Vaguedivague
Auteur
- Pablo Neruda (Écrivain)
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extrait
OUBLIÉ EN AUTOMNE
Il était sept heures et demie de l'automne et moi j'attendais peu importe qui.
Le temps, fatigué d'être là avec moi, peu à peu s'en est allé
et m'a laissé seul.
Je suis resté avec le sable du jour, avec l'eau, sédiments d'une semaine triste, assassinée.
Qu'y a-t-il ? - me dirent les feuilles de Paris -, qui attends-tu ?
Et je fus ainsi plusieurs fois humilié
d'abord par la lumière qui s'en allait, ensuite par les chiens, les chats et les gendarmes.
Je demeurai seul comme un cheval seul lorsque sur l'herbe il n'y a ni nuit ni jour, sinon le sel de l'hiver.
Je demeurai tellement sans personne, tellement vide que les feuilles pleuraient, les dernières, et ensuite tombaient comme des larmes.
Jamais avant ni après je ne suis resté si soudainement seul.
Et ce fut en attendant qui, je ne me souviens pas, ce fut bêtement, passagèrement, mais cela fut la solitude instantanée, celle qui s'était perdue sur le chemin et qui tout à coup comme sa propre ombre déroula son étendard infini.
Ensuite je m'en allai de ce coin de rue folle avec les pas les plus légers que j'eus, ce fut comme si j'échappais de la nuit ou d'une pierre obscure et rôdeuse.
Ce que je raconte n'est rien mais cela m'est arrivé lorsque j'attendais un jour je ne sais qui.
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Date de sortie
Vaguedivague
- France : 2013-06-06 - Poche (Français)
Activité récente
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Résumé
Pablo Neruda publie Estravagario, présenté en français sous le titre Vaguedivague, (le texte français est de Guy Suarès), en 1958. Il en parle comme d'une œuvre essentielle pour lui et insiste sur l'humour grave dont le rôle est d'exorciser la mort, voire de l'insulter avec la dérision qui minimise l'instant où la terre reprend ce qu'elle a donné.
Vaguedivague est, peut-on dire, une œuvre métaphysique, dans la mesure où elle tente l'esquisse d'une philosophie terrestre capable d'élucider l'existence. Neruda rassemble et sonde des souvenirs, des expériences, des voyages - réels et légendaires - et ne fait jamais que revenir là où le rocher, l'arbre, la vague océane et la lumière solaire s'unissent. Ce point d'équilibre c'est la terre de prédilection désertée en vain. Neruda confie à Vaguedivague ce cheminement de la terre vers la terre. Il s'agit donc aussi d'une œuvre profondément matérialiste, opérant d'inlassables retours à la matière et cherchant à unir l'animé à l'immuable, le mouvement et la fixité.
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