hors de question que je te laisse filer…

Il attira Nuts plus près, jusqu’à menacer de l’étouffer. Ou de l’absorber. La caboche poilue se retrouva pressée contre sa poitrine et Buster y enfouit les doigts, glissant dans les mèches blondes où s’accrochait encore un reste de fraîcheur. Tout en contraste, le souffle chaud de Nuts traversa le tissu de ses vêtements.

— Merde, souffla Buster en renversant le cou en arrière, les yeux clos, la tête appuyée contre le dossier. Je… je sais que je devrais te dire un truc, là maintenant. Quelque chose de particulièrement inspiré. Qui aurait du sens. Sauf que… rien ne vient. C’est là, mais coincé quelque part, et…

— C’est rien, Grognon, gloussa tendrement Nuts qui avait entrepris de lui caresser les biceps tout le temps qu’avait duré cette tirade.

— Rien ? Rien ? Comment peux-tu dire que ce n’est rien. C’était… parfait.

Un cocker aux oreilles duveteuses bien que piquetées de poils blancs ronflait sur un fauteuil qu’il semblait avoir annexé de manière définitive. Il ouvrit un œil paresseux pour lorgner sur les assiettes fumantes qu’apporta le barman, mais le referma aussitôt. Trop d’efforts…

— Mais où est-ce que tu m’emmènes à la fin ? Et combien de temps je vais encore devoir garder ce foutu bandeau ?

— Allons, un peu de patience, Grognon. On est bientôt arrivés…

— Patience, patience. Ça fait deux heures que je patiente. Fallait le dire qu’en plus d’un paraplégique, tu voulais un aveugle…