Ajouter un extrait
Liste des extraits
Je m'invente des ancres pour rester amarrée à la vie, pour ne pas être emportée par le vent mauvais, je m'invente des poids pour tenir au sol et ne pas m'envoler, pour ne pas fondre, me dissoudre, je m'y accroche pour repousser le prénom qui cogne à mes tempes, à mon cœur, à tout mon corps, pour tenir à distance ce halo d'ombre qu'il agite autour de moi. J'invente tout ça pour me protéger de la houle qui arrive en traître, de côté, qui donne de la gîte à ma pauvre embarcation. Et ma tête tourne, ivre de tant d'absence.
Afficher en entierJ'invente tout ça pour me protéger de la houle qui arrive en traître, de côté, qui donne de la gîte à ma pauvre embarcation. Et ma tête tourne, ivre de tant d'absence.
Afficher en entierSon absence est ma seule certitude, c'est un vide, un creux sur lequel il faudrait s'appuyer, mais c'est impossible, on ne peut que sombrer, dans un vide.
Afficher en entierJ'aimais ses silences et sa façon de regarder l'horizon. Et puis le désir nous avait pris, un soir d'été, sur la lande ; nous nous étions fiancés comme ça, sur un lit de bruyère (...)
Afficher en entierPage 147
"Car toujours les mères courent, courent et s'inquiètent, de tout, d'un front chaud, d'un toussotement, d'une pâleure, d'une chute, d'un sommeil agité, d'une fatigue, d'un pleur, d'une plainte, d'un chagrin. Elles s'inquiètent dans leur cœur pendant qu'elles accomplissent tout ce que le quotidien réclame, exige, et ne cède jamais. Elles se hâtent et se démultiplient, présentes à tout, à tous, tandis qu'une voix intérieure qu'elles tentent de tenir à distance, de museler, leur souffle que jamais elles ne cesseront de se tourmenter pour l'enfant un jour sorti de leur flanc.
Afficher en entierPage 127.
"Dans le noir, on peut continuer à faire le tour du monde. Pour moi, pourtant, le monde n'est pas rond, il est un simple fil, un fil dont je ne vois pas l'extrémité, jeté au-dessus du vide, sous un ciel bas, et j'ignore si chaque pas rapproche mon fils ou l'éloigne de moi."
Afficher en entierPage 115.
"Les choses des corps et de la nuit, des lèvres, des langues et des mains, de salive, de sueur, de peau, les choses obscures qui font crier et gémir. Les choses du feu, de la langueur et des tremblements ; celles de la transe archaïque et éternelle, des corps qui se cherchent, qui dansent, luttent et s'épuisent, des griffures, des morsures, et le poids léger des lèvres posées sur les paupières, les tressaillements de la peau qui brûle, les effleurements et les gorges qui rugissent. Les odeurs lourdes, tenaces, des corps et des ventres."
Afficher en entierPage 93.
"Ma maison à moi, c'est l'attente. C'est l'océan et le bateau de Louis. Quelque part sur une mer du monde. L'incertitude comme seul point fixe. Sous mes gestes de chaque jour, il n'y a que du vide. De la place pour les songes apportés par le vent, pour les mots racontés par les flots."
Afficher en entierCes jours qui décident de toute une vie. On les oublie, mais ils sont là, ballottés dans le grand désordre de la mémoire, dans cet entassement d'images et de sensations confuses, laissées au bord de l'oubli, ils demeurent intacts, et un jour on s'aperçoit qu'ils ont décidé de tout, à notre insu.
Afficher en entier