Histoire d'amour, Tome 12 : Une nuit pour s'aimer

15.

La situation virait au cauchemar. Un coup d’œil avait suffi à Caroline pour constater la ressemblance entre Luis et le petit garçon. Elle avait mis au jour le secret qu’Elie s’efforçait désespérément de protéger.

Désormais, elle savait.

— Bien, bien, bien… Ainsi, voilà la raison pour laquelle Luis s’est précipité dans le premier avion pour l’Angleterre. Est-ce vous qui l’avez contacté ? Avez-vous essayé de le faire chanter ? Oh, ma chère, il en faut plus que ça pour lui faire peur…

La jeune femme éclata de rire, laissant planer dans l’air avec malice toute une kyrielle de sous-entendus.

— Oh ! mais je n’ai rien fait de semblable, balbutia Elie.

Et, se précipitant sur William, elle le souleva du sol et le serra contre elle.

— Partez, maintenant !

— Bien sûr. Je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps.

Le sourire était toujours là, perfide, tandis que Caroline se dirigeait lentement vers la porte.

— En tout cas, poursuivit-elle en l’ouvrant lentement, son regard plein de fiel toujours posé sur Elie, Luis et moi, nous ne serons peut-être pas le couple de l’hiver à New York, mais je vais faire en sorte que les new-yorkais aient quand même quelque chose à se mettre sous la dent.

— Ce qui signifie ?

La voix, d’une dangereuse douceur, les fit sursauter toutes les deux. Elie fut prise d’une telle frayeur que ses bras tremblèrent convulsivement autour de son fils.

— Va dans la cuisine, mon chéri, souffla-t-elle en posant l’enfant sur le carrelage, tandis que Luis et Caroline échangeaient quelques mots dans un chuchotement furieux. Sois gentil. Joue encore un moment et maman te donnera un morceau de chocolat.

Elle se redressa, priant le ciel pour que Caroline, aussi odieuse fût-elle, soit encore là. Elle craignait plus que tout de se retrouver en tête à tête avec Luis.

Mais il était seul, et son regard sombre était posé sur elle.

Que lui avait dit Caroline ? Lui avait-elle parlé de William ? Elle n’avait certainement pas eu le temps.

Mais le visage de Luis était éloquent. Il affichait un calme qui ne présageait rien de bon. Le calme qui précède la tempête.

— Que fais-tu ici ? demanda la jeune femme d’une voix faible.

Il fit deux pas vers elle.

— Tu n’aurais pas oublié de me dire quelque chose, Elie ? J’espère que non. J’espère sincèrement que ce que m’a dit Caroline n’était que le fruit de l’imagination d’une femme jalouse.

Elie ferma les yeux et respira à fond.

— Je… j’allais t’en parler, chuchota-t-elle.

— Me parler de quoi ?

Encore deux pas. Maintenant, il se dressait juste devant elle. Très près. Trop près. Elle pouvait sentir son odeur d’eau de toilette mêlée de cuir.

— Il y a quatre ans, cette nuit-là…

Le silence était assourdissant. William, motivé par la promesse d’un carré de chocolat, était sage comme une image. Mais il ne tarderait pas à se lasser.

Luis acheva pour elle.

— J’ai un fils.

Cette brusque constatation la frappa comme une flèche en plein cœur.

— J’ai un fils et cela t’a paru si peu important que tu n’as pas jugé bon de m’en informer.

Sa bouche ne formait plus qu’une ligne dure et il faisait un effort évident pour se maîtriser.

— Je… Tu ne peux pas comprendre.

— Explique-moi.

— Ce n’est pas le moment…

La jeune femme jeta un regard nerveux derrière elle et, avec une parfaite synchronisation, William réapparut sur le pas de la porte, comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt.

Elie se retourna vers Luis. Il regardait son fils. Son fils aux cheveux bruns, exquise copie miniature de lui-même.