Extraits

— Tu vas rire, Alec.  

— Je ris toujours de toi.

Je récupère la photo de Liv, et tends celle que j’ai avec T. Nous deux, seulement tous les deux, ensemble, amoureux et loin de tous ces problèmes.

Alec saisit la photo qu’il regarde, il dévisage le cliché, essayant de chercher ce qui cloche.

    — Je suis censé rire de quoi ?

    — Je suis destinée à un vampire, Alec.

Le Hacker qui s’apprête à me la rendre arrête son geste.

    — Toi ? Sérieux ? Le père de ta fille est un vampire…

    — C’était ma cible.

Alec se met à rire. De bon cœur, et sincèrement. Je lève les yeux au ciel, récupère ma photo que je range. Je le regarde se marrer, je viens de lui servir une excuse toute prête pour qu’il me surnomme Buffy à vie.

— Alors, tu deviens quoi, Buffy ?

Voilà, nous y sommes.

Je bois une gorgée du liquide chaud. Ça va, le café n’est pas dégueu. Je pose la tasse au sol, évitons une scène. Du café près de ses joujoux vaut un drame !

    — Ne m’appelle pas ainsi, le Geek.

    — Tu chasses bien des vamps, à mes yeux, tu es toujours Buffy… mais toujours en… moins sexy.

    — J’étais sexy à souhait lorsqu’on couchait ensemble.

T à chris :

  — T’as un problème ? je demande, excédé.

    — Non, dit-il, je devrais même te remercier, je crois. Grâce à toi et Sonny, je n’ai même plus besoin d’aller au cinéma, vous êtes un vrai festival à vous seuls. Drame, action, comédie et même porno !

J’attrape ce crétin par le col de son tee-shirt avant de le soulever pour le plaquer violemment contre le mur.

    — Je serais toi, je ferais attention qu’on en vienne pas au film d’horreur avec toi dans le rôle de la blonde qui court et hurle dans tous les sens avant de se faire tuer.

J’ouvre la porte, et entre dans la chambre rose. Le mur avec les photos est nettement plus décoré que le jour de son arrivée ici, tout est étrangement bien rangé… sauf le rocking-chair près de son berceau, je vois où T dort, il y a un oreiller et une couverture. A mon avis, même ma fille ne dormait pas dans son lit, mais contre son père, à l’abri de tout.

Je sens mes yeux se noyer de larmes au fur et à mesure que je m’approche du berceau, mon cœur s’emballe lorsque je la vois. Ma fille tout petite, mais qui a grandi à mes yeux. Dans son body « j’aime mon papa », avec sa tétine rockeur, ses cheveux ont poussés. Elle a les yeux ouverts, je pense que nous l’avons réveillé avec nos cris.

- Hey, mon bébé…

Liv ouvre la bouche pour me sourire, elle perd sa tétine, mais ne pleure pas pour autant. Elle tend les bras vers moi pour que je le prenne et fais résonner sa petite vois en faisant des bruts qui lui sont propres.

Dieu, ce qu’elle m’a manqué !

- Maman est là…

Je tends les bars pour récupérer mon bout de choux que je place contre ma poitrine, sa tête dans mon cou. Je l’embrasse son crane en la serrant contre moi. Je suis inonde par une puissante émotion, celle d’une mère. Ma fille, mon précieux mélange de T et de moi, ma part d’innocence, celle qui l’a fait grandir. Je l’aime autant que j’aime T, c’est indescriptible comme sentiment et la retrouver me bouleverse.

Je m’assoie sur le rocking-chair, tout en berçant Liv. ses yeux noirs dans les miens, elle est magnifique et moi, je vais m’effondrer d’ici peu.

Les larmes glissent toute seules sans que je n’aie le temps de m’en rendre compte. Je pleure sans retenue, ma fille contre moi, cet être si petit et sui est sous ma responsabilité. Cet être que je cherche corps et âme à protéger de ce monde. J’ai échoué et aujourd’hui, encore plus qu’hier, et bien moins que demain, je suis morte d’inquiétude pour son avenir.

- Pardonne-moi de vous aimer autant et d’être partie.

Je sens la tension se dégager de mes amis, Alec doit le fermer s’il ne veut pas se prendre une balle, l’Anglais à l’air à cran.

- Ferme ta gueule, Alec…, je lance au Hacker sans le regarder, mon attention se reporte sur Sasha, T et Pete. Comment vous m’avez trouvé ,

Sasha s’apprête à me répondre lorsque mon vampire décide de rompre son silence, faisant exploser un peu sa rage.

- Qu’est-ce que tu croyais ? que j’allais laisser ma fille grandir sans sa mère ?! c’est ça que tu pensais ? merde, Sonny !

- - ah ça doit être ton mec, Buffy…

T et moi nous retournons vers Alec, même les mains sur la tête, un flingue le menaçant, il reste toujours aussi pénible. J’entends un grognement agacé de la part de T, et ça… ce n’est pas bon.

Mon vampire perd son calme, tellement vite que personne n’a le temps de réagir.

- T’es qui toi, t’es qui pour appeler ma femme par des petits surnoms ?

-

- T attrape Alec par les pans de sa veste en cuir, il le relève d’un bond.

- T’ES QUI DANS TOUTE CETTE HSITOIRE ?!

- Oh, oh, Dracula, on se calme !

- T’ES QUI ?! PARLE OU JE T’EN METS UNE !

- T, je hurle, lâche-le !

Mon vampire se tourne vers moi. Son regard est mauvais et je sais ce qu’il pense. C’est la destinée qui le rend aussi tendu, la jalousie de me voir en défendre un autre, plus ce que je lui ai fait en partant, le cocktail doit donner… il frappe Alec qui tombe dans la boule, avant de s’approcher de moi. Pete tente de la rattraper, mais il l’envoie bouler.

- Alors comme ça, tu nous abandonnes, tu pars faire ta petite traque toute seule, et quand je le retrouve enfin, je trouve accompagné d’un Ken blond aussi con ?

- Il m’aide…

- T se montre du doigt, explose pour de bon, et décide de me dire ce qu’il a sur le cœur depuis mon départ. Ce n’est pas le moment pourtant, mais je ne peux pas lui en vouloir.

- C’ETAIS MON ROLE DE T’AIDER SONNY !

Ses réactions m’agacent. Il a de droit être en colère, je ne lui reproche pas, mais tant qu’il n’a pas ma version, il ne peut pas porter de jugement.

- Non ! ce n’était pas ton rôle justement ! tu ne connais rien de mon monde ! cette Traque te dépasse, tu veux seulement te venger de la mort d’Harold, et je le comprends, mais…

- Ne mêle pas Harold à ça ! ne m’accuse pas seulement de vouloir me vengé…

Je l’interromps aussi en m’approchant de lui, manquant de laisser tomber le sac avec la bombe au sol. Rebecca se jette pour me le prendre, et je comprends, au fond de moi, que tout est fichu. Mais T explose, alors moi aussi. Et les mots risquent de dépasser certainement notre pensée.

- Pourtant c’est ça qui te motive ! tu te fous royalement des chasseurs !

- Tu n’as pas le droit de me dire ça, pas après tout ce que j’ai fait…

- T, mon pote ce n’est pas le moment de régler vos comptes. On doit partir avant de se faire refaire…

Pete vient calmer T, il pose une main sur son épaule, et je m’en veux d’être en colère contre T, mais il ne veut pas comprendre. Je comprends ce qu’il se passe réellement lorsque les deux membres de ma famille reculent et que Chris et Gavin s’approchent de moi.

J’inspire profondément, mettre un pied dans la tombe peut parfois nous faire comprendre ce qu’est le plus important, T et Liv, Ma, et les autres, sont ceux que j’aime, ils sont les plus importants. Et c’est pour eux que je fais ce que je m’apprête à faire.

- Tu peux le faire, je souffle.

Je tends la main sur la poignée pour l’ouvrir, quand un cri surgi de nulle part me fige.

- SONNY !

Ma main se fige sur la poignée de la porte ; cette voix… je reconnais cette voix. Mon cœur s’arrête, je sens mon sang circuler à grande vitesse. C’est impossible que je l’entende ici, impossible… je ferme les yeux, refusant d’écouter les bruits de pas provenant de derrière moi, ils ne peuvent pas être là.

- Sonny, n’entre pas !

Cette voix aussi. Je la reconnais, elle est plus vieille, plus rauque, autoritaire… c’est Sacha. Est-ce que ma mémoire ma joue des tours ?

Je me retourne lentement pour voir de mes propres yeux le vide, ou bien une réalité que je n’aimerais pas rencontrer.

Mon rythme cardiaque s’accélère à nouveau, je sens quelque chose en moi se briser lorsque je le vois. Je regarde le père de ma fille, ma destinée, le vampire que j’aime plus que tout au monde et que j’ai quitté. Mon cœur s’arrête, la peur me gagne, le voir me déstabilise complètement. Qu’est-ce qu’il fait ici ?

- T… je murmure.

T se trouve devant mois, équipé comme un chasseur lors d’une mission dans des endroits froids, il retire le bonnet qu’il a sur le crâne, Pete est juste à côté, en tenue de commando noir, Sasha, Chris, Gavin, Rebecca sont là aussi. Tous immobiles devant moi.

Mais qu’est-ce qu’ils foutent ici ? Comment ont-ils réussi à …

- Oh putain…, murmure Pete en voyant mon sac.

Je sais ce qu’il voit, le décompte de la bombe qui n’est pas encore enclenchée, il dépasse du sac. Tout le monde s’arrête à la hauteur de mon amant et de notre ami. Chacun vient river son regard sur ce que je tiens dans les mains.

- Personne ne bouge, ordonne Sasha, en faisant un geste de la main. Sonny…

Je les dévisage. J’ai l’impression d’être choquée, je me sens totalement impuissante face à cette situation qui vient contredire mes plans. Ce n’était pas prévu, et cela ne me plait pas. J’avais tout fait pour qu’ils ne parviennent pas avant moi à Lowell…

- Comment vous avez fait…, je murmure, vous ne devriez pas être ici.

Je sens l’adrénaline me parcourir, et une forte émotion d’échec m’envahir.

- Qu’est-ce que tu comptes faire avec … ça ? demande d’une voix calme Rebecca, mais qui ne cache pas son inquiétude.

- Vous devriez partir, je poursuis.

Sasha fait un pas en avant et je le foudroie du regard, je resserre ma prise autour de mon sac.

- Sonny, est-ce que tu vas essayer de faire exploser ce bâtiment sans même avoir jeté un œil dedans ?

Sasha est comme à son habitude, calme dans une situation dangereuse. Mais je ne me dégonflerais pas. J’ai un objectif, une mission, je me suis préparée à ça, et mon corps et mes instincts de chasseuse ne me permettront pas de faire machine arrière.

- Je ferais ce que j’ai à faire, je réponds d’une voix sèche.

- - bon sang, on dirait un robot, lâche sèchement Pete, tu ne sais plus ce que tu fais justement !

Je quitte des yeux Sasha qui s’est un peu avancé pour croiser le regard froid de mon mai, il est à côté de T qui me dévisage impassible, comme choqué de ce qu’il voit de moi. Je ne sens pas ce qu’il ressent, mais je suis persuadé qu’il est fou de rage.

- Je n’ai jamais eu l’esprit aussi clair, Pete !

Un rire résonne dans la nuit… T. Je note à quel point il est en colère, cela se sent, cela se voit. J’aurai aimé que les choses soient différentes.

- Non, mais tu t’entends ?! lâche mon compagnon.

Nous nous retrouvons face à face, en plein milieu d’une colline boisée. Il fait très froid, et sombre, mais la grosse lampe qu’Alec pose au dol nous permet de voir. Il me tend le sac, et prend celui que j’ai.

- C’est là que nous nous disons peut être adieu, Buffy…

- Sans doute

Je glisse la lanière du sac autour de mon épaule gauche, et dévisage cet adorable, mais chiant roi de l’informatique. Il a toujours sa barbe de trois jours, ses cheveux blonds sont cachés par son bonnet, et ses yeux clairs me regardent avec compassion. J’ai impression qu’il a quelque chose à dire, mais qu’il n’ose pas le faire. Pourtant, habituellement, il ne se gêne de rien. Je soupire, et pose une main amicalement sur son épaule pour avoir son attention.

- Qu’est-ce qu’il se passe dans cette tête ? je demande.

Alec hausse les épaules en soupirant.

- Je continue de penser qu’il y a une autre façon de faire…

- Alec, nous sommes deux, que veut-tu que nous fassions ? je l’interromps. Je dois faire exploser ce bâtiment.

- - pas au péril de ta vie… tu as une petite fille…

Je le fais taire d’une geste de la main. Non, il ne doit pas me parler de ma fille, je ne dois pas penser à ce que je laisse, mais plutôt à ce qu’ils vont gagner une fois que tout ceci sera terminer. Une mère doit savoir faire des sacrifices, j’en fais un pour elle, pour qu’elle puisse grandir sans jamais avoir peur qu’un fou vienne s’en prendre à elle. C’est mon rôle, c’est ma façon de faire. J’écoute ce que mon instinct me dit. Je l’aime et je dois protéger ceux que j’aime.

- Ma fille comprendra.

Mon vampire se tient devant moi, à l’autre bout de la ruelle, figé. Mon cœur se serre, la proximité de ma destinée, celle que j’ai quittée pour mener à bien ma mission. Celle de les protéger et d’en finir avec Low, cela fait remonter en moi cette avalanche de sentiments que j’avais soigneusement enfouie à l’aide de mes instincts de chasseuses et sui ressortent soudainement. La douleur de l’éloignement, de la perte, le manque, l’inquiétude, la peur, tout ressurgit, ainsi que la colère du choix que j’ai fait. Tout vient me frapper de plein fouet.

T me dévisage, immobile, je remarque qu’il est seul… pour le moment. Il ne bouge pas, tout comme moi, sans doute abasourdi de me retrouver là, devant lui. Je ne me demande même pas à cet instant comment il a fait pour qu’on se retrouve nez à nez.

J’ai mal, et la douleur ne fait qu’accroitre lorsque celle de T ma parvient. Elle me coupe la respiration, me faisant suffoquer.

Bons sang… c’est moi qui ai fait ça ? C’est moi qui lui fais autant de peine ?

Mon corps se met à trembler de peur. J’ai peur, je ne suis pas en mesure de l’affronter, je dois partir, dans son propre intérêt.

J’ignore si le vampire anticipe mes gestes, mais ce qu’il me hurle, me fait comprendre qu’il me connait plus que je ne le pense. A moins que notre lien se soit remis en état de marche, et qu’il puisse ressentir ce besoin viscéral que j’ai de les protéger.

- TU N’AS PAS LE DROIT DE FUIT ! TU N’AS PAS LE DROIT DE NOUS FAIRE CA !

T commence à faire un pas vers moi, et la panique m’envahit. Je dois partir maintenant, avant qu’il ne s’approche plus, avant qu’il ne rende les choses davantage difficiles. Je ne dois surtout pas lui parler, ma voix me trahirait.

- Je suis désolée, je soupire.

Je sais qu’il ne peut pas m’entendre, mais je ne peux pas faire plus. Je sais que mon geste va profondément le blesser.

- SONNY ! hurle T, la vois rempli de colère et de douleur en tombant à genoux.

Je ferme les yeux en détournant le regard. Je ne peux pas le voir, voir sa souffrance, la colère qu’il a envers moi. Je serre davantage les paupières pour ne pas avoir à pleurer. J’ai mal, terriblement mal. Je me mets à courir pour atteindre plus vite la porte passagère du fourgon où se trouve Alec. Je veux partir d’ici, je ne veux pas être près de lui sachant que je ne peux pas rester.

Je claque la porte, et trouve un Alec surpris de me voir débarquer ainsi.

- Sonny, qu’est-ce qui…

- DEMARRE ! je hurle

Sonny à Pete :

    — Je réfléchis à notre avenir, Pete, et je pense que tout va se jouer dans trois jours lorsque nous retournerons à leur repaire. Mais puisqu’on en est au pré-règlement de compte, laisse-moi te dire une chose ;  si tu n’étais pas immortel et si tu n’avais pas la garantie de revenir vivant de ce futur raid, est-ce que tu aimerais que ta relation reste aussi indécise avec Amy ? Quand est-ce que tu vas arrêter de jouer au con ? C’est beau de me faire des reproches, Pete, mais le peu que j’ai vu de toi et d’Amy, je sais que tu fais tout de travers. Elle n’est pas Kim, elle ne la remplacera pas. Amy est Amy et que ça te plaise ou non, elle t’aime, alors arrête d’être un connard et assume. Il faut avancer dans la vie, Pete, et toi tu recules sans cesse.

Pete me dévisage perplexe et confus. Oh, il peut l’être, mais il n’a pas à jouer les innocents, il sait très bien de quoi je veux parler.

 — Merci pour tes conseils, Pete, sache que je compte m’expliquer vraiment avec T, pour tout remettre dans l’ordre avant ce Raid, tache d’écouter les miens et de faire pareil. Le jeu en vaut la chandelle et tu mérites enfin qu’on t’aime.

    — Hé, Sonny ?

Je me retourne, pour faire face à Alec qui a les mains dans les poches de son bas de pantalon.

    — Reviens en vie, et tu pourras lui dire à ton vamp que sa Buffy n’est qu’une petite conne égoïste.