Une histoire du milieu : grand banditisme et haute pègre en France de 1850 à nos jours

Pour ceux qui ont la chance de sortir avant vingt et un ans, la majorité, c’est le retour dans le quartier. Endurcis et entourés de l’auréole des affranchis, les anciens colons ont acquis la mentalité qui règne dans leur futur métier. Habitués à la loi du plus fort – et du plus malin –, ils ont les réflexes nécessaires à leur survie ainsi qu’un début de carnet d’adresses. Titulaires d’un casier, ils trouvent plus difficilement du travail. Sans compter qu’ils sont à l’âge de la puberté… Suivant l’exemple de ses aînés, le jeune marlou s’adjoint les services d’une « promeneuse d’amour », dont il surveille le soir les déambulations intéressées. C’est sa « première marmite ». Une fleur du pavé issue des mêmes quartiers. La fille subvient à ses besoins. Il habite un hôtel borgne et fréquente les débits de vin. Ses journées, il les passe à jouer aux cartes – manille, marseillaise, passe anglaise… – avec ses semblables. Son territoire est délimité par son quartier, en périphérie de la ville, ses bals et ses estaminets. Sa femme travaille le plus souvent sur les boulevards extérieurs, le long des fortifications. Ou carrément sur ces dernières. Jeunes vagabonds et pierreuses s’y côtoient. Les voyous y règlent leurs comptes à coups de couteau, au rasoir ou à la savate. En direction de la banlieue s’étend la zone non aedificandi (espace interdit de construction), une bande de terrain de deux cent cinquante mètres de large. C’est là que se concentrent les villages des biffins (chiffonniers).