Extraits

Assise dans son salon, elle s'étonna un peu, car le même phénomène s'était produit plusieurs fois depuis quelques jours, elle en était maintenant certaine : l'ascenseur montait jusqu'au huitième étage, ses portes automatiques s’écartaient, puis plus rien

Elle se demandait si Burton avait réellement compris. Vivre avec un dangereux psychopathe changeait tout, cela modifiait la perception du monde, mais aussi les sentiments de sécurité ou de stabilité qui avaient pu exister autrefois.

Il y avait toujours eu des bruits dehors, dans la forêt, et aussi dans la maison, mais Anne les avait depuis longtemps répertoriés dans un coin de sa conscience. Elle connaissait le craquement de la charpente, le gargouillis des tuyaux de radiateurs, le murmure du vent dans les arbres, les cris des bêtes qui vivaient autour d'elle. Le bruit qu'elle venait d'entendre était différent. Il lui fit lever la tête.

Elle n’avait plus faim tout à coup. À son tour, elle reposa sa pizza. Elle sentait que Tara voulait se débarrasser d’elle, et elle pensait en connaître la raison : Tara aussi avait peur. Si un meurtrier en voulait à Gillian, la personne qui essayait de la cacher devenait nécessairement une cible.

Il lui semblait n’avoir rie d’autre à faire depuis trois jours que rester assise sur le canapé, le regard fixe, ne comprenant pas ce qui était arrivé dans sa vie. Où cela avait dérapé. Elle faisait la cuisine, plutôt pour Beckham. Elle rangeait l’appartement, prenait une douche le matin et mettait des sous- vêtements propres, chargeait le lave-vaisselle et le vidait à la fin du programme.

Je ne suis pas marié. C'est volontaire. Pour ne pas avoir à me poser ce genre de question.

On s'éloignait très vite de la normalité quand on se levait seule le matin, qu'on prenait seule son petit déjeuner avant de passer la journée à lire et à regarder la télévision dans son petit appartement, ne faisant plus que rarement l'effort de sortir pour une petite promenade avant de revenir manger seule le soir et se réinstaller devant la télé. On perdait le contact avec ceux dont la vie quotidienne comportait un travail, des collègues, un conjoint, des enfants, avec toutes sortes de soucis et de problèmes, mais aussi de joies. Peut-être les autres la trouvaient-ils déjà bien plus bizarre qu'elle ne s'en rendait compte elle-même.

Dimanche 22 novembre

Pourtant, c’était sa vie. Il n’y était pas très heureux, mais c’était celle qu’il connaissait, qui lui était familière. Il avait appris à s’en accommoder, à sa manière, il s’y retrouvait.

Les femmes ne s'intéressent pas à moi. Quoi que je fasse pour elle. Je pourrais aussi bien être invisible. Ou avoir une odeur qui fasse faire tout le monde à des kilomètres. Je pensais qu'avec Gillian ce serait peut être différent, mais en fait elle aussi me traitre comme de la merde. Il me faut pas que je laisse la haine prendre trop de place en moi. La haine est destructrice. Y compris pour celui qui l'éprouve.

-Les hommes tels que lui commencent toujours de la même façon, avait-elle répondu d'une voix douce. Ils ôtent à leur victime toute confiance en elle. Ils détruisent son âme. Un jour, on se retrouve sans force pour partir. On ne croit plus en soi. On ne se sent plus capable de maîtriser quoi que ce soit dans sa vie. On s'accroche à son bourreau, parce qu'il vous détruit d'abord avant de vous persuader que vous ne pourriez pas exister sans lui.