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— Qu’adviendra-t-il de notre enfant, s’il est immortel et que nous mourons, tous les deux ? Si tu restes vampire, tu seras toujours avec lui.
Elle vit sa mâchoire se crisper.
— Tous les enfants vivent plus longtemps que leurs parents. C’est dans l’ordre des choses. Cependant, notre fille aura Alexia et Ethan pur l’accompagner dans l’éternité.
— On dirait que ta décision est prise, en effet.
Il haussa les épaules.
— Je vais tout de même y réfléchir encore, attendre un peu. Ce qui ne peut pas attendre, en revanche, c’est notre mariage. Je veux que tu sois Mme Jean-Baptiste Corbin le plus vite possible.
— Je suis dentiste, lui rappela-t-elle. Je serai le Dr Corbin.
— En théorie, j’ai droit à ce titre, moi aussi, puisque j’ai fait des études de médecine dans les années 1860. Nous serons tous les deux Dr Corbin. Mais ce sera toi la plus jolie.
— Et toi le plus poilu.
Étourdie de joie, elle se sentait capable de toutes les gamineries, de tous les délires. Elle l’embrassa sur la joue, dans le cou.
— Je ne suis pas poilu ! se défendit-il.
— Fais voir, repartit-elle en tirant sur sa chemise et sur la boucle de sa ceinture.
— Ici ? Tout de suite ?
— Oui.
Alors c’est ce qu’il fit.
Afficher en entierGnagnagna, songea Rick en jetant un regard noir à Kelsey.
— Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que je me rende ? Même pas en rêve. S’ils me veulent, ils n’ont qu’à venir me chercher.
Il l’avait épousée. Il était revenu à Vegas. Il avait gagné vingt- cinq mille dollars d’un coup. Et ça ne lui suffisait pas. Qu’est-ce qu’elle voulait, encore ? Qu’il présente ses excuses au tribunal pour être parti? Jamais de la vie. Encore un peu et elle allait vouloir récupérer son boulot débile de secrétaire.
— Si tu te rends, plaida-t-elle, ils seront plus indulgents.
Elle faisait les cent pas en se mordillant un ongle.
Ils étaient au Hilton, là où Elvis avait séjourné. Il y avait plus fastueux, sans doute, mais Rick trouvait que c’était déjà bien agréable. N’empêche qu’elle n’avait même pas daigné le remercier. Elle ne faisait que se plaindre – d’avoir perdu son emploi, des affaires que Rick faisait avec Donatelli, de le voir fumer cigarette sur cigarette.
— Personne ne sera indulgent avec moi, poupée. Mets-toi bien ça dans ta petite tête de linotte.
Par défi, alors que les quatre dernières qu’il avait fumées laissaient encore un nuage dans la chambre, il alluma une autre cigarette.
Et cette garce lui arracha sa clope de la bouche. Son geste le choqua tellement qu’il n’essaya même pas de l’arrêter. Cependant, en la voyant l’écraser, il sentit monter sa colère.
— Là, tu pousses ! gronda-t-il.
— Écoute-moi, contra-t-elle en soutenant son regard, sans broncher quand il avança vers elle. Tu es en train de perdre les pédales. Il faut que tu te ressaisisses, Rick, et que tu reprennes le contrôle.
Afficher en entier— Entre nous, l’attirance a été immédiate. Vous voyez ce que je veux dire ? Le coup de foudre. Cela, c’était la vérité.
Les deux autres hochèrent la tête.
— Oui.
— Très bien : c’est ce que je ressentais quand Sue se penchait pour prendre les frites. J’avais l’impression que mon pantalon allait prendre feu.
— Exactement, confirma Jean-Baptiste en français. Oui, c’est exactement ça. Et nous éprouvions la même chose tous les deux. Alors nous sommes passés à l’action.
— Et..., le pressa Travis.
— Et, après, je ne lui ai pas reparlé pendant huit semaines.
Dit tout haut, cela faisait très grossier.
— Franchement...
— Merde.
Précisément.
— Et elle est venue me voir pour m’annoncer qu’elle était enceinte de moi. J’ai été pris un peu par surprise, c’est le moins que l’on puisse dire.
— J’imagine, fit Travis en secouant la tête. Alors, du coup, vous essayez de vous entendre pour le petit ? Bravo. C’est toujours mieux pour les enfants quand les parents s’entendent bien même s’ils ne sont pas ensemble.
— Hm... le problème, c’est que j’ai compliqué les choses. Après qu’elle m’a annoncé la nouvelle, je... enfin, nous avons recouché ensemble. Alors je me suis dit... Mais, maintenant, elle n’a plus l’air d’avoir envie de... de rien. Du coup, je ne sais pas si nous sommes ensemble ou séparés ni ce qu’elle attend de moi.
Leur mine horrifiée et compatissante était presque comique. Rien que d’avoir formulé ses craintes tout haut, il se sentait déjà mieux. Peut-être ces hommes, qui avaient certainement plus d’expérience que lui des femmes modernes, auraient-ils des conseils à lui donner.
— Tu es mal barré, commenta Jason.
— Que feriez-vous, à ma place ? demanda Jean-Baptiste en fronçant les sourcils.
— Je pleurerais, repartit Travis en souriant.
— Je partirais en courant, conseilla Jason.
Et ils éclatèrent de rire tous les deux.
Afficher en entier—C’est la première fois que tu tiens un bébé ? s’enquit Beth.
— Oui. Enfin, corrigea-t-il dans un deuxième temps, à part mon petit frère qui est né quand j’étais adolescent. Mais j’étais absent presque tout le temps puisque j’étais pensionnaire.
Et Edgar était mort de phtisie avant d’avoir atteint l’âge de dix ans, ce qui avait entraîné le déclin fatal de leur mère.
Il tapota prudemment le dos d’Austin.
— Plus fort, l’encouragea Beth. Il ne va pas se casser. Il faut être un peu plus ferme pour qu’il puisse faire sortir l’air.
Jean-Baptiste se racla la gorge et refit une tentative un peu plus appuyée, mais encore très prudente. Avec sa force de vampire, il ne voulait pas risquer de décoller la plèvre du bébé ou Dieu sait quoi.
— Fermement. Calmement. Près de lui, ordonna Beth en posant la main sur le bras d’Austin pour faire la démonstration et en posant un linge sur l’épaule de Jean-Baptiste.
Ce dernier inspira à fond et imita son geste doux mais ferme. Il fut aussitôt récompensé par un rot long et sonore venu du fin fond du ventre du bébé. Un peu choqué, il le détacha de son épaule pour évaluer les dégâts qu’une éruption de cette magnitude avait pu causer, mais l’enfant lui sourit d’un air ravi.
— Ça fait du bien ? lui demanda-t-il, sous le charme.
En guise de réponse, Austin poussa un cri strident.
— Maintenant qu’il est nourri, je vais m’éclipser, annonça Beth. Vous allez pouvoir parler de trucs de garçons et apprendre à le changer. Tu t’es très bien débrouillé, ajouta-t-elle avec un grand sourire.
— Vous allez le reprendre, non ? demanda Jean-Baptiste qui ne pouvait se résoudre à tutoyer une inconnue.
Affolé, il lui tendit son fils.
— Non, non. Tu le gardes. Sam va t’aider à le changer.
Sur quoi elle se retourna pour dire quelque chose à son mari.
C’était ce qui s’appelait se faire refiler le bébé, songea Jean-Baptiste.
Il reposa le petit sur son épaule et chercha de l’aide autour de lui. C’était Travis le plus près.
— Tu veux le prendre ? lui proposa-t-il en se forçant à adopter le tutoiement qui semblait être de mise. Puisque c’est ta femme qui doit accoucher la première...
L’intéressé secoua la tête d’un air dégoûté.
— Pas question. Il a la gerbe.
— Quoi ? fit-il avec inquiétude.
— Mais, à la vérité, il savait déjà ce que Travis voulait dire. Il sentait une chaleur humide sur son épaule. Austin avait manqué le linge. Il a vomi,précisa tout de même son voisin. Ça sent le caillé, mec.
Jean-Baptiste se sentit soudain plus proche d’Austin et de Beth Adams qu’il n’aurait voulu.
— Allez, prends-le, insista-t-il.
— Pas question, contra Travis en reculant sa chaise.
À tâtons, Jean-Baptiste prit le linge en partie humide sur son épaule et essuya la bouche du bébé tout en le maintenant précautionneusement de son autre bras.
— Il est malade ? s’inquiéta-t-il en examinant Austin.
En tout cas, il ne semblait pas avoir de fièvre.
— Nan. Je crois que les bébés font tous ça. Ils gerbent. Quand ils ont mangé.
— Génial, commenta Jean-Baptiste en essayant de s’essuyer l’épaule.
— Je vais le prendre, proposa Dave en tendant les bras d’un air émerveillé.
Jean-Baptiste lui passa l’enfant avec reconnaissance.
— Je vais essayer de nettoyer un peu mon polo, annonça t-il.
— Dépêche-toi, lui conseilla-t-il en faisant des mimiques au bébé qui se mit à rire. On va parler de sexe, après la pause. Il ne faut pas que tu loupes les mauvaises nouvelles.
— Je meurs d’impatience, marmonna Jean-Baptiste entre les dents en se levant pour sortir.
Afficher en entier— Je peux te dire tout de suite que, si toi et moi dormons dans le même lit, il n’y aura pas d’enfant avec nous ! Jamais. Sous aucun prétexte. Si nous vivons ensemble et que tu décides de prendre notre enfant dans ton lit, je ne m’y opposerai pas, mais tu ne parviendras jamais à me convaincre que ce genre de chose est nécessaire ni même utile. Je n’ai rien à dire de plus sur le sujet.
Bien. Le vampire français avait parlé. Le sentiment d’abandon ne faisait pas partie de ses préoccupations. C’était noté.
— Eh ! Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ! l’accusa- t-il. Je ne veux surtout pas que notre enfant se sente abandonné. Tant qu’il vivra, je l’aimerai et je ferai tout mon possible pour le protéger.
Ses derniers mots firent oublier à Brittany combien il était énervant qu’il lise aussi facilement dans ses pensées.
— Jean-Baptiste... je viens de prendre conscience que tu ne mourrais jamais. Le bébé et moi, nous vieillirons et nous mourrons, tandis que toi, ma soeur, Ethan, Seamus, Cara, vous êtes éternels.
Cette pensée la désespéra soudain. Ils allaient vivre des siècles et des siècles sans elle.
— Un jour, je ne serai pour toi qu’un lointain souvenir. Tu seras jeune, sexy et tu sortiras avec une Sud-Américaine au charme exotique quand je serai morte et enterrée depuis longtemps.
Elle se mit à renifler. Zut ! Ces histoires d’hormones étaient donc bien vraies. Elle ne pouvait se retenir de pleurer.
Jean-Baptiste laissa échapper un juron. Il se sentait affreusement coupable. De la grossesse de Brittany. De ses pleurs. Des guerres et de la faim dans le monde. Des souffrances humaines. De tout. Les larmes d’une femme ne laissaient jamais de le bouleverser – surtout quand il s’agissait de Brittany d’ordinaire si enjouée, si gaie, si gentille. C’était lui qui l’avait mise dans cet état en lui faisant comprendre que sa soeur lui survivrait bien longtemps.
Ce n’était sans doute pas le moment de lui révéler que leur enfant ne mourrait jamais non plus, qu’il allait très probablement naître immortel – non pas vampire, car il n’aurait pas besoin de sang, mais pas mortel non plus. En fait, la seule qui mourrait, dans cette équation, ce serait Brittany. Et cette pensée était troublante à l’extrême. Les premières années de sa vie de vampire, Jean-Baptiste avait perdu tant d’êtres chers qu’il avait fini par s’isoler, par se concentrer sur ses recherches en évitant toute relation. Sauf que, là, il avait replongé de plus belle.
Afficher en entierIl lui proposa de s’asseoir dans le fauteuil de daim gris à côté du lit, mais elle fit non de la tête.
— Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda-t-il sans pouvoir résister à la tentation de repousser ses cheveux de son front.
Elle n’avait vraiment pas l’air bien, songea-t-il de plus en plus soucieux.
— Jean-Baptiste... je suis enceinte, balbutia-t-elle en le regardant un instant dans les yeux avant de baisser la tête.
— Pardon ?
Elle avait parlé si vite qu’il avait dû mal comprendre.
De nouveau, elle plongea son regard sombre qu’il trouvait si séduisant dans le sien.
— Je suis enceinte. Je vais avoir un bébé.
Ce n’était pas très agréable à entendre. D’accord, il ne lui avait pas parlé depuis la nuit où ils avaient fait l’amour, sauf quand elle avait été malade, mais il avait été assez bête pour croire qu’elle éprouvait la même chose que lui – que, elle aussi, leur rencontre l’avait bouleversée. Lui, il n’avait pas regardé une autre femme depuis huit semaines, alors qu’elle était déjà tombée dans les bras, dans le lit d’un autre. Il n’était pas inoubliable, apparemment.
— Ah. Cela explique les vomissements.
Comme à chaque fois qu’il était contrarié, son accent français devenait plus fort.
— Les nausées matinales, c’est ça ? ajouta-t-il. Eh bien je te souhaite d’être très heureuse.
Elle pâlit et fronça les sourcils.
— C’est tout ce que tu as à dire ?
Il se mit à se balancer d’un pied sur l’autre, mal à l’aise. Vu la situation, il ne voyait pas qu’ajouter.
— Prends soin de toi, fit-il tout de même poliment.
— Hein !
Les larmes qui se mirent soudain à couler sur les joues de Brittany flanquèrent une trouille bleue à Jean-Baptiste. Qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’as pas envie d’avoir un bébé ? Et d’abord, pourquoi était-ce lui qui était là, au comble de la gêne, à lui tapoter bêtement le bras ? Où était le père de l’enfant ?
— Si, j’en ai envie, moi. Et je pensais bien faire en venant te prévenir que tu allais avoir un bébé, mais on dirait que je perds on temps. Que tu t’en fiches pas mal !
Jean-Baptiste l’écouta, puis se répéta mentalement sa tirade. Voulait-elle dire...
— C’est moi le père ?
— Pff. Évidemment ! s’exclama-t-elle en s’essuyant le visage. Qui veux-tu que ce soit ? Tu es le seul homme avec qui j’aie couché depuis six mois.
Ah, voilà qui était mieux. Au moins, elle ne l’avait pas trouvé si piètre amant qu’elle ait éprouvé le besoin d’aller voir ailleurs. Toutefois, cela signifiait également...
— Mon Dieu ! Tu vas avoir un bébé ? Notre bébé ?
— C’est ce que j’essaie de te faire comprendre.
Jean-Baptiste avait besoin de s’asseoir. Il avait aussi besoin d’un verre. Il fallait qu’il réfléchisse à tout cela. Seigneur. Un bébé ? Une petite créature sans défense, mortelle, qui pleurait ? Qui aurait la moitié de ses gènes et la moitié de ceux de Brittany ? Cela semblait impossible. Ils n’avaient couché ensemble qu’une fois. Sauf qu’il n’avait songé ni à mettre un préservatif ni à se retirer au moment crucial. Au contraire. Il avait pris un plaisir inouï à exploser tout au fond de Brittany. Ce souvenir suffit d’ailleurs à réveiller son désir inopportunément.
— Tu en es certaine ?
— Oui, Jean-Baptiste, j’en suis certaine, confirma-t-elle en soupirant.
— Il faut dire que nous ne nous sommes pas protégés, convint-il en s’efforçant de faire le lien entre la situation et ce qui était arrivé.
— Non. Mais je ne savais pas que tu étais fertile, souligna-t-elle.
Il fronça les yeux, vexé.
— Bien sûr que je suis fertile ! Je reste un homme et, chez moi, tout fonctionne normalement, non ? De ce point de vue, je suis semblable aux mortels.
Brittany ne put se retenir de sourire. Blessé dans son orgueil viril, scandalisé, Jean-Baptiste faisait plus français que jamais.
— Oh, oui, assura-t-elle, tout fonctionne normalement.
Mieux que cela, même. En cinq minutes, il lui avait donné plus de plaisir que certains hommes en six mois de relation. Elle n’était pas près de l’oublier.
— Absolument, répondit-il en hochant la tête.
Brittany n’aurait su dire comment il prenait la nouvelle. Il n’avait pas l’air en colère, en tout cas. Surpris, certes, mais c’était tout. Oh, ce qu’il était mignon. Elle avait presque oublié combien il était irrésistible avec ses cheveux couleur de caramel et ses yeux d’un vert profond.
— D’ailleurs, ajouta-t-il en se frottant le menton, je te dois des excuses. Tout est de ma faute et j’en accepte l’entière responsabilité. Je vais t’épouser.
D’un coup, Brittany ne le trouva plus craquant du tout.
— Quoi !
Elle avait imaginé toutes les réactions possibles, sauf celle-ci. Il avait fumé la moquette, s’il croyait qu’elle allait l’épouser uniquement parce qu’il l’avait mise enceinte. Et puis qu’est-ce que c’était que cette demande en mariage ? Non mais, franchement...
— C’est la meilleure solution, insista-t-il en hochant la tête comme si tout était réglé. Nous allons nous marier et engager une nurse pour s’occuper du bébé.
Afficher en entier-Eh bien, ce n'est pas la grippe.
Brittany Baldizzi regarda sa généraliste revenir dans la pièce en glissant ses cheveux derrière son oreille. Plus que perplexe, elle restait assise au bord de la table d'examen.
-Un ulcère, alors? avanca-y-elle. Cela fait de semaines que j'ai des nausées horribles.
-Non plus, répondit le Dr Hprkins en souriant. Vous êtes enceinte.
-Pardon?
Il sembla à Brittany que tout blanchissait autour d'elle. Ses oreilles se mirent à bourdonner.
-Enceinte? répéta-t-elle. Mais je ne peux pas être enceinte! Non. Impossible.
-Vous n'avez pas eu de rapports sexuels? demanda le médecin avec un haussement d'épuales contrit.
-Non. Aucun
Mais comment avait-elle pu se retrouver enceinte?
Le Dr Hopkins haussa les sourcils d'un air intérrogateur.
-Vraiment aucun?
Bon, d'accord. Ce n'était pas tout à fait vrai.
-Hm. Pratiquement. Un seul au cours des six derniers mois.
Et cela ne comptait pas puisque c'était avec Jean-Bastiste Corbin, qui était un vampire.
-Il suffit d'une fois
Normalement, oui. Avec un homme normal. Un mortel.
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