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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:06:26+01:00

Sur mon bureau, il n’y a pas grand-chose et il y a une photo. Un cadre avec des baguettes en bois laqué, bien calé sur son support rigide. C’est une photo en noir et blanc, une photo sur laquelle le vent me balaie le visage et me le dégage entièrement. Une photo sur laquelle le vent fait voler les cheveux noirs de cette jeune femme au teint pâle et donne à son visage une expression difficile à cerner. Nous sommes tous les deux en pantalon court mais moi j’ai un pull-over en maille irlandaise, qu’elle avait tricoté pour moi. Tous deux en sandales, elle avec une blouse blanche qui d’un côté lui colle au corps et de l’autre donne l’impression qu’elle va s’envoler.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:06:21+01:00

Je crois me souvenir – quoique, est-ce une collection de séquences indépendantes que je réunis au montage pour en faire un film superbe, une histoire à me raconter à moi-même ? – que les mains de ma mère passaient des après-midi entières à égrener des végétaux et que, ces soirs-là, je devais vider les torchons que ma mère dépliait dans la cuisine pour jeter les déchets des fèves et des petits pois : les cosses vides et l’enchevêtrement de fils verts.

Je mettais le tout dans des sacs en plastique que ma mère sortait du tiroir du buffet comme pour me suggérer de la débarrasser de cette corvée. Je le faisais au coucher du soleil, lorsque ma mère s’enfermait dans le petit réduit que nous avions derrière l’évier, à pleurer ou maudire son sort je suppose, ou à se demander ce qu’elle aurait pu faire pour ne pas m’avoir.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:05:08+01:00

Quand nous étions à la maison, ma mère avait l’habitude d’écosser des petits pois, des fèves ou des haricots noirs ; je ne me souviens pas des repas qu’elle préparait avec ces végétaux ; ce dont je me souviens, c’est que l’humidité et le brillant des uns et des autres s’accordaient parfaitement à la peau des doigts longs et fins de ma mère. Son index passait, doux et ferme sur la jointure végétale et détectait le point exact où la structure devrait céder sous la pression, un craquement inaudible qui faisait sauter la fermeture naturelle des cosses et entraînait la chute instantanée des perles vertes et des boutons jaspés à l’intérieur du bol où ils rebondissaient avant de trouver leur place définitive.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:04:14+01:00

Je me souviens que je voyais en alternance trois livres sur la petite table basse qui devenait sa table de nuit dès que son lit était prêt et que son abondante chevelure reposait enfin sur l’oreiller. Il devait y en avoir beaucoup plus mais je ne me souviens que de ceux-là : Le Rameau d’or, un ouvrage sur la magie et la religion de James Frazer, édité par le Fonds de culture économique, Cent ans de solitude et Le Mâle dompté, d’Esther Vilar. Du latino-américain le titre me suffisait pour convoquer toute ma morgue contre son auteur, pas question de m’y plonger, combien de temps ma mère l’emporta-t-elle avec elle, combien de fois l’ai-je vue le mettre dans son sac à main avant de sortir et combien de fois en arrivant à la maison la première chose qu’elle faisait était de le poser à portée de sa main sur la table ? Les encadrés bleus et les lettres rouges de la couverture ont été un motif imprimé qui nous a accompagnés longtemps, longtemps. Je crois que je pourrais dire pendant une centaine d’années. Ce livre, je le connaissais par cœur.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:03:49+01:00

Les nuits, le living se transformait en chambre à coucher. C’est là qu’elle dormait, sur un canapé qui faisait lit et semblait à la fois d’un confort approximatif et d’une installation complexe. Ma mère se plaignait de ne pas trouver de draps adaptés à son sommier, ils étaient toujours trop grands, voire beaucoup trop grands, même les plus petits n’étaient pas à la taille de son lit. Une fois, elle était arrivée avec un sac contenant une pièce de percale blanche, une énorme paire de ciseaux argentée et une bobine de fil. La première chose qu’elle avait faite, c’était de chercher le dé à coudre, un bijou en porcelaine, un héritage venu des femmes diluées dans on ne sait quelle génération de la famille de son père. Un joyau que personne n’utilisait, beau mais peu pratique, chargé d’une puissance insupportable : une vague esquisse de l’histoire de ces femmes qui étaient arrivées jusqu’à nous avec tout cela mordant, vaincu et mutilé 1, par le canal de mon grand-père.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:03:19+01:00

Ma mère aimait les cartes postales de la Hollande à l’époque des tulipes, elle en achetait elle-même, écrivait au dos de petits comptes rendus de voyage et les mettait dans la boîte aux lettres pour que je les reçoive une quarantaine de jours plus tard. Alors on s’installait tous les deux dans la cuisine, à boire le thé et manger du boudin anglais, pour qu’elle me raconte tout ce qu’elle n’avait pu écrire dans le peu d’espace de la carte. Ma mère adorait me décrire les détails du périple : les vallées rouges dans lesquelles poussaient spontanément les coquelicots, les cabinets de toilette exigus dans le compartiment du train qui arrivait de l’Oural, longeait le Danube ou lui faisait connaître d’abord Pest et puis Buda, ou les délicieux caramels à la violette qu’on vendait à la pâtisserie Sachel, à Vienne. La fascination agrandissait les pupilles sombres de ma mère, qui profitait du récit pour m’instruire dans diverses matières : cela allait d’une géographie de rêve à une anthropologie d’imprécises exagérations européennes.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:03:11+01:00

Nous vivions dans un deux pièces avec une cuisine lumineuse qui donnait sur le poumon d’un immeuble modeste mais sophistiqué, une de ces constructions des années 50, de trois étages sans ascenseur, fraîches en été, glaciales dès qu’arrivait l’automne. Notre appartement avait une salle de bains carrelée de faïence noire aux joints vert pâle, et une robinetterie qui avait eu ses heures de gloire mais avait vieilli à la vitesse où l’on tourne les pages d’une revue de mode des saisons passées. L’appartement avait un balcon inutilisable car il suffisait d’ouvrir la porte-fenêtre pour voir tomber en morceaux les moulures de l’encadrement. De plus, ma mère détestait la suie qui arrivait depuis l’avenue située à deux rues de là, elle détestait également le bruit qui semblait venir de plus loin, du centre-ville engorgé par les voitures et assiégé par les camions, et elle craignait les oiseaux nichant dans le vert des frênes qui s’élevaient en face de nos fenêtres. Une fois, je la vis se réfugier dans ma chambre à cause d’un oisillon encore sans plumes que la mère alouette avait laissé tomber du nid car il n’était pas viable et qui agonisait au bord de notre balcon. J’avais fini de l’expulser avec un bâton, afin que ma mère sorte de sa cachette et que le petit monstre pousse ses derniers soupirs directement dans la rue.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:02:52+01:00

Ma mère était une jeune femme belle et voluptueusement délicate ; même si nous avions passé la vie qui fut la nôtre dans une solitude quasi absolue, elle avait une manière extraordinairement sensuelle d’être pour elle-même et – bien sûr, j’étais là, moi, avec mes sept ans – pour moi aussi.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-28T21:02:17+01:00

Ma mère était une belle jeune femme. Elle avait la peau blanche et diaphane, je pourrais presque m’aventurer à dire bleutée, un éclat qui la rendait unique et d’une aristocratie naturelle, éloignée de toute trivialité mondaine. Elle avait les cheveux noirs ; bien sûr, j’ai déjà dit que c’était une belle jeune femme, des cheveux raides mais épais et avec un mouvement comme je crois n’en avoir jamais vu. Je ne parle pas de sa coiffure, quelle que fût la manière dont elle l’ordonnait, sa chevelure tombait gracieusement et semblait avoir été savamment coupée. Je parle de la ligne de sa crinière, du dessin linéaire de cet océan d’antennes flexibles qui délimitait la peau de son visage. Parfaitement symétrique et soulignant le contraste avec son teint, opulente dans chacun de ses hologrammes tubulaires, elle dessinait un cœur subtil à l’entame du crâne marqué d’une légère concavité sur les tempes gracieuses.

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