Extraits

« — Je ne peux toujours pas sentir ses émotions, Cole. Sauf quand il est ivre.

— Il s’est retranché derrière un mur, observa Cole.

— C’est un euphémisme, Cole. Ce n’est pas un mur, c’est un foutu château, avec remparts et pont-levis.

Nick fit courir une main dans ses cheveux soigné, les ébouriffant nerveusement.

— Tout le monde me serine de lui laisser une chance. De le laisser venir à moi. Mais s’il ne le fait pas ? Personne ne veut me dire ce qui se passera s’il ne le fait pas. Ils semblent tous penser que cette fichue connexion entre deux compagnons est censée tout arranger.

Cole lui adressa un regard choqué.

— Nick ! Tu as toujours cru au lien d’accouplement. As-tu vraiment changé d’avis ? Même lorsque nous étions enfants, tu n’arrêtais pas de parler de ce futur compagnon, de quoi il aurait l’air, de comment tu le reconnaîtrais au moment où tu le rencontrerais. Tu savais déjà à l’époque que ce serait un mâle, presque aussi grand qu’un Alpha. Correspond-il à cette description ?

— Il est les deux à la fois, déclara Nick d’un ton plat. Seulement, je n’avais jamais envisagé qu’il ne voudrait pas de moi. »

— Tu as sérieusement besoin de prendre un bain.

Nick avait sincèrement oublié sa rencontre de l’aéroport. Il avait senti une rougeur envahir ses joues. Dieu seul savait ce qu’en avait pensé le père de Thayne ! Il sentait la sueur humaine et le sperme !

— Y a-t-il une salle de bain que je peux utiliser ? avait-il murmuré.

Seth s’était mis à rire et l’avait guidé dans le couloir.

— Par ici. Ne t’inquiète pas, Jeremiah est trop poli pour te parler de l’odeur. Couvrant ses yeux d’une main, Nick avait gémi.

«  Mes raisons de ne pas vouloir de compagnon m’appartiennent, Kasey. Tout le monde ne veut pas s’installer et produire quelques petits tout en ayant une vie parfaite. Et non, je ne ferais pas ça s’il y avait un autre choix, bon sang ! Je n’en veux pas et ça craint qu’il ne semble pas y avoir d’autre possibilité que de le laisser me prendre comme une chienne en chaleur et me revendiquer !

Un bruit provenant de l’avant de la grange leur fit tourner les yeux vers les portes pour voir Seth et Nick se tenant là. Le souffle de Thayne se coinça dans sa gorge devant la pure angoisse sur le visage de Nick, avant qu’elle soit dissimulée derrière une façade aussi dure que de la pierre. Nick tourna les talons et retourna vers la maison, laissant la porte grillagée claquer derrière lui. »

« Quand Nick se gara dans l’allée, il libéra son poignet, se tourna dans son siège, et releva les yeux vers lui.

— Merci.

— De quoi ?

Nick lui adressa un petit sourire.

— Tu n’as aucune idée de ce que tu viens de faire, n’est-ce pas ?

Thayne fronça les sourcils, perplexe et troublé. Qu’avait-il fait ?

— L’une des forces entre loups accouplés est la capacité de partager le fardeau de la douleur ou d’un traumatisme infligé à leur autre moitié. J’ai pu te sentir ici…

Il toucha sa poitrine, avant d’ajouter :

— … j’ai senti ton désir de m’aider à propos de Ryan. De calmer ma blessure.

— Si j’ai ce don, pourquoi ne l’ai-je pas utilisé à l’hôpital ? Ou lors de l’accident ? grinça Thayne.

— Parce que tu résistais au lien. Tu viens à peine de fissurer une partie des murs que tu gardes si serrés autour de toi. La connexion entre nous est de plus en plus forte, nous nous rapprochons. »

Ta mère est ma force, Thayne. Elle est mon tout. Le roc sur lequel je me repose, l’oreille qui m’écoute lorsque je n’arrive pas à trouver une solution pour un problème concernant la meute. Et plus que tout, elle me donne une raison pour me lever et faire face au soleil chaque jour de nos vies. Si quelque chose devait lui arriver, ce serait ternir sa mémoire et le fondement de notre lien que j’abandonne, que je m’allonge et cesse de vivre.

Nick ne prononça pas un mot en se dirigeant vers l’arrière de la maison. Thayne le regarda, se demandant si son cœur serait en mesure de le quitter maintenant qu’il en était venu à le connaître et à l’aimer. Le mot envoya un frisson glacial à travers son corps à toute vitesse. Il tomba à genoux là, dans l’entrée, sa poitrine si serrée qu’il avait l’impression qu’elle allait exploser. Quand son subconscient avait-il cédé et accepté Nick aussi complètement ?

Ses larmes forcèrent le passage et se répandirent sur ses joues, l’étouffant presque. Annie émit un petit cri de surprise et passa ses bras autour de lui. Il posa sa tête dans son cou et laissa ses larmes silencieuses tremper ses cheveux et son chemisier. Aucun son ne lui échappa après le premier cri. Lorsque ses épaules tremblèrent, il sentit des petites mains fines frotter son dos. Il aurait tout donné pour des mains plus grandes et calleuses, celles de Thayne.

« Le déclic de la porte qui se refermait brisa son calme. Il laissa tomber ses vêtements et s’écroula sur le sol pour enfouir son visage dans ses mains. Ses yeux brûlaient derrière ses paupières, mais il fut incapable de retenir ses larmes. Son cœur se serra si fort qu’il se demanda s’il n’allait pas éclater de douleur. Peut-être que ce serait mieux, pensa-t-il amèrement. »

Il avait l’impression qu’un nœud coulant était attaché autour de son cou et se resserrait un peu plus maintenant que l’heure de ses cauchemars approchait. Toute son âme serait mise à nu pour Nick, ses barrières abattues, ne laissant rien de caché. Il n’avait jamais compris comment on pouvait vouloir être avec quelqu’un sans pouvoir avoir au moins un peu d’intimité vis-à-vis de cette personne. Mais garder des secrets n’était pas la raison pour laquelle il refusait un véritable compagnon. Avoir une âme sœur vous rendait faible et vulnérable