Une passion espagnole

Tamsin venait de comprendre qu’insulter son ravisseur ne l’avançait à rien. Marcos Ramirez était extrêmement intelligent, parfaitement organisé et sans aucun scrupule, comme en témoignait la façon magistrale dont il l’avait enlevée. Il avait à l’évidence préparé cette opération de main de maître, sans ménager ni son temps ni son argent, et à présent qu’il avait mis la main sur elle il ne la lâcherait à aucun prix.

Sauf si elle élaborait une stratégie assez subtile pour anéantir sa méfiance.

Tout en montant les marches qui conduisaient à la salle à manger, elle remarqua qu’il ne la quittait pas des yeux. Il était attiré par elle, c’était clair, se dit-elle avec satisfaction. Même s’il la prenait pour la jet-setteuse qu’au fond elle n’était pas. Les vêtements qu’il lui avait fournis — petite robe noire Gucci et talons hauts de chez le meilleur chausseur italien — révélaient l’opinion qu’il avait d’elle. Il avait même poussé le vice jusqu’à lui procurer la même robe que celle qu’elle portait lors d’une de ses dernières soirées à Londres, celle qui lui avait valu d’être sacrée plus belle fille de l’année.

A cet instant, pourtant, elle aurait mille fois préféré être en jean et en baskets. Monter ces hautes marches avec des talons aiguilles était un exercice plus que périlleux… mais sa robe au décolleté généreux lui serait peut-être une alliée utile pour endormir l’attention de Marcos. Pour éveiller son désir juste ce qu’il fallait et lui faire croire qu’elle était prête à coucher avec lui, avant de prendre la poudre d’escampette dès sa méfiance endormie.

Elle se sentait capable d’y arriver. Il fallait juste qu’il continue à la prendre pour une ravissante idiote dont la seule ambition était de collectionner les flirts et de porter la dernière tenue à la mode, le tout sous l’objectif de photographes people. Une fois qu’elle l’aurait convaincu que ce séjour forcé dans le luxe de son château andalou ne lui était pas désagréable, il relâcherait sa surveillance et elle en profiterait pour s’échapper et regagner le Maroc au plus vite.

Elle retint un sourire de jubilation en imaginant sa tête quand il s’apercevrait qu’elle lui avait faussé compagnie.