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Soleil, rends-moi semblable à Vendredi. Donne-moi le visage de Vendredi, épanoui par le rire, taillé tout entier pour le rire. Ce front très haut, mais fuyant en arrière et couronné d'une guirlande de boucles noires. Cet œil toujours allumé par la dérision, fendu par l'ironie, chaviré par la drôlerie de tout ce qu'il voit. Cette bouche sinueuse aux coins relevés, gourmande et animale. Ce balancement de la tête sur l'épaule pour mieux rire, pour mieux frapper de risibilité toutes choses qui sont au monde, pour mieux dénoncer et dénouer ces deux crampes, la bêtise et la méchanceté...

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Et je suis entré en solitude, comme on entre tout naturellement en religion après une enfance trop dévote, la nuit où la Virginie a achevé sa carrière sur les récifs de Speranza. Elle m'attendait depuis l'origine des temps sur ces rivages, la solitude, avec son compagnon obligé, le silence...

Ici je suis devenu peu à peu une manière de spécialiste du silence, des silences, devrais-je dire. De tout mon être tendu comme une grande oreille, j'apprécie la qualité particulière du silence où je baigne.

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Il se leva et regarda la mer. Cette plaine métallique, clouée déjà par les premières flèches du soleil, avait été sa tentation, son piège, son opium. Peu s'en était fallu qu'après l'avoir avili elle ne le livrât aux ténèbres de sa démence. Il fallait sous peine de mort trouver la force de s'en arracher. L'île était derrière lui, immense et vierge, pleine de promesses limitées et de leçons austères. Il reprendrait en main son destin. Il travaillerait. Il consommerait sans plus rêver ses noces avec son épouse implacable, la solitude.

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Tous ceux qui m'ont connu, tous sans exception me croient mort. Ma propre conviction que j'existe a contre elle l'unanimité. Quoi que je fasse, je n'empêcherai pas que dans l'esprit de la totalité des hommes, il y a l'image du cadavre de Robinson. Cela suffit - non certes à me tuer - mais à me repousser aux confins de la vie, dans un lieu suspendu entre ciel et enfers, dans les limbes, en somme... Plus près de la mort qu'aucun autre...

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C'est alors qu'une statue de limon s'anima à son tour et glissa au milieu des joncs. Robinson ne savait plus depuis combien de temps il avait abandonné son dernier haillon aux épines d'un buisson. D'ailleurs il ne craignait plus l'ardeur du soleil, car une croûte d'excréments séchés couvrait son dos, ses flancs et ses cuisses. Sa barbe et ses cheveux se mêlaient, et son visage disparaissait dans cette masse hirsute. Ses mains devenues des moignons crochus ne lui servaient plus qu'à marcher, car il était pris de vertige dès qu'il tentait de se mettre debout. sa faiblesse, la douceur des sables et des vases de l'île, mais surtout la rupture de quelque petit ressort de son âme faisait qu'il ne se déplaçait plus qu'en se traînant sur le ventre.

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Lire la Bible, c'est monter au sommet d'une montagne d'où l'on embrasse du même regard toute l'île et l'immensité océane qui la cerne. Alors toutes les petitesses de la vie sont balayées, l'âme déploie ses grandes ailes et plane, ne connaissant plus que des choses sublimes et éternelles.

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Il est écrit qu'on n'entre pas dans le Royaume des Cieux, si l'on ne se fait pas semblable à un petit enfant. Jamais parole d'Evangile ne s'est appliquée plus littéralement. La grotte ne m'apporte pas seulement le fondement imperturbable sur lequel je peux désormais asseoir ma pauvre vie. Elle est un retour vers l'innocence perdue que chaque homme pleure secrètement. Elle réunit miraculeusement la paix des douces ténèbres matricielles et la paix sépulcrale, l'en deçà et l'au-delà de la vie.

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Or c'était sous cet aspect que Robinson revivait le souvenir de sa mère, pilier de vérité et de bonté, terre accueillante et ferme, refuge de ses terreurs et de ses chagrins. Il avait retrouvé au fond de l'alvéole quelque chose de cette tendresse impeccable et sèche, de cette sollicitude infaillible et sans effusions inutiles. Il voyait les mains de sa mère, ces grandes mains qui jamais ne caressaient ni ne frappaient, si fortes, si fermes, aux proportions si harmonieuses qu'elles ressemblaient à deux anges, un fraternel couple d'anges oeuvrant ensemble selon l'esprit.

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Chaque matin, en allant à l'école, je passais devant un certain soupirail dont l'haleine chaude, maternelle et comme charnelle m'avait frappé la première fois, et me retenait depuis, longuement accroché aux barreaux qui le fermaient. Dehors c'était la noirceur humide du petit jour, la rue boueuse, avec au bout l'école hostile et les maîtres brutaux. A l'intérieur de la caverne dorée qui m'aspirait, je voyais un mitron - le torse nu et le visage poudrés "à frimas" - pétrir à pleins bras la masse blonde de la pâte. J'ai toujours préféré les matières aux formes. Palper et humer sont pour moi des modes d'appréhension plus émouvants et plus pénétrants que voir et entendre. Je pense que ce trait ne parle pas en faveur de la qualité de mon âme, mais je le confesse bien humblement. Pour moi la couleur n'est qu'une promesse de dureté ou de douceur, la forme n'est que l'annonce d'une souplesse ou d'une raideur entre mes mains. Or, je ne concevais rien de plus onctueux ni de plus accueillant que ce grand corps sans tête, tiède et lascif, qui s'abandonnait au fond du pétrin aux étreintes d'un homme à demi nu. Je le sais maintenant, j'imaginais d'étranges épousailles entre la miche et le mitron, et je rêvais même d'un levain d'un genre nouveau qui donnerait au pain une saveur musquée et comme un fumet de printemps.

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Dans ses longues heures de méditations brumeuses, il développait une philosophie qui aurait pu être celle de cet homme effacé. Seul le passé avait une existence et une valeur notables. Le présent ne valait que comme source de souvenirs, fabrique de passé. Il n'importait de vivre que pour augmenter ce précieux capital de passé. Venait enfin la mort : elle n'était elle-même que le moment attendu de jouir de cette mine d'or accumulée. L'éternité nous était donnée afin de reprendre notre vie en profondeur, plus attentivement, plus intelligemment, plus sensuellement qu'il n'était possible de le faire dans la bousculade du présent.

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