Extraits

Krystal était passée par l'école comme une chèvre passe par le gosier d'un boa : de manière aussi peu discrète que plaisante pour les deux parties concernées.

Ô esprit, le monde est un abîme noir et profond. De toutes parts, la Mort étend ses filets.

" Cette belle matinée, douce et silencieuse, se prêtait idéalement à l'évocation de son souvenir. "

« Vous avez fait tout le trajet jusqu’à l’hôpital ? » demanda Shirley, toujours sur haut-parleur.

- Non non, répondit Samantha en pensée, à mi-chemin, vu qu’on commençait à s’emmerder sévère, on a demandé à l’ambulance de s’arrêter pour nous laisser descendre ».

"La femme de Miles Mollison a des nibards énormes", dit Fats.

Une vieille dame assise devant eux se retourna pour leur jeter un regard noir. Andrew se mit à rire.

"Une monumentale paire de loches bien grasses et juteuses, lança-t-il d'une voix deux fois plus forte au visage ridé comme une vieille pomme de la mamie offusquée. Du bons gros roploplo des familles à bonnet H."

Tessa refréna une envie subite de s'énerver. Colin avait une fâcheuse tendance à porter des jugements catégoriques sur les gens, fondés sur des premières impressions, des faits isolés. Il ne paraissait pas comprendre que la nature humaine était extraordinairement changeante, ni avoir conscience que derrière chaque visage en apparence quelconque se cachait un monde intérieur aussi unique et foisonnant que le sien.

Sukhvinder se souvint du coup de feu du départ, des hurlements de la foule, du rugissement des ses propres muscles. Elle se souvint de l'exaltation qu'elle avait ressentie quand elles avaient trouvé le rythme parfait, du plaisir éprouvé dans l'effort et de la concentration après avoir tant ri.

La grande erreur commise par quatre-vingt-dix pour cent des êtres humains, selon Fats, était d'avoir honte de ce qu'ils étaient ; de mentir, de vouloir à tout prix être quelqu’un d'autre. L'honnêteté était la devise de Fats, son arme de choix et son principal moyen de défense. L'honnêteté faisait peur aux gens ; elle les choquait.

Quand avaient-il parlé de ce tour du monde pour la dernière fois ? Elle ne savait plus trop. Ça remontait sans doute à des années et des années, mais ce soir, Samantha décida qu’elle, du moins, n’avait jamais changé d’avis. Oui, elle n’avait jamais cessé d’attendre le jour où ils feraient leurs valises pour partir à la conquête du soleil et de la liberté, à l’autre bout de la planète, loin, très loin de Pagford, de Shirley, de Mollison & Lowe, de la pluie, de ce décor mesquin et figé. Il y avait peut-être bien longtemps qu’elle n’avait pas rêvé de Singapour et des plages australiennes de sable blanc ; mais aujourd’hui, elle aurait préféré être là-bas, même avec ses grosses cuisses et ses vergetures, plutôt qu’ici, prisonnière de Pagford, condamnée à observer la lente métamorphose de Miles en Howard.

La chose difficile, la chose glorieuse entre toutes, était d’être celui qu’on était vraiment, même si l’individu ainsi dévoilé devait se révéler cruel ou dangereux – surtout s’il devait se révéler cruel et dangereux. Il fallait du courage pour ne pas museler l’animal que chacun avait en soi. En revanche, il fallait prendre garde à ne pas se faire passer pour plus animal qu’on n’était ; s’engager dans cette voie-là, la voie de l’outrance et de l’imposture, c’était courir le risque de devenir comme le Pigeon : un menteur et un hypocrite.