Commentaire de Myfanwi

Ce n’est pas la première fois que nous rencontrons Julia Weber sur ce blog, puisque nous avions déjà lu A walk on the white side, un excellent roman publié en 2019. C’est un peu la même configuration que l’on retrouve dans ce deuxième roman : un texte très contemporain, qui prend parfois des allures de thriller, avec une toute petite pointe de fantastique qui vient bousculer un peu ce qui se passe.

J’ai complètement adoré ma lecture. Le style d’écriture est extrêmement original et percutant. Les chapitres sont très courts, les phrases également, avec beaucoup de phrases non-verbales. Parce qu’il n’y a pas besoin d’en dire plus. Parce qu’il n’y a pas besoin de longs discours pour comprendre l’histoire. J’ai accroché immédiatement, et avec le suspens qui s’installe petit à petit, il va vous être impossible de décrocher du livre. C’est addictif, c’est percutant, et ça va vous faire passer par toutes les émotions possibles et inimaginables.

L’histoire alterne les points de vue des deux personnages principaux. Tout d’abord, on a Blanche, une jeune femme marquée par un drame récent, celui de la mort de ses parents, et qui peine à remonter la pente. Elle noie sa peine dans le travail, au Paradis, un bar simple, mais accueillant. Blanche n’a pas peur d’affirmer ses opinions. Si elle a quelque chose à dire, elle le dit. Parfois ça fait mal, parfois ça fait rire, mais c’est la vie. J’ai adoré la suivre tout au long de son roman, où elle évolue énormément entre le premier et le dernier chapitre.

Celui qui provoque ce changement, c’est David Kellerman, un artiste très populaire il y avait quelques années, surtout auprès des femmes, mais qui, marqué lui aussi par les drames de la vie, a choisi de vivre reclus. Après tout, quand on est seul, il n’y a plus personne pour vous emmerder. On le suit dans sa vie quotidienne, mais aussi dans son passé, afin que le lecteur puisse comprendre comment il en est arrivé là, fragment par fragment, à mesure qu’il revisite ses souvenirs. David est aussi malade, même s’il refuse de l’accepter, et il est en train de réaliser tout ce qu’il a manqué dans sa vie jusqu’à présent.

Blanche, elle vient donner un grand coup de pied dans le morne quotidien de David, pour l’encourager à se reprendre en main, tant bien que mal. Joueuse, elle s’est donnée pour défi de le faire sortir de sa zone de confort, et plus important encore, de le faire parler. J’ai beaucoup aimé l’évolution de la relation entre les deux personnages, qui passent lentement d’étrangers à amis proches, alors même que leur rapprochement semble parfois poussé de manière inattendue.

Cette histoire, elle parle de nombreuses choses : d’amitiés sincères, d’amours perdus, de mariages ratés, de maladie, de mensonges, de trahisons, de rejet. Je trouve que c’est une chouette ode à l’humanité dans tout ce qu’elle a à offrir, à la fois parfaite et imparfaite. Le ton du texte est amer, avec des moments de joie et des moments qui vont vous faire sentir terriblement mal. Il n’y a pas de bien, pas de mal, seulement la vie et ses nombreux imprévus.

Bruce est l’un de ces imprévus. Dernier personnage important de l’histoire, il est là, sans être vraiment là. C’est un personnage extrêmement mystérieux, qui n’apparait que lorsqu’on a besoin de lui et qui disparait sans traces par la suite. Il est à la fois agaçant et attachant, et nos deux personnages sont incapables de savoir s’ils ont confiance ou non en lui. Après tout, ils ne savent même pas qui il est. Cet homme qui s’incruste dans leur vie, que veut-il ? C’est une des intrigues de ce roman, l’autre étant de retracer le passé des deux personnages. Pourquoi s’intéresse-t-il tant à eux ? Pourquoi souhaite-t-il à ce point qu’ils se rapprochent ?

Vous découvrirez la réponse en lisant par vous-même, parce que je ne peux vraiment pas vous donner plus d’informations sur le sujet sans spoiler le livre.

La surprise reste normalement opaque jusqu’à la toute fin du roman, même si j’avoue avoir compris à la moitié ce qu’il se passait. Mais c’est de ma faute, à trop décortiquer les livres, on repère facilement les indices ah, ah. Le ton du récit évolue aussi peu à peu, pour devenir assez sombre sur la fin. J’ai trouvé qu’il y avait un petit air de Life is strange pour l’intrigue, et comme c’est l’un de mes jeux préférés, ça m’a fait grandement plaisir. Cela dit, même en connaissant la fin, j’ai passé un excellent moment de lecture. Ce roman est une pépite qu’il faut expérimenter par soi-même, et je vous encourage vivement à aller le découvrir.

Je le dis un peu à chaque coup de cœur, mais je pense que c’est un des meilleurs romans que j’ai lus cette année. Et puis, rien que pour la plume de Julia Weber, qui est incroyable, recherchée et très originale, ça vaut totalement le coup ! Foncez vous le procurer, il n’est pas si long en plus, à peine 280 pages.

Lire la chronique en entier : https://lantredemyfanwi.wordpress.com/2021/09/20/inceptio-une-jeune-femme-au-paradis-julia-weber/