Extraits

"Je n'en reviens pas d'avoir bien entendu. Il l'a dit. Il l'a bien dit. Notre agence de détectives (ce cabinet d'investigations Wells-Cartwright dont j'ai toujours rêvé) et nos trois enfants (Jack, Emily, et Charlotte, la petite dernière) existeront peut-être un jour... et dans pas si longtemps !

Oh, mon dieu ! ça y est. Je vais tomber dans les pommes.

Une seconde ! Non ! Je suis trop... je suis trop bien."

-Tu es venue!

C'est ce que s'exclame Tad Tocco , le professeur de maths qui me donne des cours de rattrapage , tandis que je m'avance vers lui , ce matin-là, dans le parc de Whashington Square.

Il ne m'embrasse pas , car notre liaison est illicite . Mes professeurs-surtout les professeurs adjoints titulaires du département de mathématiques -ne sont pas censés avoir des aventures avec leurs étudiants.

Même les étudiantes qui comme moi frisent la trentaine et travaillent comme directrices adjointes d'un des dortoirs de la fac.

-Bien sûr que je suis venue! dis-je, comme si le contraire eût été impossible.(p.7)

- Cooper... on ne pourrait pas...

- Non, réplique-t-il d'une voix ferme. Je t'ai dit que je ne voulais pas être un amour-pansement. À ce moment-là, j'étais sincère. Mais je ne m'attendais pas à ce que tu trouves un amour-pansement si...

Je fais la grimace.

- Écoute... je sais. OK? Mais...

- ... si parfait, conclut Cooper.

J'écarquille les yeux, m'imaginant avoir mal entendu.

- Une seconde... Quoi?

- Enfin, je ne pensais pas qu'il te demanderait de venir vivre avec lui, explose Cooper. Et que tu dirais oui!

- Je n'ai pas... je n'ai pas dit oui!

Cooper resserre brusquement l'étreinte de ses mains.

- Attends... tu n'as pas dit oui?

Son regard est déterminé. Je note que ses pupilles font toujours la même taille.

- Mais alors, quand tu discutais avec Tad un peu plus tôt...

Soudain, j'ai la bouche sèche. Et je commence à songer que ma journée ne va peut-être pas si mal finir après tout.

- J'ai dit non.

Inutile de lui expliquer ce que Tad m'a demandé, au juste -- et à quoi j'ai dit non. Quel besoin a-t-il de le savoir?

- Et ton père? ajoute lentement Cooper ce projet avec Larry?

- À ça aussi, j'ai dit non.

[...]

- Ouais. J'aimerais pouvoir en dire autant... mais moi, je suis prêt à ce que ça change.

Un moment de silence total accueille la conclusion de mon speech. Des applaudissements suivent, d'abord discrets. Puis Cooper se lève, hurle ""Bravo !"" et claque bruyamment des mains. Après avoir jeté un coup d'oeil par-dessus son épaule, Tad se dresse sur ses talons et fait de même. Alors, les timides applaudissements se transforment en standing ovation.

Ça va, toi ?

- Ouais, dis-je, surprise. Pourquoi ça n’irait pas ?

Cooper baisse les yeux vers moi, l’air ironique.

- Pourquoi ? Bon dieu, j’en sais rien. Parce que quelqu’un a descendu ton boss d’une balle dans la tête ce matin, par exemple ?

-Bon, dis-je . On ferait mieux d'aller déjeuner , j'imagine . Avant que quelqu'un d'autre ne se fasse descendre .

Ma petite blague n'amuse personne . Or , pour citer Sarah : << On a souvent recours à l'humour noir pour casser le lien entre un stimulus insupportable et un réaction émotionelle non désirée >>

J'émets un long sifflement.

-Vingt mille dollars. Ce devait être un sacré service !

-Limoges, réplique Muffy. Avec liseré. Huit pièces, pour vingt personnes. Rince-doigts compris.

-Que dites-vous de ça, mademoiselle Heather Wells ?

Je souris.

-Que je l'avais toujours su, je réponds.

Ohé, au fait, visez un peu ! J'ai réussi à faire un tour complet du parc ! Une fois. D'accord, j'ai marché les trois quart du temps, mais quand même... Plus que onze tours à effectuer ! Ouais, c'est du gâteau, ces cinq kilomètres !

Je bondis hors de la chaise, derrière le bureau, et me dirige vers la porte. Vous savez que vous êtes en train de passer une sale journée au boulot quand vous êtes soulagé de devoir aller subir l'interrogatoire d'un inspecteur de la brigade criminelle.