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Sa voix résonnait en moi, sourde et triste. Ensuite, elle était couverte par le souvenir de clameurs – des cigales, puis des coups de feu, et enfin le silence.
Afficher en entierMa grand-mère avait un visage mince, anguleux et une réserve illimitée de faux bijoux indiens, tous en argent serti de turquoise, qui pendaient en grappes à son cou décharné et ornaient ses doigts grêles. Comme elle habitait plus bas que nous dans la colline, près de la route nationale, nous l’appelions grand-mère-en-bas-de-la-colline. C’était pour la distinguer de la mère de notre mère, que nous appelions grand-mère-en-ville parce qu’elle habitait à une vingtaine de kilomètres plus au sud, dans la seule bourgade du comté, qui n’avait qu’un seul feu de circulation et une épicerie.
Afficher en entierToutes les histoires de mon père tournaient autour de notre montagne, de notre vallée, de notre petit bout de terre déchiquetée d’Idaho. Il ne m’a jamais dit quoi faire si je quittais la montagne, si je traversais les océans et les continents, si je me retrouvais en terre étrangère, et que je ne pouvais plus scruter l’horizon à la recherche de la Princesse. Il ne m’a jamais dit quel serait le signe pour moi qu’il était temps de rentrer chez nous.
Afficher en entierQuatre des sept enfants de mes parents n’ont pas d’acte de naissance. Nous n’avons pas de dossiers médicaux, parce que nous sommes nés à la maison et n’avons jamais vu un médecin ou une infirmière. Nous n’avons pas de dossiers scolaires parce que nous n’avons jamais mis les pieds dans une salle de classe. À neuf ans, on me délivrera un « acte de naissance tardif », mais pour le moment, à en croire l’État d’Idaho et le gouvernement fédéral, je n’existe pas.
Afficher en entierEn me tournant vers notre maison à flanc de coteau, je perçois des mouvements différents ; de hautes ombres poussent avec fermeté contre le courant. Mes frères sont réveillés, ils tâtent le temps. J’imagine ma mère au fourneau, occupée à cuire ses galettes de son. Je me représente mon père courbé en deux près de la porte de derrière ; il lace ses bottes au bout en acier et enfile ses gants de soudure sur ses mains calleuses. Sur la grande route en contrebas, les bus scolaires passent sans s’arrêter.
Je n’ai que sept ans, mais je comprends que c’est surtout ça qui rend ma famille différente : nous n’allons pas à l’école.
Afficher en entier<<Le chant s'est achevé et je suis restée assise, sidérée, jusqu'au morceau suivant, puis les autres, jusqu' à la fin du C. D. Sans cette musique, la chambre paraissait sans vie. J'ai demandé à Tyler si nous pouvions le réécouter... (...) la musique est devenue notre langage. (...) J'étais aussi bagarreuse que mes frères, mais quand j'étais avec Tyler, je me transformais. Etait-ce la musique, la grâce de ces chants, ou sa grâce à lui ? En un sens, il m'amenait à me regarder avec ses yeux à lui. (p. 76)>>
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