Extraits

Comment avait-il pu subir ce qu’il avait subi sans jamais se rebeller, pour la seule raison qu’il n’avait connu que la soumission, le silence, et sur sa bouche la main du vent qui régnait là-haut et dictait sa loi immuable, impitoyable aux bêtes et aux hommes ?

Ce fut le début d’une nuit de souffrance, inimaginable pour lui que la violence avait toujours désarmé, rendu incapable de se rebeller.

C'était la deuxième fois que Jean côtoyait l'humanité profonde et généreuse, et, après tous ces jours au cours desquels il avait souffert, il en était aussi bouleversé que lors de sa rencontre avec Fabre. Il aurait voulu l'expliquer à son hôte mais il ne trouvait pas les mots. Il se contentait de savourer ces moments que la douceur du soir rendait encore plus précieux, tandis que la nuit s'annonçait dans des souffles d'air un peu plus soutenus, exaspérant le parfum des feuilles.

- Va-t'en, dit Fabre.

- Non, pas sans toi.

Jean tremblait: il ne pouvait pas s'éloigner de cet homme à qui il devait tant.

- Tu m'as promis, rappela Fabre.

- Je sais, mais je peux pas.

- J'ai ta parole, insista Fabre. Tu es un homme, aujourd'hui. Alors, montre-le moi.