Extraits

La fuite

J-112

Je ferme l'ordinateur portable, me lève et m'en éloigne, à reculons, sans le quitter des yeux.

«J'arrive», ma promis Kolpaki à la fin de la vidéo.

Je me cogne contre une chaise qui racle le parquet. Le bruit me fait sursauter.

«Achab qui tel Satan !» a hurlé mon grand-père avant qu'on le précipite dans la Méditerranée, pieds et poings liés.

«Vous avez tué un de mes hommes. Je tue un des vôtres.»

La voix de l'Ukrainien résonne dans mon crâne.

«Je tue un des vôtres.»

Sémiramis bondit sur la table et me regarde.

- Ce salopard a tué le Capitaine, je l'informe d'une voix blanche.

Elle demeure aussi immobile qu'une statue.

Je respire à fond. Je contrôle mes tremblements. La rage m'envahit, une rage glacée.

La rage et le sentiment d'urgence.

Si Kolpaki a enlevé le grand-père de la clinique Beau Rivage à Rochefort, il sait où il vivait avant. Il peut remonter la piste jusqu'à notre appartement de Garges-lès-Gonesse. Jusqu'à nous. Il arrive. Vraiment.

Je me précipite à la fenêtre. Une petite vieille attend sous l'abribus. Une voiture franchit le ralentisseur dans un bruit de casseroles. Un kéké la croise sur sa mobylette trafiquée.

- Il va venir ici.

La liste des priorités s'organise naturellement dans mon esprit. Récupérer Séraphin chez son copain. Nous mettre à l'abri.

Me venger.