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Il n’y avait pas pensé. Ça le freine sur sa lancée, mais il s’obstine. Pour elle, m’explique-t-il, il représente son dernier espoir, sa seule chance d’échapper aux persécutions, à la déchéance, à la prostitution. La vie en Ukraine est trop dure pour un esprit aussi raffiné que le sien. Il lit les journaux et les nouvelles ne sont pas bonnes. Là-bas, on manque de pain, de papier toilette, de sucre, d’égouts, la corruption sévit dans les affaires publiques et les coupures d’électricité sont permanentes. Comment peut-on condamner une femme aussi adorable à un tel calvaire ? Comment peut-on passer son chemin ?
Afficher en entierIl a tout prévu. Elle s’occupera de lui quand il ne sera plus qu’un faible vieillard. Il lui offrira un toit et partagera sa maigre retraite avec elle le temps qu’elle trouve ce fameux travail bien payé. Son fils – qui, entre parenthèses, est un garçon extraordinairement doué, un génie, qui joue du piano – recevra une éducation anglaise. Le soir, ils parleront art, littérature, philosophie. C’est une femme cultivée, pas une commère tout droit sortie de sa campagne. Il s’est déjà renseigné sur ce qu’elle pense de Nietzsche et de Schopenhauer, entre parenthèses, et ils sont d’accord sur tout. Comme lui, elle admire l’art constructiviste et exècre le néo-classicisme. Ils ont beaucoup de choses en commun. Une base solide pour un mariage.
Afficher en entierticipés. Il la connaît depuis trois mois. Elle a un oncle à Selby, qu’elle est venue voir avec un visa de tourisme. Elle veut refaire sa vie à l’Ouest avec son fils, avoir une belle vie, un bon travail, un bon salaire, une belle voiture – hors de question Lada ou Skoda –, une bonne éducation pour son fils – Oxford ou Cambridge, rien d’autre. C’est une femme instruite, entre parenthèses.
Afficher en entierUkraïna. Il soupire, respirant le parfum inoubliable des foins coupés et des cerisiers en fleur. Quant à moi, je distingue nettement l’arôme synthétique de la Nouvelle Russie.
Elle s’appelle Valentina, me dit-il. Mais elle ressemble davantage à Vénus. « Vénus Botticelli émergeant de vagues. Cheveux d’or. Regard enchanteur. Poitrine remarquable. Quand tu la verras, tu comprendras. »
Afficher en entierDeux ans après la mort de ma mère, mon père tomba amoureux d’une séduisante Ukrainienne blonde divorcée. Il avait quatre-vingt-quatre ans et elle trente-six. Elle éclata dans nos vies comme une vaporeuse grenade rose, remuant les eaux troubles, ramenant à la surface une fange de souvenirs évacués, délogeant les fantômes de la famille d’un bon coup de pied au derrière.
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