Ajouter un extrait
Liste des extraits
Dès l'entrée de la romancière, il comprit qu'il ne s'était pas trompé : elle paraissait véritablement soucieuse. Il l'accueillit avec sa courtoisie habituelle, la fit asseoir, lui servit le café et lui tendit un verre de kirsch. — Ah ! commença Mrs. Oliver en poussant un soupir, j'imagine que vous allez me trouver terriblement sotte. Néanmoins… — J'ai lu dans le journal de ce soir que vous aviez assisté aujourd'hui à un déjeuner littéraire. Je m'étais imaginé que vous n'y alliez jamais. — Je me rends souvent à des cocktails, mais rarement à des repas, c'est vrai. Et je ne suis pas près d'y retourner. — Cela ne vous a pas plu ? — Si, jusqu'à un certain point. Mais ensuite, il s'est produit quelque chose d'ennuyeux. — Et c'est là, je présume, ce qui vous a incitée à venir me voir
Afficher en entier« Les éléphants se souviennent, répondit la romancière. Mais nous sommes des humains et, Dieu merci, les humains oublient. »
Afficher en entierSes doigts tambourinaient nerveusement sur la tablette qui supportait l'appareil. — Serait-ce… — Ariane Oliver, annonça la romancière, toujours surprise que ses amis ne reconnaissent pas sa voix immédiatement. — Oui, je serai chez moi toute la soirée. Cela signifie-t-il que je pourrais avoir le plaisir de votre visite ? — C'est très aimable à vous d'envisager la chose sous cet angle, car je ne suis pas certaine que cette visite vous soit tellement agréable
Afficher en entierDemander à Celia ! Je ne vois guère comment je le pourrais. À l'époque du drame, elle n'était qu'une enfant. — Je suppose, néanmoins, qu'elle est au courant de l'affaire. Les enfants savent toujours beaucoup de choses. Et je suis sûre qu'elle vous dirait, à vous, tout ce qu'elle sait. — Il me semble que vous feriez mieux de lui poser la question vous-même. — Je ne crois pas pouvoir le faire. Je suis convaincue que cela ne plairait pas à Desmond. Voyez-vous, il est assez… susceptible quand il s'agit de Celia. Et je ne pense vraiment pas que… Mais je suis sûre qu'elle vous raconterait tout. — Jamais je ne m'aviserai de lui poser une telle question, déclara Mrs. Oliver
Afficher en entierJe suis désolée de ne pouvoir vous aider, car je n'ai jamais été au courant des détails de l'affaire. — Cependant, insista encore Mrs. Burton-Cox, avec les histoires prodigieuses que vous écrivez, vous connaissez forcément la criminologie. Vous savez quelles personnes sont susceptibles de commettre des crimes, et pourquoi… — Je ne sais rien, trancha Mrs. Oliver sur un ton qui, maintenant frisait l'impolitesse. — Rendez-vous compte que l'on ne sait pas auprès de qui s'informer. Après tant d'années, il est impossible de s'adresser à la police, qui, j'imagine, ne voudrait rien dire, étant donné que l'affaire a été manifestement étouffée. Et pourtant, je sens qu'il est important que je sache la vérité
Afficher en entierOh non ! Ce n'était pas un accident. Cela s'est passé dans le Kent, où les Ravenscroft avaient une villa au bord de la mer. Un jour, on les a retrouvés tous les deux sur la falaise, tués chacun d'une balle de revolver. Mais la police n'a pu déterminer si la femme avait tué son mari pour se suicider ensuite, ou bien si c'était l'homme qui avait d'abord tiré sur sa femme avant de se donner la mort. L'examen des balles par les experts n'a donné aucun résultat positif, et on a pensé qu'il pouvait s'agir d'un double suicide. Mais il aurait pu évidemment s'agir d'un homicide par imprudence suivi de suicide. Pourtant, tout le monde semblait persuadé que le meurtre avait bien été volontaire, et il courait dans la presse et dans le public des quantités d'histoires
Afficher en entierMrs. Oliver se tortura l'esprit pour tâcher de trouver une réponse adéquate. Celia était sa filleule, et sa mère – Molly Preston – avait été autrefois une de ses amies, quoique pas particulièrement intime. Elle avait épousé un officier du nom de Ravenscroft. À moins que ce ne fût un ambassadeur. Il était étrange qu'elle ne pût se souvenir de ce genre de choses. Elle ne se rappelait même pas si elle avait été demoiselle d'honneur au mariage. Ensuite, les Ravenscroft avaient quitté l'Angleterre pour partir au Moyen-Orient, ou aux Indes, elle ne savait plus. Elle les avait revus de temps à autre, lors des brefs séjours qu'ils avaient faits en Angleterre, mais elle n'en conservait qu'un souvenir très vague. Un peu comme ces photos fanées que l'on retrouve en feuilletant un vieil album
Afficher en entierDu moins est-ce leur idée à tous les deux pour le moment. Mais vous concevez qu'il est indispensable de connaître les gens, et il y a un point que je désire fort élucider. C'est une chose assez particulière et que je ne pourrais pas demander – comment dirai-je ? – à une étrangère. Mais vous, chère Mrs. Oliver, vous n'êtes pas vraiment une étrangère. La romancière se dit qu'elle souhaiterait bien l'être, car elle commençait à se sentir un peu inquiète. Je me demande, songea-t-elle, si Celia n'a pas eu ou n'est pas sur le point d'avoir un bébé et si on ne s'imagine pas que je suis au courant des faits. Ce serait terriblement embarrassant. D'un autre côté, étant donné que Celia doit maintenant avoir vingt-cinq ou vingt-six ans, il me serait très facile de répondre que je ne sais rien
Afficher en entierMais aucune image récente de la jeune fille ne se présentait à son esprit. Elle se rappelait lui avoir offert pour son baptême une très belle passoire en argent de l'époque de la Reine Anne. Excellent ustensile pour passer le lait, mais aussi le genre d'objet que sa filleule pourrait toujours vendre un bon prix si elle avait un jour besoin d'argent liquide. Combien il était plus facile de se rappeler les cafetières, les passoires ou les timbales de baptême que l'enfant lui-même ! — Mais il y a bien longtemps que je ne l'ai vue, ajouta-t-elle. — C'est, je crois, une jeune personne assez indépendante et impulsive, qui change souvent d'idée. Très intellectuelle, au demeurant, et qui a bien réussi à l'université. Mais ses opinions politiques… Enfin, je suppose que tous les jeunes gens s'intéressent plus ou moins à la politique, de nos jours. — J'avoue ne pas entendre grand-chose à la question, répondit Mrs. Oliver pour qui la politique avait toujours été une sorte de malédiction
Afficher en entierMrs. Burton-Cox ? Il lui semblait avoir déjà entendu ce nom. Cette femme écrivait-elle ? Sûrement pas des romans. Des livres sur la politique, peut-être ? — Vous allez être surprise de ce que je vais vous dire. Mais, à la lecture de vos livres, j'ai senti combien vous êtes compatissante, combien vous savez comprendre la nature humaine. Et je crois que si quelqu'un peut me fournir une réponse à l'angoissante question que je me pose, c'est vous. — Je ne vois pas, vraiment
Afficher en entier