Extrait

Marche vida ce qui restait de vin dans son verre. Il était à peine vingt-et-une heures, songea-t-il.

L’heure où débutait la vie nocturne, en temps normal, mais ce soir, c’était sa nuit de noces. Il était censé se retirer tôt et… s’activer dans le but de se reproduire. Il croisa les bras et se demanda s’il n’y avait pas un jeu de cartes dans l’un des tiroirs lorsque Valentin lui jeta, par-dessus son épaule, un rapide coup d’œil aussi létal qu’une flèche tirée par une arbalète. Réagissant d’instinct, Marche posa la main sur la joue lisse du jeune homme. Des mèches soyeuses caressèrent ses doigts lorsqu’il effleura du pouce le lobe d’une oreille délicate.

Lorsque le duc l’étreignit par derrière, Valentin détourna la tête et se mordit les lèvres pour étouffer un cri. Paralysé par des sensations contradictoires, il ne résista pas quand Marche le serra contre lui. Un objet long et dur s’incrusta dans le pli de ses fesses. Alors, tout le bas de son corps lui parut fondre dans un délicieux incendie. Les genoux coupés, Valentin s’affaissa contre le corps solide du duc.

Marche le soutint plus fermement encore et promena ses lèvres sur sa nuque.

- Lord Blythestone, demanda-t-il avec aplomb, auriez-vous déjà couché avec un homme ?

Valentin secoua la tête, étourdi par les sensations qui bombardaient son système nerveux sous les grandes mains qui massaient et caressaient son corps.

- Non, jamais, souffla-t-il. Ni homme ni femme.

Marche se figea un moment.

- Jamais ?

- Je ne crois pas… que je devrais faire… ceci.

- Il ne s’agit pas d’un péché, Blythestone. Après tout, nous sommes mariés.

- Lord Marche ! Je vous ai déjà signalé que vos sarcasmes m’étaient pénibles.

- Et mes caresses, vous répugnent-elles ?

- Non !

Valentin émit un halètement étranglé en sentant Marche lui mordiller le cou, puis apaiser d’un coup de langue la brève douleur qu’il venait de causer.

- Que ressentez-vous quand je vous fais cela ? demanda Marche.

- Les mots me manquent pour l’exprimer. Seule me vient l’exaltation dont j’ai lu la description lors de la béatification d’un saint.

- C’est sans doute un compliment.

- Je ne pourrais le dire. Est-il normal que mon sang flambe ainsi sous la main d’un homme?

- Je ne me pose jamais de telles questions. Je me contente d’apprécier le moment et le plaisir brûlant.

Tout en parlant, Marche fit glisser sa main sur le ventre du jeune homme.

- Ne souhaitez-vous rien d’autre ? haleta Valentin.

- Au contraire, je veux bien davantage.

Un souffle ardent chauffa la joue de Valentin, puis Marche se pencha et s’empara de ses lèvres.