Une union heureuse

— Richard ? dit-elle doucement. C’est Terri. J’ai pris l’avion dès qu’on m’a avertie.

Un petit son bizarre s’échappa de la bouche de son ex-mari.

— Non, ne fais pas d’effort. Le médecin a dit que tu retrouveras plus vite l’usage de tes cordes vocales si tu ne parles pas. Je vais rester simplement assise près de toi. Aussi longtemps que tu le souhaiteras.

Après avoir rapproché une chaise, elle s’assit.

La religieuse lui marqua son approbation d’un sourire avant de quitter la pièce.

Richard, qui jouait au football à l’université, était un grand gaillard d’un mètre quatre-vingts tout en muscles. Mais sous ses bandages, il paraissait encore plus grand. Dans la pénombre, Terri distinguait seulement une petite partie de son épaule gauche, qui n’était pas bandée. Sa couleur brun doré était sans doute due à des mois de travail sous le soleil.

Un nouveau son étouffé sortit de la bouche du blessé et il leva lentement la main gauche. Richard, qui était habituellement très agité, devait souffrir terriblement pour se contenter de gestes aussi mesurés. Elle tapota doucement sa jambe couverte par le drap.

— Le médecin m’a dit que tu allais guérir. Tes cicatrices sur le visage seront si discrètes que tu n’auras même pas besoin de chirurgie esthétique.

Les jambes bougèrent sous le drap. Il souffrait sûrement beaucoup.

Le revoir dans ces circonstances après dix-huit mois de séparation et le divorce n’était pas facile ; la jeune femme avait plus que jamais l’impression de se trouver en présence d’un inconnu.

— Il paraît que tu as répété plusieurs fois mon nom au pêcheur qui t’a sauvé la vie. Et je suis étonnée qu’à l’embauche tu aies déclaré être encore marié, alors que tu souhaitais autant que moi le divorce. Mais peu importe ; la Herrick Corporation m’a contactée et je suis là. Je ne pouvais pas te laisser seul dans cet état.