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Je grelotte de fièvre, et je ne peux pas me nourrir seule. Il me vient l'idée que je vais mourir. C'est cela, je vais mourir. Je suis heureuse à l'idée de cette mort, je serai libérée, je m'envolerai du Yémen pour toujours. À quoi sert de vivre ici, ce n'est pas une vie, c'est une mort lente.
Afficher en entier- Une fois dans les montagnes nous avons enfin rencontré des gens qui avaient entendu parler de vous .Ils vous appellent " les tristes sœurs du Maqbana " , parce que vous pleurez toujours . Ils sont parfaitement au courant de votre situation ici .Ils nous ont dit que les hommes du village ne vous laissent pas partir ....
Afficher en entierMaman m'écrit ; " Je suis devenue folle , et j'ai crié après lui :" Comment as- tu pu faire cela ? Ce sont des enfants , des bébés ! Elles sont à moi .Et ce sont aussi tes filles , et tu les as vendues !
Il paraît qu'il a souri en disant ;
- Prouve -le ...
- J e vais les faire revenir !
Et il se moquait d'elle , il lui riait en pleine figure :
-Tu peux toujours essayer ;Tu n' arriveras à rien ;elles sont parties comme les deux autres !
Afficher en entier- Regarde ma main...
Sa main est couverte de cicatrices.Nadia a la peau sensible , fine , la moindre piqûre de moustique trop grattée s'est transformée en cicatrice indélébile .
Mais il y a pire , des traces de brûlures
. -Gowad m'a forcée à mettre ma main dans le feu pour les chapatis .Toute ma main a brûlé , je n'avais plus de peau .
Elle résiste mal , je le savais bien , à la dureté des tâches qu'on nous impose .
Afficher en entier- Qu'est-ce que je fait là ? Sur ce lit dur comme un caillou , dans cette chambre qui sent la bouse de vache...Ce n'est qu'une aventure , je ne resterai pas dans ces lieux bizarres très longtemps.
Afficher en entierIls m'ont fait prisonnière de cette horreur, je resterai libre dans ma tête, à jamais, malgré eux. Le temps n'a plus d'importance, les loups et les hyènes font un concert lugubre dans la nuit des montagnes. Ce sont eux qui hurlent à ma place.
Afficher en entierPatience, au milieu de la montagne, patience en broyant le maïs, en décrottant les vaches maigres et les moutons, patience en trimant comme un âne. Je suis maigre, et sèche, et grillée de soleil. Parfois la malaria me fait greloter la nuit. Parfois, le visage enfouie dans la coussin, je sanglote à en mourir. Patience pour ne pas mourir ici.
Afficher en entierPendant huit ans, je me suis accrochée. Huit ans durant lesquels, jour après jour, je me suis répété que j'allais sortir de ce village, qu'il n'y avait aucune raison pour que je reste prisonnière à jamais de ces sauvages. Huit ans.
Et je n'en étais qu'à mon troisième jour. Je n'avais pas encore seize ans, j'en avais vingt-quatre quand j'ai quitté le Yémen et ma prison. Mais j'ai survécu, avec deux idées fixes: l'espoir, et la haine, aussi puissantes l'une que l'autre. Elles m'ont aidée à ne pas mourir.
Afficher en entierElle n'a ni ma force physique, ni ma haine, cette haine qui me solidifie, jour après jour, et me fait tenir debout, devant cet homme borné. Un jour, il paiera. Je ne serai pas toujours une esclave.
Afficher en entier"Si je ne sors pas d'ici, personne jamais n'en sortira. Si je ne sors pas d'ici, je mourrai sous ce voile. "
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