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"Le coeur a des mystères qu'aucun raisonnement ne pénètre."
Afficher en entierLa vue d’une marguerite blottie dans une touffe d’herbe, d’un rayon de soleil glissant entre les feuilles, d’une flaque d’eau dans une ornière où se mirait le bleu du ciel, la remuait, l’attendrissait, la bouleversait en lui redonnant des sensations lointaines, comme l’écho des ses émotions de jeune fille, quand elle rêvait par la campagne.
Afficher en entierElle semait partout des souvenirs comme on jette des graines en terre, de ces souvenirs dont les racines tiennent jusqu'à la mort. Il lui semblait qu'elle jetait un peu de son cœur à tous les plis de ces vallons.
Afficher en entierChapitre I
Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
Jeanne, sortit la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps, craignait que son père hésitât à partir si le temps ne s'éclaircissait pas ; et pour la centième fois depuis le matin elle interrogeait l'horizon.
Afficher en entierMais voilà que la douce réalité des premiers jours allait devenir la réalité quotidienne qui fermait la porte aux espoirs indéfinis, aux charmantes inquiétudes de l'inconnu. Oui, c'était fini d'attendre.
Alors plus rien à faire, aujourd'hui, ni demain ni jamais. Elle sentait tout cela vaguement à une certaine désillusion, à un affaissement de ses rêves.
Afficher en entierJeanne ayant fini ses malles, s approcha de la fenêtre mais la pluie ne cessait pas.
L
Afficher en entierLe prête: voyons monsieur le Baron, entre nous, il a fait comme tout le monde. En connaissez-vous beaucoup, des maris qui soient fidèles? Et il ajouta, avec une bonhomie malicieuse: tenez, je vous parie que vous-même, vous avez fait vos farces. Voyons, la main sur la conscience, est-ce vrai?. Le baron s’était arrêté, saisi, en face du prêtre qui continua:” et oui, vous avez fait comme les autres. Qui sait même si vous n’avez pas tâté d’une petite bobonne comme celle-là ? Je vous dis que tout le monde en fait autant. Votre femme n’en a pas été moins heureuse ni moins aimée, n’est-ce pas?
Le baron ne remuait plus, bouleversé. C’était vrai parbleu, qu’il en avait fait autant, et souvent encore, toutes les fois qu’il avait pu; et il n’avait pas respecté non plus le toit conjugal; et quand elles étaient jolies, il n’avait jamais hésité devant les servantes de sa femme! Etait-il pour cela un misérable. Pourquoi jugeait-il si sévèrement la conduite de Julien alors qu’il n’avait jamais même songé que la sienne put être coupable?
Afficher en entier"Et sa voix vous poursuit ; on croit l'entendre ; on voudrait fuir n'importe où, échapper à la hantise de cette maison. Il faut rester parce que d'autres sont là qui restent et souffrent aussi."
Afficher en entierComme on se trompe, chaque jour, sur tout le monde.
Afficher en entierDans le lit les souffrances s'étaient un peu apaisées, mais une angoisse affreuse étreignait Jeanne, une défaillance désespérée de tout son être, quelque chose comme le pressentiment, le toucher mystérieux de la mort. Il est de ces moments où elle nous effleure de si près que son souffle nous glace le cœur.
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