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Une trop jolie écossaise



Description ajoutée par Carotte62 2012-03-09T11:37:59+01:00

Résumé

Afin d'échapper à un mariage imposé, Iona Prestwood a dû

fuir sa chère Ecosse pour se réfugier dans une institution chic de Londres où elle est devenue institutrice. Elle ignore qu'à la ville des dangers pires encore guettent les ingénues. Démunie, sans ressources, elle devient la victime d'un suborneur. Qui pourrait l'aider ? Peut-être James Dalmuir, son voisin en

Ecosse, qu'elle a reconnu au détour d'une rue. Iona se souvient avec émotion des moments de complicité qu'ils ont partagés.

Mais James ne voit en elle qu'une petite soeur attendrissante, car il est ébloui par Justine, la célèbre actrice française...

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Classement en biblio - 12 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par anonyme 2012-08-16T20:47:53+02:00

« Non, malheureusement, je n’avais pas le choix... », se redit Iona.

Elle avait eu une enfance insouciante entre deux parents qui s’aimaient tendrement. Lord Prestwood avait une vingtaine d'années de plus que sa femme, et il avait tendance à sourire avec indulgence de tous les caprices de celle qu'il appelait son rayon de soleil. Deux filles leur étaient nées : Iona, l’aînée, et Susan, la cadette.

Lady Prestwood, qui fourmillait d’idées, s’était soudain mis en tête de rénover le château. Au début, elle s’était contentée de faire repeindre quelques pièces ou retapisser des fauteuils. La dépense n’était pas énorme ! Mais quand elle voulut installer des salles de bains modernes dans chacune des chambres, lord Prestwood protesta.

— Cela va coûter une fortune !

— Bah ! Il faut savoir dépenser son argent. Vous serez bien content, mon ami, d’avoir la demeure la plus confortable de toute l’Écosse.

Cette femme-enfant paraissait tellement enthousiaste que son mari n’eut pas le courage de lui apprendre qu’il avait fait des placements hasardeux et perdu une grande partie de ses capitaux.

Lorsqu’il était plus jeune, il avait supervisé aux Indes la construction de chemins de fer, de ponts et de bâtiments officiels. Comme on cherchait des ingénieurs capables de mener à bien des travaux du même genre en Afrique, lord Prestwood décida de repartir afin de financer les travaux dispendieux commandés par celle qu’il adorait.

— Quand vous reviendrez, mon ami, vous ne reconnaîtrez plus le château ! lui dit sa femme en l’embrassant.

Et elle se mit à l’œuvre avec ardeur. On abattit des murs pour avoir des pièces plus vastes, puis les plombiers se mirent à installer des salles de bains un peu partout. Lady Prestwood ne voulait pas modifier la façade du château, qui donnait sur le loch. En revanche, elle décida qu’il y aurait de l’autre côté une vaste véranda et un jardin d’hiver. Et elle commanda des plantes et des arbres exotiques qu’on amena à prix d’or.

Le jour où tout cela fut terminé, lady Prestwood se montra enchantée.

— Ton père aura l’impression de toujours vivre dans un pays chaud, dit-elle à Iona. Songe un peu, ma chère enfant ! Bientôt, nous récolterons des ananas et des bananes... En Ecosse !

Mais lorsque lord Prestwood revint d'Afrique, il remarqua à peine les palmiers, les orchidées, les buissons d’hibiscus ou les luxueuses salles de bains.

— Je suis fatigué, répétait-il.

Il avait maigri, son teint semblait plombé, il avait de terribles poussées de fièvre et ses yeux, profondément enfoncés dans leurs orbites, avaient perdu toute vivacité.

Il grelottait et tout ce qu’il demandait, c’était de rester assis devant le feu, même par des températures estivales. Puis il ne se leva même plus. Sa femme allait s’asseoir à son chevet et lui prenait la main, tout en ; s'efforçant de ne pas pleurer.

— C'est terrible, ton père ne s’intéresse à rien, dit-elle un matin à Iona.

— Il est malade, mère. Le médecin vous a dit qu’il souffrait d’une infection tropicale pour laquelle nul ne connaît de remède. Il se remettra grâce à une nourriture saine. Et il faut aussi qu’il prenne beaucoup de repos.

— Du repos ? Il n’en manque pas. Ce qui m’inquiète, c’est qu’il n’a plus d’appétit.

— Cela reviendra, avec le temps.

— J’essaie d’être patiente. Mais ce n’est pas facile, je t’assure !

Lady Prestwood se tamponna les yeux.

— Je pensais que tout serait parfait, une fois que le château serait rénové...

— Quand père se remettra, tout s'arrangera, assura Iona.

Hélas, lord Prestwood n’allait pas mieux. Bien au contraire, son état s’aggravait de jour en jour. Et au cours d’une nuit sans lune, il rendit son dernier soupir.

Lady Prestwood était désespérée.

— Je voudrais mourir, moi aussi ! sanglotait-elle.

Puis elle étreignait sa fille.

— Iona, promets-moi de ne jamais épouser un homme plus âgé que toi ! Il mourra forcément le premier. .. et tu souffriras terriblement. Je ne veux pas que tu endures ce que j’endure en ce moment.

Elle se remettait à pleurer.

— Je croyais que nous resterions toujours ensemble ! Et maintenant, quand je pense que je ne le reverrai plus...

Iona s’efforçait de la consoler.

— Père ne souffre plus. Il est heureux là-haut... Un jour, vous le retrouverez...

Dans ces volte-face qui lui étaient coutumières, lady Prestwood essuyait brusquement ses larmes.

— Mais je ne veux pas mourir ! Je suis encore jeune, je suis encore belle !

— Oui, mère, vous êtes jeune et belle. Et n’ayez crainte: je n’épouserai pas un homme plus âgé que moi.

— Ne parle pas ainsi, je t’en supplie, Iona ! Je ne veux pas que tu te maries. Il ne faut pas que tu me quittes. Que deviendrais-je sans toi ?

— Je ne vous quitterai pas, mère, assurait gentiment la jeune fille. Comment le pourrais-je, quand vous êtes si malheureuse ?

À ce moment-là, elle était bien loin d’imaginer qu’un jour, elle serait obligée de fuir le château, sa mère et sa petite sœur.

Le médecin, inquiet pour la santé de lady Prestwood, lui donna des calmants, et elle retrouva enfin le sommeil. Mais ces médicaments la mettaient pendant la journée dans un état de profonde léthargie.

Suivant les conseils du médecin, Iona diminua les doses petit à petit, ce qui permit à sa mère de retrouver une certaine vivacité. Et elle cessa enfin de se lamenter tout le temps.

Iona put alors s’occuper de Susan.

— Pourquoi nous a-t-il laissées ? demandait l’enfant, qui avait été très secouée par la mort de son père. Ce n’est pas juste !

La jeune fille employait pour consoler sa petite sœur les mêmes mots qu’elle avait utilisés pour apaiser sa mère.

— Il est au ciel maintenant. Il ne souffre plus.

— Mais ce n’est pas juste ! insistait Susan. Je ne veux pas qu’il soit au ciel, j’ai besoin de lui ici. Je voudrais qu’il me mette sur mon poney et me lise des histoires...

Iona la serrait bien fort contre elle.

« Je dois réconforter tout le monde, mais personne ne pense que moi aussi, j’ai du chagrin », se disait-elle.

Plus jamais elle ne pourrait chevaucher à travers landes en compagnie de son père. Plus jamais elle ne s’assiérait près du feu avec lui. Plus jamais il ne lui parlerait de ses voyages. Plus jamais elle ne l’entendrait décrire les merveilles des Indes, du Siam, de l'Italie, de la France ou de la Grèce...

Iona sursauta lorsqu’on lui toucha le bras. Elle s'était à moitié endormie et ce fut dans l’atmosphère chaude et parfumée de la boutique de M. Pavord qu’elle se réveilla.

— Vous étiez bien loin, petite demoiselle ! dit-il gentiment. Tenez, voici les chocolats de Mme Murchison.

— Oh ! Excusez-moi, fit la jeune fille avec confusion.

— Je vous aurais volontiers laissé vous reposer ici. Mais le temps passe, et je serais désolé que cette bonne Mme Murchison vous gronde. Pour l’amadouer, j’ai ajouté un petit extra à sa commande habituelle.

— Merci beaucoup, monsieur.

Iona se leva.

— Vous et votre femme êtes si bons ! Merci infiniment pour ce délicieux chocolat.

Elle prit la petite boîte en carton nouée d’une faveur violette et partit. La pluie avait cessé et un faible rayon de soleil tentait de percer entre les nuages sombres.

— Eh bien, vous avez pris votre temps ! s’exclama Mme Murchison.

Iona venait de faire son entrée dans le petit salon privé où la directrice du pensionnat avait l’habitude de prendre le thé. Paresseusement allongée sur un confortable canapé tapissé de velours brun, elle s’adossait à une pile de coussins en satin de toutes les couleurs.

« On dirait un maharadjah des Indes, pensa Iona en se souvenant des récits de son père. Il lui manque juste un turban... »

— Je suppose qu’il y avait beaucoup de monde chez Pavord ?

— C’est cela, murmura la jeune fille en rougissant, car elle-détestait mentir.

Mme Murchison défit le ruban et ouvrit la petite boîte.

— Oh ! Il en a mis douze au lieu de six !

Prenant l’un des chocolats entre ses doigts boudinés, elle le porta à sa bouche.

— J’ai bien de la chance que mon pensionnat soit situé à deux pas du meilleur chocolatier belge de Londres, dit-elle en fermant les yeux avec gourmandise.

— En effet, madame.

Mme Murchison enfourna un autre chocolat - sans en offrir à Iona, bien entendu !

— Comme vous ne reveniez pas, j’ai dû demander à Mme Blanchard, cette Française paresseuse, de surveiller la récréation. Elle prétend avoir un gros rhume, mais elle n’a pas l’air très malade. Aussi, vous pouvez monter dans votre chambre, Iona. Il faut que vous alliez préparer vos cours de demain.

— Très bien, madame.

Iona fit une petite révérence et s'empressa de gravir l’étroit escalier qui menait à sa mansarde, ravie de pouvoir bénéficier d’un peu de répit.

« Je ne vais rien préparer du tout, c’est déjà fait ! Ce que je me suis bien gardée de dire à Mme Murchison : elle aurait été capable de me trouver une autre tâche. »

Le vent avait enfin chassé les nuages. Le soleil descendait à l’horizon, emplissant la petite chambre d’une lumière orangée. Cela lui fit penser aux merveilleux couchers de soleil qu’elle pouvait admirer de sa fenêtre du château de Monkspath. Ces cieux rouge et or qui se reflétaient dans l’eau tranquille du loch...

Reverrait-elle tout cela un jour ?

La nostalgie l’envahit et, de nouveau, elle se retrouva transportée en Écosse.

Quelques mois après la mort de son mari, lady Prestwood dit un jour à son aînée :

— Il faudrait envoyer Susan en pension.

— Oh ! s’exclama Iona, choquée. Susan en pension ? Elle y serait bien malheureuse ! Je croyais que sa gouvernante française vous donnait toute satisfaction.

— Oh, il ne s’agit pas de cela ! Mais, vois-tu, ta sœur n’arrête pas de me parler de son père, ce qui ne fait que raviver ma peine. Cette enfant n’a pas de cœur !

— Elle n’a pas encore dix ans, mère.

— Elle pourrait avoir une certaine considération pour les sentiments de sa mère.

Dans un geste las, lady Prestwood porta la main à son front.

— Moi, je serais très heureuse de retourner en pension.

Iona ouvrit de grands yeux stupéfaits.

— Vous, mère ? En pension ?

Lady Prestwood laissa échapper un rire sans joie.

— Pourquoi pas ? Au moins, cela me changerait les idées...

Elle regarda autour d’elle et eut un frisson.

— Je ne peux plus supporter cette pièce !

— Le salon blanc et or ? Comment pouvez-vous dire cela, mère ? C’est vous qui l’avez décoré, qui en avez choisi les meubles, les tableaux...

— Je ne peux plus supporter cette pièce, insista en tapant du pied celle que Iona considérait par moments comme une petite fille gâtée. D’ailleurs, je ne peux plus rien supporter. Ni le château ni l’Écosse. C’est bien simple : à chaque pas, il me semble revoir ton père.

— Vous devriez partir en voyage.

— Quelle idée !

— Ce n’est pas une idée aussi stupide que cela. Un changement d’ambiance vous ferait du bien. Vous avez des amis en France et en Italie. Ils seraient certainement heureux de vous recevoir, ne sont-ils pas souvent venus à Monkspath ?

Lady Prestwood secoua négativement la tête, mais son regard s'était éclairé, et Iona comprit que cette suggestion la tentait. Au cours des jours suivants, elle aborda de nouveau le sujet. Et, enfin, sa mère décida de partir pour Rome.

— Je resterai là-bas pendant plusieurs semaines, chez mon amie Phyllis, dont le mari est attaché d’ambassade. Elle m’a si souvent invitée !

Soudain, lady Prescott parut mal à l’aise.

— Mais il ne s’agit pas de vacances, ma chère enfant ! Surtout, ne te méprends pas. Il faut considérer cela comme... comme un médicament.

D’une voix mourante, elle ajouta :

— Je sens ma santé décliner et j’espère que grâce à ce séjour dans un climat moins rude, je reprendrai quelques forces.

Une dizaine de jours plus tard, lady Prestwood monta dans la voiture qui devait l'emmener jusqu’à la gare d’Edimbourg, où elle prendrait un premier train pour Londres, avant d’embarquer à bord du ferry-boat Douvres-Calais. Ce serait ensuite un long voyage par le rail qui l’attendait. Mais cette perspective paraissait la réjouir.

« Comme je le lui ai dit, cela va lui changer les idées », pensa Iona tout en agitant son mouchoir.

Malgré tout, elle avait les larmes aux yeux, tandis que Susan, sa petite sœur, pleurait à chaudes larmes.

La jeune fille la serra contre elle.

— Mère reviendra bientôt. Quelques semaines... ce n’est rien ! Tu verras comme le temps va passer vite !

Un coup de gong la fit sursauter. Elle revint brusquement à l’instant présent. Oh, non, elle n’était pas en Ecosse, mais à Londres, au pensionnat Murchison...

« C'est déjà l’heure du dîner ? » s’étonna-t-elle.

Le temps avait passé si vite depuis qu’elle était mon-lée dans sa mansarde !

« Quand je pense à Monkspath, j’oublie tout... »

Elle n’était pas fâchée qu’il soit temps de descendre dans le triste réfectoire où serait servi le dîner des élèves et des professeurs.

« Cela m’évite de penser au retour de maman. À son départ, j’étais si contente de la revoir sourire ! Elle avait retrouvé toute sa vivacité d’antan. Mais pourquoi, mon Dieu - pourquoi a-t-il fallu qu’elle rencontre ce M. Thompson ? »

— Avez-vous passé une bonne journée, James ? demanda lord Marpole en offrant à son invité un verre de sherry.

— Excellente, merci.

— Vous êtes monté à cheval ?

— Non, pas aujourd’hui.

Lady Marpole se mit à rire.

— Ce vieil Ulysse doit être un peu trop calme pour un cavalier comme notre ami.

— L’autre soir, je vous ai vu en grande conversation avec Son Altesse, fit lord Marpole avec curiosité.

— Ah, oui...

— J’espère qu’il n’a pas essayé de vous présenter l’une de ses belles amies ?

Le futur duc s’éclaircit la gorge. Lady Marpole se pencha en avant, visiblement intéressée.

— Racontez-nous tout !

— Comment s'appelle la dame ? insista son mari.

James eut un sourire gêné. Il n’avait pas envie de parler de Justine, préférant garder ce merveilleux souvenir pour lui seul.

— Le prince de Galles aime les jolies femmes, déclara lord Marpole d’un air entendu. Ses incartades ont toujours profondément déplu à sa mère, la reine Victoria. Quand il sera sur le trône et se trouvera surchargé de devoirs, il n’aura plus guère le temps de s’amuser. Aussi, en profite-t-il maintenant...

Un valet arriva à ce moment-là. Il paraissait affolé.

— Milady...

Il s’approcha de la maîtresse dé maison et se mit à lui parler tout bas. Elle l’écouta avec attention avant de hocher la tête.

— Merci. Attendez un instant, Jim, je vous prie.

Et, se tournant vers son mari :

— Il y a eu des problèmes à la cuisine. Le potage est brûlé et le chat s’est intéressé de près au rôti... Si nous allions dîner dehors ? Qu’en pensez-vous ?

— Puisque le dîner est perdu, ce serait la meilleure solution.

Pas mécontent de cette diversion, qui lui évitait de devoir répondre aux questions de ses hôtes, James laissa échapper un soupir de soulagement. Puis il vérifia si la carte dorée que lui avait remise Justine était toujours dans sa poche.

« Je veux la revoir... Je lui écrirai demain, se promit-il. Car si je ne me manifeste pas très vite, elle risque de m’oublier. »

— Regardez, mademoiselle Collingwood ! s’écria une petite fille en agitant le mouchoir blanc qu’elle venait d’ourler. J’ai fini et je ne me suis pas piquée ! Pas une seule fois !

— Bravo, Cécilia.

Iona prit le mouchoir et l’examina.

— Vos points sont beaucoup plus réguliers. Vous avez fait de grands progrès ! Et je constate que vous m’avez écoutée : vous avez mis un dé. C’est pour cela que vous ne vous êtes pas piquée.

L’enfant se leva et entoura Iona de ses petits bras.

— Vous êtes si gentille ! Je vous aime tant !

Émue, Iona la serra contre elle. Cécilia avait récemment perdu sa mère. C’était une petite fille timide qui manquait de confiance en elle et était prête à fondre en larmes à la moindre critique.

Mme Murchison interdisait aux institutrices de manifester la moindre affection envers leurs élèves, mais Iona était sûre qu’un peu de tendresse et quelques encouragements donnaient de meilleurs résultats que d’incessantes gronderies.

En entendant un bruit de pas et de voix dans le couloir, elle s’empressa de lâcher Cécilia. Elle avait bien fait ! Une fraction de seconde plus tard, la porte s’ouvrait sur Mme Murchison. Toutes les élèves se levèrent.

Mme Murchison était suivie par un homme de haute taille vêtu d’un élégant costume.

— Père ! cria Cécilia en sautant de joie.

Elle baissa la tête avec confusion quand Mme Murchison lui adressa un coup d’œil sévère.

— Bonjour, mesdemoiselles, dit la directrice en montant sur l’estrade.

— Bonjour, madame Murchison, firent les enfants à l'unisson.

— Nous avons un visiteur. Il vous faut maintenant saluer lord Wentworth.

Le chœur se fit de nouveau entendre :

— Bonjour, milord !

Cécilia parut quelque peu troublée en se trouvant obligée d’appeler son père « milord ».

Une odeur d’eau de toilette épicée monta jusqu’aux narines de Iona quand lord Wentworth la rejoignit. Entre ses cils baissés, elle l’observa. Même si quelques fils gris striaient ses tempes, c’était un très bel homme.

— Bonjour, charmantes demoiselles, dit-il aux petites filles.

Il se tourna vers Mme Murchison.

— Peuvent-elles s’asseoir, maintenant ?

La directrice eut un signe d’assentiment et les pensionnaires reprirent leur place sur les bancs.

— Je suis frappé par le comportement impeccable de vos élèves, dit lord Wentworth à Mme Murchison.

— Mes professeurs sont choisis parmi les meilleurs.

Elle désigna Iona.

— Par exemple, cette institutrice vient d’Écosse où, comme vous le savez probablement, les standards éducatifs sont très élevés.

Lord Wentworth se tourna vers Iona et, quand il lui adressa un sourire, elle rougit, soudain mal à l’aise devant son regard insistant. Puis il s'inclina devant Mme Murchison.

— Vous-même, chère madame, êtes un fleuron de l’éducation écossaise.

À la grande stupeur de Iona, Mme Murchison rougit à son tour. Les pensionnaires regardaient tout cela avec de grands yeux et la jeune fille jugea le temps des compliments terminé. Mieux valait changer de sujet.

— Votre fille, Cécilia, a très bien travaillé aujourd'hui, dit-elle à lord Wentworth. Je suis sûre qu'elle aimerait vous montrer ce qu'elle a fait. Cécilia ?

La petite fille apporta à son père le mouchoir qu’elle venait d'ourler. En se penchant, lord Wentworth frôla: le bras de Iona qui recula d'un pas en rougissant de nouveau.

« J’ai l’impression qu’il l'a fait exprès ! »

Aussitôt, elle se gourmanda.

« Quelle imagination ! Il est venu voir sa fille et se moque parfaitement des institutrices du pensionnat: Murchison. »

— Comme c'est bien, ma petite Cécilia, dit lord Wentworth avec indulgence. Jamais je ne parviendrais à réaliser un travail aussi délicat, tu sais !

— Vous n’y auriez aucun mal, père, si mon institutrice vous montrait comment faire.

Lord Wentworth éclata de rire.

— C’est une idée... Mais tu n’es pas très polie, Cécilia. Ton institutrice n’a pas de nom ?

L’enfant parut soudain tellement intimidée que Iona faillit venir à son aide en se présentant elle-même. Elle s’interrompit à temps ! Elle avait failli dire « Iona Prestwood ! » Où avait-elle donc la tête ?

Cécilia retrouva sa voix.

— Elle s’appelle Mlle Collingwood, père. Et elle est très, très gentille.

— Je n’en doute pas. Mademoiselle Collingwood...

— Oui, milord ?

Lord Wentworth sourit à la jeune fille.

— J’aimerais avoir un petit entretien avec vous avant mon départ, mademoiselle.

— Mais... commença Mme Murchison en fronçant les sourcils.

Puis elle se ravisa.

— Bien sûr, bien sûr... Mademoiselle Collingwood, dites à vos élèves de ranger leurs affaires et demandez à Mme Blanchard de venir les surveiller. Puis vous viendrez dans mon bureau.

Là-dessus, elle sortit de la classe, suivie par lord Wentworth qui tapota la tête de sa fille en guise d’adieu.

Iona frappa dans ses mains.

— Vous avez entendu ce que vient de dire Mme Murchison ? Rangez vos affaires. Veillez à ce que toutes vos aiguilles soient bien piquées dans le porte-aiguilles, et aussi à ce que les fils ne s’emmêlent pas.

Cécilia avait les larmes aux yeux.

— Pourquoi mon père est-il parti si vite ? Je voulais lui offrir le mouchoir que je viens de terminer...

— Votre père est certainement un monsieur très occupé, dit Iona. Vous devriez garder ce joli mouchoir pour vous.

— De toute façon, il serait trop petit pour mon père, fit Cécilia en reniflant. Les siens sont beaucoup plus grands.

Elle mit son œuvre dans la main de la jeune fille.

— C’est pour vous.

Iona la remercia chaleureusement. Puis, après avoir glissé le mouchoir dans sa poche, elle partit à la recherche de Mme Blanchard, qui somnolait dans la salle réservée aux professeurs. Après lui avoir communiqué les instructions de la directrice, elle se rendit dans le bureau de cette dernière.

Lord Wentworth était assis dans l’unique fauteuil de la pièce, tandis que, comme à l’accoutumée, Mme Murchison s’était installée à sa table de travail.

Iona resta debout devant eux, gênée par le regard toujours insistant du père de Cécilia.

— Votre fille fait beaucoup d’efforts, milord. Elle possède une vive intelligence, mais elle est très timide.

Sans réfléchir, elle ajouta :

— Elle me fait souvent penser à une petite biche effarouchée.

Mme Murchison haussa les épaules.

— Une petite biche effarouchée ! répéta-t-elle. Peuh !

— Elle a été très secouée par la mort de sa mère, soupira lord Wentworth en prenant une expression de circonstance.

— Quelle tragédie ! s’exclama Mme Murchison.

— Lady Wentworth est morte voici près d’un an.

— Perdre quelqu'un que l’on aime, c'est terrible,; murmura Iona en se remémorant le chagrin de sa mère après la mort de son père.

— En effet. Vous êtes une personne compréhensive, mademoiselle Collingwood. Cécilia a bien de la chance de vous avoir comme professeur. J’espère que vous pourrez continuer à vous charger de ma fille, si du moins vous n'y voyez pas d'inconvénient ?

— Ce serait avec le plus grand plaisir, assura Iona en se tournant vers Mme Murchison pour quêter son assentiment.

La directrice eut un sourire mielleux.

— Je suis heureuse que notre enseignement soit à votre convenance, milord.

Lord Wentworth se leva.

— Tout cela me semble très bien.

Il pressa la main de Iona, tout en plongeant son regard dans le sien.

— Grâce à vous, il semblerait que Cécilia fasse enfin quelques progrès. Je vous en suis très reconnaissant.

Là-dessus, il adressa un bref signe de tête à Mme Murchison et partit.

Iona était troublée. Lord Wentworth avait paru sincèrement ému en parlant de sa femme.

« Il a dû beaucoup souffrir. Et il tient énormément à sa fille... Quel homme sympathique ! J’aimerais avoir l’occasion de le revoir. »

Mme Murchison hocha la tête.

— Bien joué, Iona.

Voyant le regard interrogateur de la jeune fille, elle daigna lui expliquer que lord Wentworth était l’un des aristocrates les plus riches de Londres.

— Je vous avoue que je m’inquiétais un peu, poursuivit-elle. Je craignais qu’il ne nous enlève cette misérable gamine pour la mettre ailleurs.

Choquée par ce terme de « misérable gamine », Iona protesta.

— Cécilia est timide et triste. Elle a seulement besoin d’un peu d’affection, d’encouragements...

La directrice haussa les épaules.

— Il ne faut pas gâter les enfants, et encore moins céder à leurs caprices, décréta-t-elle.

Après un instant de réflexion, elle ajouta :

— Mais quoi que vous fassiez, continuez, je ne veux pas perdre un client comme lord Wentworth.

— Je ferai de mon mieux, madame, promit la jeune fille.

— Je l’espère. Sur ce, vous pouvez disposer.

Iona monta dans sa chambre. Elle avait un quart d’heure de répit avant d’aller surveiller la récréation.

Tout en brossant ses longs cheveux blonds, avant de les tirer en un sévère chignon, elle revit le visage attristé de lord Wentworth. Puis, une nouvelle fois, elle se remit à penser à Monkspath, à la mort de son père et au retour de sa mère après un long voyage.

Lady Prestwood était revenue transformée de son séjour en Italie. Les joues roses, les yeux brillants, elle semblait avoir retrouvé toute sa joie de vivre.

— Je vous ai apporté des cadeaux, mes chères enfants !

Susan eut droit à une boîte remplie de minuscules animaux en verre coloré et Iona à des boucles d'oreilles en or ornées de perles bleues.

— Cela vient de Venise, plus exactement de Murano, une île de la lagune où des souffleurs de verre réalisent des merveilles.

— Vous êtes allée à Venise, mère ? demanda Susan. : Vous avez vu les gondoles ?

— Oui, bien sûr.

Un sourire heureux vint aux lèvres de lady Prestwood. : L’espace d’un instant, elle parut sur le point d'ajouter quelque chose.

Sa cadette la regarda d’un air interrogateur.

— Qu’y a-t-il, mère ? Nous auriez-vous apporté d’autres surprises d’Italie ?

Lady Prestwood éclata de rire. Elle avait légèrement f rougi.

— J’espère que oui ! dit-elle en embrassant Susan. Mais il faut attendre un peu. C’est trop récent.

Iona pensa alors que sa mère avait fait envoyer d’autres présents plus lourds par bateau, et qu’il faudrait un certain temps avant que tout cela n’arrive.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par Natoche 2018-11-11T15:37:31+01:00
Lu aussi

Une trop jolie écossaise est un livre qui me tentait beaucoup, déjà bien avant le changement de couverture. Je me suis donc plongée dedans dès sa réception et je dois dire que j’ai rapidement déchanté, ce fut pour moi une déception.

Nous ferons ici la connaissance d’Iona et de James, deux personnages centraux avec qui nous allons évoluer au fil des pages. Tous deux se retrouvent à Londres, chacun pour des raisons différentes. Iona a fuit l’Ecosse et sa famille pour échapper à un homme, elle est aujourd’hui institutrice dans une école réputée. Si elle est bien loin du confort et de la vie qu’elle menait avant, notre héroïne s’en accommode plutôt bien. James, lui est depuis peu à Londres où il y passe du bon temps, il va faire la connaissance d’une actrice pour qui il aura le coup de foudre. Il mettra, depuis cette rencontre, tout en œuvre pour qu’elle devienne sienne. Iona va croiser la route d’un homme en apparence charmant, qui l’interpelle et lui donne le sourire, mais au fil de leur rencontre va se montrer sous un autre jour et lui faire voir son vrai visage.

Iona et James ont grandi ensemble et ont passé des moments joyeux tous les deux. Moments que nous revivons grâce à des flashs back, ceux-ci seront surtout centrés sur la jeune femme, nous donnant aussi des réponses aux questions que l’on peut se poser quand à sa fuite de l’Ecosse et au fait de devoir changer d’identité. Leurs promiscuités à Londres ne les feront malheureusement pas se voir, c’est les rêves avortés et les désolations de chacun qui vont les faire se retrouver.

Si l’histoire est plutôt touchante elle n’aura pas réussi à me convaincre, je n’ai pas su m’attacher aux personnages. Je les ai trouvé terriblement naïfs et ils m’auront trop souvent exaspéré. Bien que le livre soit court, il m’aura donné du fil à retordre pour le terminer, tout s’y passe trop vite mais pourtant de manière assez lente. J’ai trouvé dommage que l’auteure n’approfondisse pas plus son histoire, la fin arrive trop facilement et de manière un peu trop tirée par les cheveux.

Une déception donc pour un livre qui avait pourtant du potentiel, cet avis n’engage que moi bien sûr, je suis sûr que ce livre a déjà trouvé ou trouvera son public.

http://www.livresavie.com/une-trop-jolie-ecossaise-de-barbara-cartland/#more-20598

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Dates de sortie

Une trop jolie écossaise

  • France : 2018-10-03 - Poche (Français)
  • France : 2023-03-01 (Français)

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