Une Coupable Passion

Deux yeux aguicheurs le fixaient, à peine ouverts.

— Il fait toujours nuit ?

— Oui.

Il tenta de ne pas répondre au regard lascif qu’elle lui lançait, cherchant à toute vitesse quelque chose à dire pour briser le silence.

— Depuis combien de temps es-tu célibataire, Ana ?

Ana se redressa et s’assit dans le lit, tirant le drap à elle pour se couvrir les seins.

— Je l’ai été toute ma vie.

Bastien s’immobilisa.

— Tu… Tu étais vierge ?

Malgré lui, cet aveu lui plaisait, le flattait.

— Oui.

Il avait été son premier homme !

— Pourquoi ne pas me l’avoir dit ?

Il déplora d’avoir laissé filtrer un soupçon d’émotion dans sa voix.

— Quelle différence cela aurait-il fait ?

Les longs cheveux d’Ana retombaient avec grâce sur ses épaules nues. La vue du drap immaculé sur sa peau bronzée réactivait la libido de Bastien. Il tombait sous son charme de nouveau. Un désir confus l’envahit, mêlé à un certain dégoût de soi pour être ainsi incapable de résister.

— Bien sûr que ça fait une différence, nom d’un chien !

— J’ai essayé de te le dire.

— Tu n’as pas essayé assez fort !

— Mais… Tu as dû te rendre compte, non ?

Bastien s’en voulait. Il s’était conduit comme un loup affamé, égoïste, plaçant son propre plaisir avant toute chose. Tout ce qu’il avait désiré, c’était la posséder, la soumettre à son plaisir. Rien d’autre n’avait compté que son corps, même pas le fait qu’elle ait été vierge, à ce moment-là…

Il se laissa tomber sur le lit, la cuisse dangereusement proche de sa peau.

— Bastien, personne ne t’a mis de pistolet sur la tempe, reprit-elle. Tu aurais pu t’arrêter quand tu le voulais.

Il sentit la honte l’accabler.

— Non, je pense que j’en aurais été incapable.

Ils avaient dépassé le point de non-retour longtemps avant qu’il la fasse sienne…

Elle se mordit la lèvre à son adorable habitude, et son pouls grimpa dangereusement. Bon sang ! Il fallait qu’il mette de la distance entre eux deux, ou cette faim le consumerait entièrement.

— Si tu me l’avais dit clairement, les choses auraient été différentes.

— Différentes comment ? demanda-t-elle, le timbre voilé.

— J’aurais été plus gentil, plus attentionné. J’aurais pris plus de temps…

— Je suis contente de la manière dont tout s’est déroulé. Si tu étais allé plus lentement, l’un de nous deux serait devenu violent, fit-elle avec un regard malicieux.