Extraits

Il roula sur lui-même pour amortir le choc. Mais la réception l’ébranla de la tête aux pieds et, l’espace d’un instant, il crut qu’il s’était foulé la cheville. L’idée l’effleura qu’il lui faudrait trouver un autre moyen de sortir, quand il aurait ramassé son butin. Finalement, ce n’était pas de tout repos, de piller une cité abandonnée…

« Eh, toi, d’où est-ce que tu viens ? »

La voix avait claqué comme un fouet, derrière lui.

Pas si abandonnée que ça ! se dit Alaet en s’enfuyant à toutes jambes.

Bref, l’endroit était désert, et plein de richesses : une aubaine ! Le vieillard n’avait pu préciser la nature du sortilège qui était à l’origine de cet abandon massif, mais tout le monde savait qu’un sortilège était semblable à un être vivant, et qu’il ne durait donc pas éternellement. Avec le temps, il dépérissait et s’évaporait. Il n’y avait pas de raison pour qu’il ait subsisté après un demi-siècle : il n’y avait donc plus rien à craindre de la présence de monstres.

Pour le prix d’un pichet de vin, le vieillard avait même tracé une carte grossière sur un bout de parchemin…

« Voilà Aucara, murmura Alaet en rajustant la musette à son épaule. Elle est magnifique ! »

Le garçon marchait depuis quatre jours. Il était temps qu’il arrive, car ses provisions étaient presque épuisées. Depuis Turmis, sa dernière étape, il avait parcouru une plaine herbeuse infestée de moustiques, franchi une rivière tumultueuse, puis une ligne de montagnes sur les flancs desquelles ne poussaient que des arbres rabougris, couchés par le vent. Mais ses efforts se révélaient enfin récompensés : Aucara, la ville abandonnée, s’étendait sous ses yeux, au fond d’une vallée encaissée.