Extraits

Il était visiblement secoué que son secret le plus intime n'en soit pas un pour une personne qu'il n'avait jamais rencontrée de sa vie. Je me penchai pour lui tapoter la main et le réconforter, mais interrompis mon geste en voyant son expression horrifiée.

Je tirai le magazine vers moi comme pour relire le titre, mais ce n'était pas la peine, il était déjà gravé dans ma mémoire.

"Trouble de la personnalité multiple : réalité médicale ou fiction ?"

Puis en plus petit, la signature de la journaliste :

"Par Rachel Wiltshire."

Le lendemain matin, une infirmière m'apporte les vêtements que j'étais censée avoir sur moi quand on m'avait amenée. Je ne les reconnaissais pas, mais lorsque je les enfilai, ils m'allaient parfaitement. Et même si je n'aimais pas la sensation de porter les habits de quelqu'un d'autre, c'était soit ça, soit sortir d'ici vêtue de ma seule blouse d'hôpital.

Mais je fus surtout surprise quand l'infirmière posa un gros sac à main en cuir sur le lit.

-A qui est-ce ?

Elle me répondit d'une voix compatissante :

-A vous.

La perfection de sa tenue me donna instantanément l’impression de m’être habillée dans le noir avec des fringues que même l’Armée du Salut aurait mises à la poubelle.

-Je suis désolé si je t'ai blessé, Rachel.

Je secouai la tête.

-Va-t' en. Retourne au restaurant. Va retrouver Cathy.

Il acquiesça à contrecœur.

-ça va aller, quand même?

Il m'étudiait du regard. Il était de toute évidence inquiet pour moi.

-Tu n'as vraiment pas l'air bien.

-Oui, ça ira; Une bonne nuit de sommeil pour me débarrasser de cette migraine, et ce sera réglé.

Je sentis qu'il hésitait à partir et trouvai je ne sais où un semblant de force pour amener à mes lèvres un sourire forcé.

-File.

Il me sourit.

-Je ne compte pas laisser tomber, tu sais, conclut-il en entrant dans sa voiture. Tu as réussi à me faire céder il y a longtemps, mais je n'abandonnerai pas aussi facilement, cette fois.

-File! répétai-je, une note suppliante perçant dans ma voix.

Il s’exécuta enfin, et la voiture redémarra. Je suivis la lumière des phares jusqu'à ce qu'elle se noiedans le flot des véhicules.