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— Vous avez de ces comparaisons !
— C’est vrai, dit Mary mi-vexée. Laissez-moi vous expliquer : un dossier, c’est comme une pierre sur la grève à marée basse.
— Certes, dit Bredan en montrant ses armoires débordantes de papiers, pour le nombre, la comparaison vaut.
Mary voulut expliciter sa pensée :
— Ce que je veux dire, c’est que, quand vous ouvrez un de ces dossiers, c’est comme quand vous soulevez une pierre sur la grève, quelquefois il y a un gros crabe dessous.
Bredan rigola de nouveau, plus fort encore que la première fois, au point que des petites larmes perlèrent aux coins de ses yeux plissés. Il ôta ses lunettes et les essuya d’un pouce épais.
— Ah, inspecteur, vous avez de ces comparaisons ! Assimiler le travail de bureau à la pêche à pied, faut oser ! Qu’importe, vous m’aurez fait bien rigoler !
Il remit ses lunettes, reprit son déchet de mégot qu’il avait posé dans un cendrier, tandis que Mary le regardait d’un air mi-figue mi-raisin :
— Et aux PTT ou à l’Urssaf, que trouve-t-on derrière les dossiers ?
— D’autres dossiers, patron, toujours d’autres dossiers, c’est comme quand on met deux miroirs face à face, ils se renvoient leur image à l’infini. Tandis que chez nous, quelquefois, un crabe, un gros crabe…
Elle sortit en fermant doucement la porte sous le regard de Bredan, interdit, qui tentait de rallumer ce qui restait de sa cigarette.
— Mais c’est qu’elle ne rigole pas ! s’exclama-t-il quand il fut seul.
La porte se rouvrit et le visage de Mary réapparut dans l’embrasure :
— Chef, dit-elle, il n’y a jamais de gros crabes dans vos dossiers ?
— Pas ces temps-ci, non. Mais ça arrive, voyez-vous, jeune fille. Cependant, en général, ce sont les vieux pêcheurs qui s’occupent du gros gibier.
— C’est-à-dire ?
— Le patron, quand il est là.
Afficher en entier“C’était avenant comme un caveau de famille, et il y faisait un tout petit peu plus froid.”
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