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Vingt-quatre heures, déjà, qu’Aramis et Porthos avaient quitté la prison d’État. Depuis, ils parcouraient une contrée accidentée sans aucune fâcheuse rencontre. Cela tenait du miracle ! À ce rythme, ils envisageaient de regagner Paris sous peu. À mi-parcours, sous une pluie battante, ils ralentirent leur cadence. Arrivés à un carrefour, ils pouvaient soit emprunter une forêt et gagner du temps, soit galoper de plaine en plaine durant encore cinq jours. Le choix fut vite effectué : le chemin le plus court fut pris ! À mesure qu’ils s’enfonçaient dans la forêt dense de chênes verts, ils redoublaient de précaution.
– J’ai là dans mon pourpoint des aveux en bonne et due forme rédigés par Aligre. Je dois les remettre au capitaine. Il y a couché des noms qui le laissent sans inquiétude quant à sa libération. Il est fort possible que nous soyons attaqués en route.
– Sans blague, Aramis, tu me prends pour un débutant ?
– Il en va de la sécurité de la France. Nous devons défendre ce document coûte que coûte.
– À nous deux, nous devrions en être capables ! J’en suis certain.
– Cependant… si le ciel permettait qu’une balle m’atteigne et me tue… évoqua Aramis…
– Les balles te fuient, qu’est-ce que tu racontes ? Dieu ne protège-t-il pas ses ouailles ?
– Il faut tout prévoir, Porthos. Au cas où, tu t’en empares et tu fonces à Paris le remettre au capitaine qui se chargera du reste.
– Très bien, je l’avalerai si cela peut te faire plaisir. Mais nous n’en sommes pas là !
Afficher en entier« CRIME DANS LA MAISON ROYALE : Un crime odieux de lèse-majesté a été commis à Versailles au relais de chasse de Sa Majesté, notre bon Roy Louis le treizième. Tous les faucons de la volière royale ont été retrouvés sans vie, le cou tordu. Près d’eux, le fauconnier, au service du Roy depuis trois ans, a été découvert dans une étrange posture : éventré et pendu par les pieds, ses tripes gisant dans une mare de sang. Le pire était à venir ! Le Roy en est encore tout bouleversé : sa chèvre savante a été égorgée sauvagement… de plus, non seulement, ses cornes ont été sciées, mais elles ont disparu. Le diable est-il parmi nous ? À ses pieds, quelques pistoles… les Espagnols sont-ils derrière ce crime odieux ? QUI VEUT LA MORT DE SA MAJESTÉ LOUIS LE TREIZIÈME ?
À la rubrique « le bruit qui court sur les choses advenues », les Parisiens prenaient connaissance d’une seconde affaire, une de celles qui alimentaient leur chaumière depuis ce début d’année de l’an de grâce 1634 :
« FUNESTE ÉPISODE : depuis le début de l’année de l’an de grâce 1634, la capitale connaît une série de disparitions inquiétantes et inexpliquées. Une enquête a été ouverte par le prévôt du Grand-Châtelet, Gilles de Clamecy. Selon nos informations, la piste criminelle est à envisager. Aujourd’hui, pour la troisième fois, une jeune fille a mystérieusement disparu non loin des quais de la Seine. La consternation peut se lire sur tous les visages des habitants du quartier ! La pieuse et très vertueuse sœur Marie-Isabelle, âgée d’une quinzaine d’années, était partie œuvrer vers six heures du soir, mardi, mais elle n’est jamais rentrée au couvent, explique Louise de Marillac1. Mercredi, vers midi, la fondatrice de l’Ordre des filles de la Charité2 a prévenu la police du Grand-Châtelet. C’est avec douleur et compassion que nous compatissons avec cette communauté des religieuses bienfaisante qui lance un appel : “Aidez-nous à retrouver ces jeunes filles en sillonnant les rues de la capitale et les chemins de campagne autour de Paris. Que Dieu vous bénisse tous !” »
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