Extraits

"Les Violons du Roy nous font l'honneur de leur présence ce soir. On dit que les vrais artistes doivent être prêts à tout sacrifier à leur art. Si les castrats italiens renoncent à leur virilité pour préserver la pureté de leur voix, c'est la jeunesse que les Violons du Roy sacrifient à leur musique envoûtante !"

[...]

"Vous connaissiez le charme capiteux des roses vampyriques, poursuit Lucrèce. Sachez que les violons vampyriques sont plus ensorcelants encore ! Une merveille façonnée par les Ténèbres ! Chaque violon est taillé dans un érable qui a été quotidiennement arrosé du sang d'un musicien, depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte. Ainsi, l'arbre et l'homme ont grandi ensemble -que dis-je, les forces vitales de l'homme se sont transférées dans l'arbre ! Après vingt ans de ce régime, un luthier certifié par la Faculté a sculpté dans la précieuse essence un instrument unique. Il ne peut être joué que par le musicien qui l'a abreuvé de son sang. Bien sûr, le violoniste meurt prématurément, au bout de quelques années. Mais je vous assure que le son qu'il tire de son instrument en vaut la chandelle !" Lucrèce sourit en regardant les malheureux qui sont promis à payer le prix ultime pour un talent si éphémère.

"Qui peut me dire ce qu'est une rose vampyrique ?" demande Lucrèce, confirmant ma sinistre intuition.

Fidèle à son habitude, Françoise des Escailles est la première à lever la main :

"C'est une fleur se nourrissant du sang des mortels !" s'exclame-t-elle avec une telle énergie que la queue de sa toque en castor lui retombe sur le visage, renversant ses besicles.

Quelques exclamations étouffées résonnent - "Fayotte !" ; "Lèche-bottes !" ; "Binoclarde !" -,ponctuées de rires feutrés. Mais pas du mien.

Une fleur buveuse de sang ? Quelle idée abominable !

" Quelle idée ridicule elle s'est mise dans la tête ! Comment pourrais-je éprouver quoi que soit pour Tristan, alors alors qu'il n'est qu'une carte dans mon jeu ? "

" Je suis en face d'un mort plein de vie. C'est le paradoxe des vampyres, une idée qui pour moi n'était qu'une abstraction jusqu'à présent, mais qui ce soir devient horriblement concrète. "

" Là, pour la première fois de mon existence, je me trouve à quelques mètres de l'une de ces créatures, qui à la fois m'effraient, me dégoûtent... et me fascinent. "

" Ils vivaient et mouraient comme des êtres humains, alors que le Roy des Ténèbres baigne son corps immortel dans le sang des Français ! "

Je la hais tout entière, cette maudite Cour qui se rit du peuple.

Si vous pensez qu'une souris est stupide, je peux vous dire que vous avez tord, car celles de mon château déjouaient tous les pièges. En revanche, il faut de la patience pour faire la conversation à une dinde - fût-elle la fille de l'empereur du poulet. Notre échange, je crois, vient de le prouver.

La liberté ou la mort, dit la devise gravée au creux du couvercle.

J'ai choisi la mort.

Parce que la liberté n'a pas de sens dans un monde dépeuplé de tous les miens.

Parce que la mort est le prix à payer pour tenter d'éradiquer le principal responsable de leur disparition : l'immuable

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« Détournez donc vos yeux, monsieur, ils sont trop mal polis pour que je m’y contemplasse…quand bien même vous seriez le plus haut compte en place ! »