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C'est précisément cette gémellité frappante avec l'école et le travail qui me gêne. Ces arrangements incessants avec notre liberté de penser, d'agir et d'aller où bon nous semble, nous ne les avons acceptés qu'en rêvant à ce moment béni où nous pourrions nous en affranchir : "Quand je serai à la retraite, j'aurai le temps de faire ci, de voir ça, d'aller là-bas..." Tu parles. A peine libéré, ça recommence : il faut dérouler le fil dans l'autre sens, en cherchant à recréer au plus vite le cadre qui nous étouffait tellement. L'emploi du temps, le lieu unique, les camarades, les obligations quotidiennes sont de retour. Plus de parents, plus de profs, plus de patron. On se croit sauvé, on s'imagine qu'on sera libre, mais tout à coup, c'est pire : c'est la mort qui nous talonne, surveillant le moindre de nos pas.
Afficher en entierEt si moi j'avais envie d'avoir la paix, enfin ? Et si, pour la première fois de ma vie, j'avais envie d'être inutile ? De ne pas avoir un foutu d'emploi du temps à suivre à la lettre, pour oublier que c'est vers la mort que je vais tout droit ? Et si je pouvais choisir ce que j'ai envie d'accomplir ?
Afficher en entierRelire un roman, c'est retrouver des amis. L'histoire est écrite d'avance et réserve assez peu de surprise, mais on est toujours content de se revoir et de se tenir un peu compagnie. l'avantage, c'est qu'on peut partir avant le dessert ou passer les chapitres qui ne nous emballent pas. Je saute les pages, je reviens en arrière, j'ai tous les droits sur mon auteur. Je suis chez moi dans cette histoire.
Afficher en entierJ'ai envie de disparaître. Les deux grosses bougies de mauvais goût se consument mollement devant moi. Le 6 tient encore le coup, mais le 0 n'a déjà plus de forme. J'ai l'impression d'être au crématorium, en train de regarder mes precieuses années se diluer dans de la cire chaude. Le gâteau, les sourires extatiques des enfants : tout est trop sucré.
Je fais bonne figure. Comme toujours. Je souris, je remercie tous ces visages que j'aime tant. Ils me sentent flancher, aloes ils en rajoutent. J'ai l'impression d'être entourée de formol : on me préserve, on me ménage. Mais laissez-moi vieillir, merde§
Comme s'il lisait mes pensées, mon gendr-toujours-aussi-con lance à la cantonade:
- N'empêche, Caro, vous êtes quand même super bien conservée.
Lise lui lance son regard noir, qui me rend si fière. ça ne pouvait pas être prire. Une caravne d'anges passe lentement.
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